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Opinion/Ce que reproche le Dr Fidèle Sonon à Me Robert Dossou

La réaction de Dr. Fidèle Sonon à l’analyse de la conférence publique de Me Robert Dossou soulève plusieurs points importants sur lesquels la rédaction de La Dépêche a choisi de revenir. Tout d’abord, il exprime son insatisfaction quant à la focalisation de Me Dossou sur la proscription des coups d’État, estimant que cette question est largement acceptée et qu’elle ne représente pas le défi actuel. Le Dr. Fidèle Sonon suggère que la question plus pertinente à poser devrait être pourquoi les coups d’État réapparaissent en Afrique après de nombreuses années de démocratie, et comment les prévenir efficacement. Car, affirme-t-il, «Il ne suffit pas d’être élu démocratiquement, il faut aussi et surtout gouverner démocratiquement pour garder toute sa légitimité et sa légalité». Lire l’analyse.

Le Dr. SONON regrette que Me Dossou n’ait pas, au cours de sa conférence de presse, abordé un aspect illégal des sanctions imposées, notamment la fermeture des frontières, et aurait souhaité que cela soit mis en évidence. Il estime que cette mesure est inhumaine.

Enfin, il reproche à Me Dossou d’avoir présenté une analyse partielle et partiale en ne soulevant pas le problème du double standard dans les décisions de la CEDEAO, où certaines sont ignorées impunément par certains pays membres, tandis que d’autres sont appliquées de manière stricte. Dr. SONON aurait également souhaité que Me Dossou suggère la révision du protocole additionnel de la CEDEAO pour y inclure l’assimilation des tripatouillages constitutionnels comme des coups d’État, ainsi que d’autres mesures visant à encadrer la pratique démocratique au sein de la communauté.

En somme, le Dr. Fidèle SONON souligne la nécessité d’une analyse plus complète et d’une réflexion sur des solutions plus globales pour faire face aux défis actuels de la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Dr. Fidèle SONON est Consultant en Management des Organisations

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CONFERENCE PUBLIQUE SUR LE NIGER

Me ROBERT DOSSOU DOIT MIEUX FAIRE

Le respectable professeur Robert  Dossou nous a fait un rappel magistral du principe de la proscription des coups d’Etat. Plus du 3/4 de son intervention à été consacré à la démonstration de cette proscription et il a fini par chuter sur la légalité des décisions prises par la Conférence des Chefs d’Etat.

Malgré tout le respect que je lui voue PERMETTEZ MOI DE MARQUER MON INSATISFACTION pour les raisons suivantes:

1- IL SEMBLE AVOIR TRÈS BIEN RÉPONDU A UNE QUESTION QUE PERSONNE N’A POSÉE

Le professeur Dossou a démontré avec éloquence et beaucoup de pertinentes références que le coup d’Etat est proscrit presque partout au monde. Il a parfaitement raison, sauf que la question qui se pose aujourd’hui n’est pas celle-là de mon point de vue. Sauf inattention de ma part, je n’ai entendu personne de sérieux soutenir que le coup d’Etat est une option légale d’accession au pouvoir dans un regime démocratique. Je n’ai, non plus, entendu personne poser la question de savoir si le coup d’Etat était légal. C’est pour cela que j’estime qu’il a répondu à une question que personne n’a posée.

Par contre, la question qui se pose (ou devrait se poser) aux intellectuels, aux politiques et aux chercheurs en général est: pourquoi la résurgence des coups d’Etat en Afrique après tant d’années de démocratie et comment faire pour les mitiger ou les empêcher durablement?

La question de l’explication (je ne parle pas de justification) des coups d’Etat en série est celle qui devrait nous préoccuper si vraiment nous sommes contre les coups d’Etat. Tenter d’expliquer les coups d’Etat, loin d’en faire l’éloge c’est plutôt un travail intellectuel de diagnostic pour mieux traiter le mal. Un faux diagnostic entraîne logiquement une fausse thérapie.

2- IL A DELIBEREMENT OCCULTÉ UN ASPECT ILLEGAL DES SANCTIONS IMPOSÉES

Dans la gamme des sanctions par gradation que lui même a su bien rappeler, il n’y a pas <la fermeture des frontières>. Au moins de ce point de vue il devait marteler qu’un aspect des sanctions est illégal et même inhumain. Sauf si l’intégralité de son intervention n’est pas posté, je ne l’ai pas entendu le dire. Or il a démontré avec éloquence comment l’intervention militaire est légal en se référant aux mêmes textes.

3- IL A FAIT UNE CONFÉRENCE PARTIELLE ET FORCEMENT PARTIALE

Il a rappelé avec force que les décisions des instances de la CEDEAO sont exécutoires dans tous les pays membres comme pour démontrer la légalité de la décision d’intervenir militairement au Niger.

Mais d’un intellectuel indépendant j’attendais qu’il relève au moins le double standard sur les les points suivants:

– pourquoi certaines décisions des mêmes instances sont ignorées impunement par des pays de la même communauté? En effet, Pourquoi certains États dressent-ils le mur de la souveraineté pour ne pas appliquer certaines décisions des mêmes instances de la communauté qui leur sont défavorables. Mais on s’empresse d’évoquer le devoir d’ingérence quand les fauteuils présidentiels sont menacés. Le Professeur précise que l’idée de réactiver l’ECOMOG comme mécanisme de défense communautaire existait avant le 26 juillet. C’est bien vrai. Mais défense contre qui ou quoi? Contre le terrorisme? Contre des soulèvements intérieurs et les coups d’Etat militaires internes? Le débat doit être fait.

– pourquoi une intervention militaire n’était pas décidée contre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso?

– *pourquoi pendant que la même CEDEAO levait les sanctions de fermeture de frontière contre le Mali elle en prend contre le Niger?

J’attendais du professeur d’aborder ces questions de double standard ou d’incohérence pour être plus complet sur la problématique.

4- ENFIN, DANS SES APPROCHES DE SOLUTION IL A MANQUÉ L’OCCASION DE SUGGERER LA REVISION DU PROTOCOLE ADDITIONNEL

Comme d’ailleurs l’envisageaient certains pays membres, le prof. aurait pu insister sur une révision des textes de la communauté pour y insérer l’assimilation des tripatouillages constitutionnels comme des coups d’Etat. On pourrait même songer à d’autres textes d’encadrement de la pratique démocratique au sein de la communauté pour éviter les dérives de gouvernance. Il ne suffit pas d’être élu démocratiquement, il faut aussi et surtout gouverner démocratiquement pour garder toute sa légitimité et sa légalité. Tel est mon point de vue.

Dr. Fidèle SONON

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