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Candide Azannaï persiste et signe: 

« A moins d’être un monarque moyenâgeux, on ne peut éditer ses rêveries affairistes en agenda de la République »

Comme annoncé, La Dépêche Afric-Info vous livre la deuxième partie de cet entretien à trois volets que lui a accordé Mr Candide Azannaï. Fidèle à ses habitudes, l’homme politique passe sans complaisance au scanner, la gestion de la Covid-19, la cherté de la vie et bien entendu, la gouvernance Talon. L’homme parle du « cannibalisme » dans le business, d’ « inaptocratie despotique inacceptable »… Pour Azannaï, Il n’est pas question de donner un blanc-seing au Président Talon « qui est dans un prolongement illégitime du  mandat qu’il à reçu du peuple en mars 2016 et qui courait pour 05 ans pas plus ». Lire l’interview…

La Dépêche-Afric Info: Mr Candide Azannaï. Ce serait bien un euphémisme que de dire que vous vous êtes faites rare.  Cela fait quand même un sacré bail qu’on ne vous a plus entendu, vous qui êtes quand même assez présent sur les faits d’actualités. Vous êtes devenu peu visible, et encore moins audible. Au cours de cette entrevue qui sera à bâtons rompus et sans langue de bois, Il va sans dire que nous allons vous demander de porter vos appréciations sur un certain nombre de questions auxquelles vous ne resterez pas insensible, loin s’en faut. Il sera entre autres, question, de la gouvernance de Talon et nous en sommes en plein dans le second quinquennat. Quels sont selon vous, les points positifs et les points négatifs de cette gouvernance ? Monsieur Candide Azannaï, essayez-vous à l’exercice.

Candide Azannaï: Je voudrais saluer tout ceux qui ont l’habitude de vous lire et de vous suivre. Certains auraient apparemment voulu chaque seconde, me voir intervenir, opiner sur tout. Pourtant, je ne suis pas si silencieux. Il y’a à peine un mois, j’ai réagi contre la supercherie folklorique du pouvoir dit de la rupture, supercherie portée par le Médiateur de la République à propos du leurre que constitue une nouvelle orchestration d’une nouvelle parodie électorale projetée pour 2023.

Dans le même sens, j’ai rendu publique ma renonciation à prendre part aux Assises organisées fin mai par le Clergé catholique du Bénin. Vous savez un peu avant, lorsque cette affaire d’objets d’art et d’objets culturels, voire cultuels qu’on appelle «les trésors royaux» mais que je n’appelle pas trésors royaux – ce ne sont pas dans mon entendement  des trésors mais des œuvres de civilisation pillés par la prétendue mission civilisatrice européenne . Il est aisé de lire dans le RAPPORT SUR LA RESTITUTIABILITE DES ŒUVRES PILLÉES LORS DE LA COLONISATION que «… les nations européennes s’épargnent certes mutuellement, le temps d’un siècle, ce genre d’outrages. Elles en exportent en revanche la pratique et y recourent systématiquement lors des guerres de conquête et d’influence économique qu’elles engagent en Asie et en Afrique à partir du milieu du XIXe siècle». Ces œuvres proviennent des guerres de  conquête artistique dégradantes et constituent une barbarie qui discrédite les nations colonisatrices européennes. J’ai dit clairement qu’il s’agissait d’un bluff qui cache des dividendes inavoués nuisibles à l’intérêt général. En réalité et à propos, nous sommes contraints à subir une manœuvre de détournement que j’ai assimilée à  une  confiscation profanatoire de ces objets qui ne sont pas tous – en toute sincérité – des objets profanes. Parmi ces  objets, il y en a qui sont sacrés. Pour aucune raison, pour aucun agenda caché on ne devrait traiter comme cela est en cours, après un si long éloignement profane dans l’espace et dans le temps du fait de la colonisation, ces objets. Bref !

Sur ce que vous avez posé comme question digne d’intérêt parlant du leadership cahoteux obscurci par l’hubris au sommet duquel Patrice TALON est à la manette, vous venez d’évoquer si j’ai bien entendu,  des points forts et des points faibles de son deuxième quinquennat et vous souhaitez mon opinion à cet effet.  Non,  non et non, Talon n’a pas un deuxième quinquennat.

