05 avril 2016, 05 avril 2021: 5 ans de mandat présidentiel. C’est donc la fin d’un cycle électoral. C’est le cycle régulièrement, légalement et constitutionnellement retenu par les constituants béninois pour régir le temps de séquencement de la gestion politique de l’État. C’est également la durée à l’issue de laquelle sont remis à l’épreuve les sollicitants à la conduite de la chose politique au niveau de l’État. Et pourtant, ce 06 avril 2021, le Bénin est tombé dans un vide institutionnel inédit ; quasi absurde.
Faute du respect des règles républicaines, consensuelles et constitutionnelles.
Mais surtout à cause d’une volonté délibérée de conduire au forceps des réformes institutionnelles qui ressemblent plus à un braquage du pouvoir d’État qu’à la mise en œuvre d’un processus de restructuration du système politique béninois..
Par une démarche à la hussarde, l’Assemblée nationale en cours de mandat, et issue elle-même d’un scrutin législatif décrié, contesté et émaillé de graves violences, décide de proroger de 45 jours, le mandat finissant du Président de la République.
Sans aucune justification de fond y plaidant ; et de surcroît dans des conditions d’une opacité qui rajoute la suspicion à l’irrégularité de forme.
Voici donc le chef de l’État sortant qui se retrouve affublé d’un bonus de mandat controversé, et qui met tout le pays dans un fait accompli ubuesque.
Cérise sur le gâteux, c’est ce Président Patrice TALON qui s’était engagé , quoiqu’il advienne, à ne faire qu’un seul mandat, qui se retrouve dans un tripatouillage abscons, à rempiler pour un deuxième mandat organisé au-delà des temps réglementaires.
En football, on aurait parlé d’un penalty imaginaire concédé, sur un hors-jeu, dans des temps additionnels d’une montre d’arbitre corrompu. Trop pour un match qui annonce forcément une issue dégénérée.
Au-delà de toutes polémiques juridico-constitutionnelles, le mandat du Président sortant est arrivé à son terme, sans élection d’un nouveau Président.
A compter donc de ce 06 avril 2021, le Bénin est sans Président. Et pour mieux étaler la pagaille, le sortant à qui don de 45 jours a été fait, ne peut même pas s’en prévaloir, puisqu’il est candidat et à ce titre ne peut donc plus exercer quelque prérogative engageant le Pays. Par principe d’équité et d’égalité pour ses concurrents.
Le Bénin en est donc là, dans un vide institutionnel et une insécurité fonctionnelle.
Qu’on voudrait gérer le pays comme une épicerie à papa qu’on ne s’y prendrait pas mieux.
Quelle est la situation juridique et constitutionnelle du Bénin depuis ce 06 avril 2021 ?
Que vaudront les actes et les engagements pris, au nom du Bénin, par quelque pouvoir issu de ce cafouillage irresponsable ?
Le ton était donné par les levers de boucliers de différentes organisations et regroupements de politiques et de citoyens.
Ces alertes ont été renforcées par plusieurs décisions d’institutions supranationales comme la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. (CADHP)
Le Bénin amorce une nouvelle crise politique dont l’issue risque d’être plus dramatique cette fois-ci.
Si des décisions hardies et impératives n’étaient promptement prises.
Car la République n’est pas un territoire où des gangs s’affrontent et s’éliminent à coups de pratiques mafieuses pour conserver le pouvoir d’État.
Charly Teddy