C’est une farce quand je l’ai suivi distraire ceux qu’il croit ne pas être attentifs en s’adonnant à un mélange ridiculement douteux entre les notions de deuxième et de second dans un dessein confus exprès sur la notion de dernier mandat.

Retenez une fois pour toutes que Patrice TALON est dans un prolongement illégitime du  mandat qu’il à reçu du peuple en mars 2016 et qui courait pour 05 ans pas plus. Le Peuple béninois ne lui a accordé aucun deuxième mandat encore moins aucun second mandat. Nous sommes dans un prolongement illégitime du mandat ouvert avril 2016 suite  à une batterie de coups de force avec une cruauté qui a ensanglanté  et endeuillé le peuple béninois.

Nous vivons sous un régime de coup d’Etat permanent. Et c’est bien factuel. Au regard du droit communautaire Ouest africain et même du droit politique africain, Patrice TALON est dans une pure illégalité. Je pèse bien les mots, il n’y a pas de second mandat de Patrice Talon parce que il n’y a pas eu d’élection digne du nom avant avril 2021.

La Dépêche Afric Info: Candide Azannai, tourner la page n’est donc pas à l’ordre du jour, à vous entendre parler ?

Candide Azannaï: Vous ne pouvez pas occulter cette réalité et personne ne peut occulter tout ce qui s’est passé depuis l’exclusion qui a eu pour vecteur, le certificat de conformité sorti du chapeau de la Cour constitutionnelle sous la houlette de qui vous savez. Lorsqu’il y a eu confiscation du pouvoir législatif consécutive à l’exclusion politique de toute l’Opposition politique , il y a eu en conséquence arrêt crapuleux du processus démocratique. Or ce qui nous engage, ce qui lie Patrice Talon au Peuple du Bénin , c’est l’engagement démocratique issue de l’héritage de la Conférence Nationale de février 1990. Et il n’y a aucun point positif parce que vous savez, le mépris de la démocratie et le déni de l’Etat de droit sont  des critères éliminatoires disqualifiants, qui discréditent  le pouvoir dit de la rupture et par ricochet Patrice TALON.  Lorsque vous portez atteinte à la démocratie vous êtes éliminé sur tout le parcours et inéligible en matière de gouvernance démocratique. Nous devons savoir ce qui est en jeu; ce qui est en jeu , c’est ni plus ni moins la démocratie . Et là dessus,  Patrice TALON s’est rendu gravement nullissime.

Lorsqu’un Président où quiconque vient au pouvoir après le serment de l’Article 53 de la Constitution  et paradoxalement subitement,  cette même personne engage un leadership de fragilisation de la  démocratie et gère le pays sur la base de l’exclusion, de l’inexistence d’un parlement véritablement pluriel et représentatif , celui là est dans une imposture, dans une gouvernance bâtarde, inacceptable et plus grave, devient illégitime.

Le Bénin aujourd’hui, c’est l’exclusion politique, la confiscation du pouvoir législatif, la défiguration nocturne puis le tripatouillage sectaire de la Constitution ayant conduit à la privatisation factuelle de l’Etat. Qui peut affirmer avec fierté que le Bénin dispose d’un parlement légitime ? Personne.

Qui peut dire que le Bénin est encore un exemple démocratique admiratif, un modèle à suivre ? Personne. Nous ne sommes plus une démocratie et c’est bien un triste bilan.

Pour se moquer de nous et se donner une conscience hypocrite, les profiteurs de cette faiblesse, les nationaux et ceux qui dominent la géopolitique internationale et qui tirent intérêt de cette dégradation se cachent mal derrière le concept approximatif fallacieux de démocratie hybride, de démocratie autoritaire.

Patrice TALON a usé d’un procédé rocambolesque d’instauration et d’exercice de pouvoir personnel, le logeant du coup dans la même catégorie que les chefs d’Etat africains tripatouilleurs de constitution et même auteurs de coup d’Etat. Nous sommes en droit de parler dès lors de déficience démocratique à la tête d’une inaptocratie despotique inacceptable. Depuis le 1er février 2019, vous devez percevoir le pouvoir dit de la rupture comme une ineptocratie consécutive à un coup d’Etat en République du Bénin.

Donc ils n’ont pas de bilan et voilà ce que je peux vous dire et que vous devez tenir pour réalité. On a pas de parlement, à partir du moment où il n’y a pas de parlement il n’y a pas de démocratie. La seule exigence…

La Dépêche-Afric Info: Ce chapelet de griefs constitue de toute évidence votre baromètre ?

En effet la seule exigence disais – je une sorte de baromètre je vous remercie, qui mérite un bilan; un bilan de la gouvernance démocratique. Sur ce plan, s’affiche honteusement une nullité crasse.

La Dépêche-Afric Info: Cependant, Mr Azannaï, il est une réalité aujourd’hui, quand on observe autour de nous, qu’il y a eu quand même des infrastructures qui ont été réalisées n’est ce pas ? Ne pourraient-elles pas peser, dans la balance des considérations comme des points positifs à l’actif de ce Gouvernement ?

Candide Azannaï: C’est à travers la gouvernance de la démocratie que tout va s’apprécier car  nous ne devons pas accepter qu’on puisse  tuer pour faire des routes, des infrastructures sous des voiles d’opacités, et de l’omerta.  Voulez-vous que nous laissions à nos enfants et pour ceux qui exerceront le pouvoir plus tard que pour faire des routes il faut tuer?

Vous voulez que nous laissions  à nos enfants et les futurs dirigeants que pour faire des écoles il faut tuer? il faut exclure? il faut prendre les armes comme des gangs de guérilleros alors que nous étions sous le serment de l’Article 53 d’une Constitution pacifique et consensuelle comme celle issue de la Conférence Nationale ?

Je ne pense pas du tout que vous concevriez qu’il faille braquer tout le monde et puis dire, que c’est la condition pour faire le développement ? Non.

Quel pseudo – développement ?  Retenez ceci . Le pouvoir dit de la rupture est une ineptocratie dictatoriale.

La Dépêche-Afric Info: Même si comme vous l’avez dépeint, ce « gouvernement est illégitime » démocratiquement parlant, Est-ce que vous ne notez pas des réalisations infrastructurelles, ainsi que quelques progrès au plan des réformes ? Vous n’en notez point?

Candide Azannaï: Écoutez! sur la question des réformes. Il n’y a pas eu de réformes au Bénin parce que, selon la doctrine  pour parler de réforme il y a trois niveaux d’approches préalables, trois choses d’abord. En plus de ces choses, il faut une quatrième, un mécanisme sincère d’évaluation, une évaluation publique, objective et crédible pour ne pas dire indépendante.

La Dépêche-Afric Info : Et quels sont, selon vous, ces préalables ?

Candide Azannaï: Il faut l’état des lieux en invitant d’abord les raisons qui nécessitent un besoin de réformes. Les causes qui nécessitent une réforme entendue ici comme un projet mélioratif de solutions idoines. Ensuite,  vous voyez la possibilité, la faisabilité par rapport aux responsabilités d’une part et d’autre part par rapport aux bouleversements susceptibles de résulter de la non prise en compte des droits et avantages acquis ou préexistants.

Puis vient la mise en œuvre qui nécessite la motivation des acteurs qui seront impliqués ainsi que le contexte qui garantit une large adhésion au sein des populations. Toutes ces choses se pensent, se planifient et exigent qu’on les aplanisse en amont. On ne peut pas engager de réformes lorsque ces choses ne sont pas assurées et que le mécanisme de l’évaluation est le recours à la force et à l’utilisation des armes à feu.

Lorsque je veux faire des réformes, je dois savoir qu’il y a ceux qui soutiennent les réformes, ceux qu’on appelle communément chez nous les mouvanciers, et ceux qui sont opposés aux réformes, ceux qui redoutent, ceux qui ne sont pas satisfaits, rassurés, convaincus du bien-fondé des réformes.

Je ne dois pas ignorer ces derniers sous prétexte que je dispose des armes de la République et de certains officiers félons du Commandement des Armées comme soutiens pour imposer mes rêveries absurdes comme réformes de l’Etat. C’est ça la triste réalité qui malheureusement nous est imposée par TALON et que je condamne sans appel.

Lorsqu’on est réformateur on doit veiller à ce que les avantages de ceux qui soutiennent, soit des avantages compatibles avec les valeurs et les principes universels admis préalablement par tous. De la même manière ce qui redoutent, qui sont opposés ne doivent perdre ou être désavantagés qu’en respect des mêmes principes et valeurs universels préalablement admis par tous. Une réforme qui exclut n’est pas une réforme ; une réforme qui tue n’est pas une réforme.

Aucun Président à moins d’être un monarque moyenâgeux ne peut éditer ses rêveries affairistes en agenda public de la République.

Est – ce qu’il y a des gens qui savent vraiment de quoi on parle s’agissant des réformes publiques, des réformes de l’Etat ? Non, je ne pense pas qu’autour de Patrice TALON, quelqu’un en donne l’impression.

Il n’y a pas de réforme sous TALON. Non. Et lorsque certains pensent que certaines infrastructures peuvent solder les entorses, les violations et autres réductions ou suppressions des droits universels et plus grave la tuerie sauvage d’innocents citoyens, je pense bien qu’on ne négocie pas les valeurs, on ne peut jamais négocier les valeurs et que la vie en toute circonstance est sacrée et ne devra jamais cesser d’être sacrée et inviolable.

Les valeurs sont transcendantes à tout. Les valeurs et les principes ne sont pas à être mis en troc contre des infrastructures ; la vie non plus. Et quelles infrastructures, si nous voulons vraiment parler d’infrastructures ? Celles auxquelles on tente de faire référence pour chercher à amnésier les dérives orchestrées par le pouvoir dit de la rupture sont réalisées comment ? à quel coup ? dans quelles conditions ? dans quelle omerta totale ? C’est des réformes qui méritent qu’on bradent la Démocratie, qu’on ruine l’Etat de droit , qu’on tue , qu’on exile, qu’on embastille et emprisonne des citoyens pour leurs opinions ?

Allez ! Aujourd’hui qui peux parler de l’endettement du Bénin ? Dans quelles conditions les crédits, les emprunts, se font? Quel est le rôle du parlement alors qu’on a exclu complètement ce parlement d’ailleurs factice de l’autorisation préalable de l’endettement au nom du peuple ? On l’a exclu même de donner un accord en amont sur ces matières qui pourtant engagent les contribuables actuels et les générations à venir. Du pipeau !

Non, non, non ce qui se passe chaque jour est une dépossession de chaque béninois de ses droits sur la gestion et sur l’avenir du pays… On a vu les pratiques laxistes du genre dans certains pays, surtout par le passé dans certaines régions comme l’Amérique du Sud. Le résultat pour ces pays a été cruel pour leurs populations, pour leurs économies, pour leurs emprises politiques et pour leurs marges de manœuvre sur l’action publique plus tard.

Avec le pouvoir dit de la rupture, ouvrez les yeux, nous sommes dans un système d’inaptocratie. Ce sont pour la plupart des gens incapables et j’insiste que vous vous méfiez des mirages qu’ils répandent pour vous impressionner par des artifices visant à endormir les naïfs au sein des populations en attendant le réveil qui sera à coup sûr d’une cruauté décevante.  Nous ne sommes qu’au début.

La Dépêche-Afric Info: C’est un secret de Polichinelle que de dire que le Bénin connaît des difficultés. Depuis un moment, le pays traverse une situation assez difficile et qui s’apparente à ce que certains spécialistes pourraient appeler, la récession. La COVID-19 , la guerre en Ukraine et autres raisons ont été largement évoquées  par les autorités, les gouvernants pour justifier ce qui est aujourd’hui reconnu comme une réalité, c’est à dire la vie chère. Alors Monsieur Candide Azannaï, quelles sont vos appréciations par rapport à cette situation qui précarise davantage l’existence du Béninois lambda ?

Candide Azannaï: vous savez en matière d’économie , l’économie est mathématique. Certains lorsqu’ils parviennent au pouvoir pensent que l’économie est infiniment élastique. Non !

Les finances publiques, l’économie d’un pays, la gestion des trésors publics,  des ressources de l’Etat, c’est mathématique. Tout prélèvement fantaisiste à des fins occultes, surtout détournées au détriment de l’intérêt général reste têtu car réclamant une compensation que dans 90 % des cas les acrobaties avec la réalité n’arrivent pas à résorber. En raisonnement terre à terre, les traces interpellent dans tous les cas.  Lorsque Patrice TALON est venu, il est venu sur une promesse de se séparer de ses anciens business, de ses affaires antérieures. La Constitution par ailleurs interdit que le Président de la République soit un businessman direct, connexe ou indirect. Qu’en est-il de manière factuelle, effective avec Patrice TALON depuis 2016 ?

Je pense qu’il faut faire l’audit même des conditions, de comment les anciennes affaires de Patrice TALON sont transférées à d’autres et qui sont ces autres et dans quelles conditions ?

Il faudra en faire l’audit, un audit rigoureux et indépendant pour comprendre qui sont ceux qui gèrent ses affaires, les anciennes affaires de Patrice TALON ?

Est-ce que c’est sa galaxie d’antan, ce qu’on appelle le clan TALON ? Quelles sont aujourd’hui les positions des membres de cette galaxie surtout dans l’actuelle structuration, configuration du Patronat ? Il faut voir quelle était la santé de ces sociétés avant la prise du pouvoir de Patrice TALON en 2016 et quelle est la santé de ces sociétés aujourd’hui en termes de volume des bénéfices, des dividendes partagés, de chiffres d’affaires…

Il faut faire l’audit dans tous les secteurs par rapport aux orientations fiscales, les diverses conclusions de passations de marchés publics en mode ouvert ou en mode gré à gré et voir pour comprendre qu’il ne s’agit pas du tout des causes que vous évoquez pour valider la cherté de la vie.

La cherté de la vie peut avoir une de ses gangrènes sociales là. Cet audit est un premier élément qu’il faut interroger et dont nous ne devons pas accepter l’abstraction qu’on tente à propos.

La Dépêche-Afric Info : Candide Azannaï, quelle est alors la corrélation entre la bonne ou mauvaise forme des affaires de la Galaxie Talon et les difficultés économiques que connait le Bénin?

Candide Azannaï: Si ces sociétés sont en regain de santé, et que dans le même temps il y’a un criard rapetissement des affaires des petits et autres usagers et membres de la population et du patronat, il faut marquer une réflexion sur la nécessité de la justice et de l’équité dans la gestion des inégalités.

On peut à l’issue de tel audit s’assurer qu’il n’y ni conflit d’intérêt, ni délit d’initié encore moins de gabegie au sommet de l’Etat. Des rumeurs parviennent de partout où sont paradoxalement les portes des ressources dès les plus importantes du pays.

Parce que la démocratie est la transparence, n’avons-nous pas le droit d’interroger alors que tout le monde semble crier la faim ?

Lorsqu’on veut parler de la situation de la vie chère aujourd’hui ou de ce que vous rapportez qu’on appelle récession,  difficultés aujourd’hui, il y’a une 2ème chose qu’il faut voir. Ce que nous appelons le cannibalisme dans le business.

Oui, le cannibalisme des affaires qui est défini généralement lorsque les semblables se mangent, l’homme mange l’homme, lorsque des hommes d’affaires détruisent d’autres concurrents, d’autres hommes d’affaires, détruisent leurs semblables et profitent de leurs destructions, on parle de cannibalisme concurrentiel des affaires.

Alors dans le patronat, vous allez voir quelque chose qui s’est développé dès 2016 qu’on appelle le cannibalisme du business qui fait que dans le patronat béninois, les grosses pontes du patronat ont été effacées, emprisonnés, leurs affaires détruites…. Soit ces patrons ont disparu, soit ils ont pris la poudre d’escampette. Je ne veux pas citer des noms. Mais de manière factuelle, il y’a des figures du monde des affaires et qui sont effacées de l’écosystème du patronat béninois.

La Dépêche-Afric Info: Vous faites sans doute allusion entre autres à l’homme d’affaires et politique, Sébastien Ajavon et consorts.

Candide Azannaï: Ecoutez-vous, avez votre entreprise, vous nourrissez peut être  10 personnes. Si on vous avale, on vous mange, on a avalé ces 10 personnes en conséquence. Et derrière chacun de ces 10 collaborateurs ou employés savez-vous qui et combien de béninois et au sein des populations sont poussés dans la détresse sociale ?

Le pouvoir d’achat, les salaires et sources de revenus des 10 une fois supprimés obèrent le pouvoir d’achat global du salariat dans son ensemble. Chacun des employés réduits au chômage, contraints au sous-emploi occasionne savez-vous   une dégradation du pouvoir d’achat, un accroissement accumulé de l’inquiétude sociale, familiale, émotionnelle qui compliquent la survie même de la communauté entière.

J’ai vu une image la dernière fois où on a montré un nid où deux oisillons sont morts, tous cadavres tout en haut dans leurs nids desséchés. La moralité qui se dégage est que leurs parents en quête de substance ne sont plus retournés les nourrir. C’est exactement la même chose lorsque nous parlons de cannibalisme du business dans le patronat. Ce n’est pas seulement le caractère rugueux de la concurrence des affaires mais ici comme on a exclu les hommes politiques de l’élite politique autant on a exclu les hommes d’affaires de l’élite patronale.

Cette double exclusion qui asphyxie le pluralisme économique au sein de l’élite patronale et le pluralisme politique au sein de l’élite politique indique une des raisons de l’étouffement social que traduit la cherté de la vie. C’est du cannibalisme du business et cela compte comme deuxième point dans la compréhension de la vie chère au Bénin et sous l’incompétence du pouvoir dit de la rupture.

Et un troisième est  la gestion des emprunts obligataires,  la gouvernance de la dette et des emprunts au nom de l’Etat béninois. La dette n’est pas un cadeau, mon cher ami.

A chaque dette est endossée tout une charge de l’endettement qu’on appelle le service de la dette.

À suivre certaines déclarations de TALON, et de son sillage, on a l’impression que notre pays a une économie appuyée sur une exubérante ressources du sous-sol, une économie hyper-moderne à potentialité variée et inépuisable en somme une puissance économique technologique et financière à l’abri des revers, de toute secousse pouvant provenir des aléas et autres incertitudes de notre temps. La réalité est toute autre et est bien celle d’une petite économie d’un pays classé parmi les plus pauvres et les plus endettés, donc une économie des plus fragiles au monde.

Nous sommes une économie qui a deux pieds essentiels à savoir une fiscalité inextensible puis une suicidaire économie agricole cotonnière empoisonneuse des terres  et des santés des populations à cause du recours intensif aux produits chimiques toxiques perturbateurs hormonaux et potentiellement cancérigènes. Dois – je évoquer la peur que répand même dans les grandes économies agricoles le seul glyphosate ?

Ces deux évidences rendent bien compte du caractère essentiellement précaire de toute notre économie dans un contexte d’ultra libéralisme local débridé et mal assimilé malheureusement piégé par la concurrence apparemment déloyale que livrent certains intérêts particuliers et privés inavoués à l’intérêt général.

Il faudra que j’avertisse tout de suite que l’ hypertrophie, la stagnation ou l’hypotrophie du PIB projetées sur l’approche sociale de la gouvernance publique ne sont pas de simples incantations.

Ce à quoi recourt malheureusement le pouvoir dit de la rupture, une incantation d’embellie, pur sophisme économique et financier pour vernir une corrosion rongeuse de presque tous les piliers de l’Etat…

Le pouvoir dit de la rupture est dans un jeu qui est loin d’être serein, qui commence par essouffler la gouvernance de la dette et des emprunts obligataires et conséquemment le panier de la ménagère. Il y’a nécessité de nous interroger et bien sûr d’exiger un audit de cette gouvernance de la dette et des emprunts et autres émissions obligataires sur les marchés financiers internationaux et autres afin d’évaluer l’impact de leurs ampleurs sur la vie chère.

Une quatrième piste est la gestion de la COVID-19 par le Président TALON; je ne parle pas encore de la COVID-19 elle – même. Les vraies conséquences de la COVID-19 elle-même et de la situation entre l’Ukraine, l’OTAN, la Russie et autres ne sévissent pas encore chez nous sur la cherté de la vie.

A l’allure actuelle des choses qu’en sera-t-il de la conjonction de ces conséquences ? Ce qui sévit donc actuellement est la gestion faite par le Président TALON de COVID-19.

Vous savez, le 29 mars 2020 quand le Président TALON s’est prononcé pour la première fois sur la pandémie COVID-19, il y a quelque chose qui a frappé tout le monde, en tout cas moi.

C’était de l’horreur. A l’écouter, lorsqu’il disait que nous n’avons pas d’argent parlant du Bénin, pour faire face à cette pandémie pendant que des béninois étaient confrontés à ladite pandémie, que le Bénin comptait déjà ses morts…

Vous vous souvenez de ça ? Il est allé jusqu’à dire que le béninois paie la popote avec l’argent de la veille quelque chose de ce genre qui met notre peuple et nos populations complètement dans le désarroi, tous déjà profondément démunis.

En réalité le pouvoir d’achat était déjà menacé du fait de la nullité de la gouvernance en matière sociale et de gestion des solidarités.

TALON savait parfaitement que nos populations avant la pandémie de la COVID19 étaient dans l’hyper-précarité laissée par le régime précédent mais que malheureusement, il est venu aggraver et rendre insoutenable, invivable. Malgré cet état de désarroi social préexistant, il a eu la désapprouvante froideur de dire que ce qui le préoccupe est l’après COVID-19 parce que ne disposant d’aucun moyen, d’aucune ressource encore moins de la planche à billets ; une triste illustration, j’allais dire un écœurant aveu d’inaptocratie.

Comment refuser de faire face à la COVID-19 et prétendre faire face à l’après COVID-19 économique ? Bien cruelle sorcellerie dirait l’autre. Souvenez-vous de ma désapprobation de cette fuite de responsabilité du Président TALON du 29 mars 2020.

Le Président TALON n’avait aucun plan d’accompagnement et de solidarité à l’égard des populations en général et de celles directement exposées à l’impact non sanitaire de la COVID-19. La seule chose qui lui paraissait la priorité secourable était l’après COVID-19 économique pour ne pas dire un euphémisme, l’après COVID-19 affairiste…

La Dépêche-Afric Info: Auriez-vous une autre approche, vous, Candide Azannaï ?

Candide Azannaï: Mon approche était toute autre. Pour moi, il fallait un plan d’urgence qui explore la solidarité, la maîtrise et la relance et qui devrait exiger une réorientation budgétaire donc stratégique à adapter au contexte de cette pandémie.

Ma certitude est que nous n’avons pas créé la COVID-19 et le monde s’activait à y faire face à cause de l’interdépendance de l’économie mondiale générale et de l’économie particulière de l’Afrique de l’Ouest avec un accent intéressant sur la solidarité et l’accompagnement internationaux partout annoncés.

Dès que la possibilité d’aller prendre des fonds au nom de la COVID-19 a été découverte, ils n’ont pas hésité à s’y engouffrer. Des euros- bonds, ils n’ont pas hésité à se lancer, à prendre de l’argent au nom de la COVID-19 alors qu’il n’avaient aucun plan sérieux, anticipé, ciblé COVID-19 et sincèrement à l’abris des gloutonneries inavouées .

Vous savez ce qui s’est passé dernièrement avec la structure de l’Etat chargée de vérifier les  comptes  publics ? Cette structure a fait une déclaration publique troublante au sujet de la gestion de certains fonds COVID19 sous l’exigence de transparence impliquée lors des engagements officiels relatifs à l’octroi de certaines facilités de crédits par des institutions financières internationales.

Cette publication de la Cour des Comptes de la Cour Suprême a été faite bien en retard. Ce retard était-elle du fait des  tergiversations des structures dédiées du Gouvernement de Patrice TALON pour satisfaire aux besoins d’investigation de la Cour des comptes ?

Interrogez-vous sur pourquoi les gens de la Rupture sont prompts pour aller soutirer de l’argent au nom de la COVID-19 et pourquoi ils commencent par bégayer hors délai lorsqu’il est question de montrer patte blanche, de justifier l’usage fait desdits fonds? Souvenez-vous que depuis le 29 mars 2020, j’avais alerté contre l’éventualité du « COVID-19 business » en soupçonnant le risque de détournement des fonds qui y sont spécifiés à d’autres destinations.

Que chacun apprécie maintenant comment le Gouvernement a fait venir des gens qui ont rivalisé d’arguties pour montrer que oui, tout va bien, circulez.

Et curieusement les vérificateurs de la Cour Suprême ont circulé ! Pour combien de temps on circulera de la sorte dans cette République ?

Tout va bien, circulez avec des soupçons d’opacité sur des milliards ? Des milliards confus et dire de circuler après une publication de vérificateurs assermentés faisant état d’insatisfactions à propos de plus de 300 milliards ? Et les vérificateurs ont circulé ! Et silence radio !

Je vous ai dit quand je voudrais répondre à vos questions, que l’économie est mathématique. Enlevez les milliards ici il y aura des trous. Vous devez justifier ces trous. Si de n’importe quelle manière vous n’apportez pas les milliards, le trou est là. Nous sommes dans ce qu’on appelle en matière de gouvernance, l’ineptocratie. Des gens incapables, laxistes pour la plupart, qui n’ont aucune capacité à faire face aux enjeux qui existent là, devant nous.

Donc si vous comprenez ce qui se passe sur cette question de vie chère ; vous allez voir des gens qui mangeaient trois fois le jour et qui aujourd’hui mangent à peine une fois. 

Il y a ceux pour qui manger est devenu aléatoire, un hasard pour beaucoup de béninois, qui s’habituent déjà maintenant, tellement ils ont serré les ceintures qu’ils en sont à tenir les pantalons à leurs hanches dégarnies, contraints sont-ils à la débrouillardise de survie.

Des gens se lèvent et savent qu’ils n’ont pas à manger. Et donc leurs organismes sont entrain de s’adapter à ça. Et vous allez voir les conséquences sur les enfants, sur la société, sur la criminalité. Tous les peuples qui ont connu des dérives similaires savent que dans 10, 15 ans après nous ferons face à la recrudescence de la criminalité, aux méga-désordres sociaux et communautaires, à la ruine des valeurs, à des pertes dommageables de repères. Je résume en disant de questionner ces 4 pistes que je viens d’évoquer et vous allez pouvoir comprendre pourquoi il y’a une aggravation de la cherté de la vie.

La Dépêche-Afric Info: Pourtant, le Gouvernement, à travers sa tournée, est allé au contact des populations, expliquer les tenants et aboutissants de cette période de soudure que traverse le pays. Qu’en dites-vous ?

Candide Azannaï: Vous savez, j’ai trouvé très rigolo la tournée dite du Gouvernement pour expliquer la «vie chère» aux populations . C’est ridicule que l’ineptocratie s’accroche à la COVID-19, à la situation en Ukraine et autres développements des conflits géopolitiques et de luttes d’influence stratégiques des puissances dominatrices à l’échelle mondiale pour tenter d’absoudre son propre laxisme.

La Dépêche-Afric Info : Cependant Monsieur Azannai il y a eu quand même certaines actions du Gouvernement à l’endroit des couches qui ont été impactées négativement par la COVID-19.  Récemment quand on parle des effets de la guerre en Ukraine par exemple le Gouvernement a supporté certains frais, a subventionné en matière de première nécessité. Vous  n’êtes pas resté quand même ignorant de ces actions-là, non?


Candide Azannaï: Vous  savez, ça me fait rire. Mon cher journaliste, lorsque vous avez besoin de deux kilos de farines pour faire la pâte et qu’on amène un petit bouchon, de flacon d’alcool comme farine ! Vous savez, vous n’aurez ni la pâte ni la bouillie ; vous n’aurez que des grumeaux ! Vous n’aurez rien. 
Ce Gouvernement est expert en ce qu’on appelle les stratégies de trompe œil, on communique sur un petit aspect qu’on amplifie exagérément. Parce qu’on on a dit qu’on a envoyé de l’argent aux étudiants qui sont en Ukraine, ça règle quoi dans la cherté de vie chez nous au Bénin ? 
On peut dire qu’on a donné de l’argent, on a subventionné des gens pour la COVID19. Combien ils sont ? En d’autres termes c’est du saupoudrage. Combien ils sont sur combien de demandes ? 
Et ceux qui ont pris de tels aides sont dans quels réseaux? Qui sont – ils ? 
La vérité est que la tendance actuelle à l’échelle mondiale recommande la hausse des salaires, la maîtrise de l’inflation et un assainissement des dépenses publiques, un renouement avec l’éthique de la responsabilité  publique qui mettra hors d’état de nuire les gloutonneries des sur – profiteurs et des   monopoles privés pour permettre une meilleure respiration de l’intérêt général. 
C’est pour se soustraire aux vertus sociales de cette tendance que nous venons d’évoquer que le pouvoir dit de la rupture à initier cette diversion dite tournée gouvernementale d’explication de la vie chère. Une trouvaille pour maintenir et enfoncer le Bénin social dans la profondeur de la précarité, une cynique exhortation à plus de serrage de ceinture est cette diversion dite tournée gouvernementale d’explication de la vie chère. Un gouvernement sérieux n’explique pas la cherté de vie, il l’anticipe, l’empêche ou la solutionne. Le reste est du bluff, du pipeau !

La Dépêche-Afric Info: Merci, Monsieur Candide Azannaï

Candide Azannaï: c’est moi.

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