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Police Républicaine/Après la fusion, la confusion

Quatre ans après sa création, la police républicaine peine à retrouver ses marques  au plan de la gestion de carrière de ses membres. Désormais sans délégué du personnel, encore moins de syndicat pour porter leurs revendications, « les policiers républicains » se murent dans une sourde récrimination sous cape certes, mais majoritairement décriée au sein de cette entité où l’eau est déjà dans le gaz. A la police républicaine, les avancements constituent le véritable talon d’Achille de cette réforme si chère au Président Talon.

Quand on sait l’importance cardinale que revêt les avancements aux yeux de toute femme ou tout homme en uniforme appelés sous les drapeaux, on comprend dès lors, l’état d’esprit de la troupe, désormais sans délégué du personnel, encore moins de syndicat pour porter ses revendications. La réforme ayant abouti à la fusion de l’ex police nationale et de l’ex gendarmerie nationale pour donner corps à la police républicaine n’est pas une mauvaise chose en soi, reconnaissent les observateurs. Cependant, il urge de revoir certains aspects des textes qui gouvernent le fonctionnement de cette entité, au regard de ses spécificités internes.

Pour certains membres de la police républicaine, seule l’ex gendarmerie s’en tire bien au double plan des avancements ainsi que des grades. Archi faux semble rétorquer l’autre camps qui estime que c’est plutôt l’ex police qui tire le plus gros pan du drap de son côté. Il y a trop d’injustices au sein de la police républicaine avertit une autre opinion, pour faire remarquer une certaine iniquité qui élirait domicile à la maison police. Il y a bien de l’eau dans le gaz peut-on dire, sans risque de se tromper. Tout ceci dénote de la parfaite confusion qui s’est installée, quatre années après la fusion des deux corps.

L’évolution de carrière, le passage de grades et d’échelons des fonctionnaires de la police républicaine connaissent de sérieux dysfonctionnements, de plus en plus exacerbés par la particularité caractéristiques des règles statutaires applicables à chaque corps. Il apparait au contact des réalités du terrain que les textes élaborés dans le cadre de la fusion des deux corps qu’étaient l’ex gendarmerie et l’ex police sont bien loin d’avoir cerné les spécificités de chaque entité. A preuve, le DEMFS qui est le Diplôme d’Etat-Major des Forces de Sécurité est perçu comme plus compatible à l’ex gendarmerie, comme l’est d’ailleurs le DESAP, le Diplôme d’Etudes Supérieures Appliquées de la Police pour l’ex corps de la police. On comprend dès lors les nombreuses récriminations que soulèvent certaines décisions de la hiérarchie. Les derniers déploiements du personnel ajoutés aux examens auxquels sont astreints certains officiers ne sont pas sans susciter quelques remous. Mieux, l’opportunité ainsi que les conditions de l’organisation de la formation en cours de 70 officiers supérieurs et subalternes de la police alimentent bien des débats au sein de la PR. alors que le passage au grade supérieur devrait intervenir logiquement au bout de 4 ans, certains officiers sont à leur 8ème voir 10ème année de port du même grade, sans évoluer d’un pouce. Ceci constitue à n’en point douter, une source de frustrations.

En effet, aux 58 officiers supérieurs de la Police Républicaine astreints à l’obtention du diplôme d’Etat-major des Forces de Sécurité (DEMFS), se sont ajoutés 32 autres officiers subalternes et ce, depuis le jeudi 30 juin 2022 sont confrontés à quelques préoccupations. Cette formation délocalisée a pour cadre, l’Ecole normale des Instituteurs (ENI) d’Abomey pour une durée initiale de neuf (09) mois passera désormais à 10 mois. Sur place, les astreints déplorent bien de situations. 

Après environ deux mois de formation, dans l’enceinte de l’ENI à Abomey, on y est encore hélas, bien loin d’une organisation digne du rang des officiers d’une police républicaine. La réfection des salles de cours, de la cuisine, les travaux de plomberie, jusqu’à l’achat de craie pour écrire au tableau n’ont été possibles que par les contributions financières des stagiaires. L’équipement de la salle de cuisine a nécessité la bagatelle de deux millions (2 millions) de francs sortis des poches des stagiaires, pour l’achat des ustensiles devant y servir. Les professeurs commis à l’encadrement des stagiaires n’en finissent pas de se plaindre d’hypothétiques honoraires, qui pour le moment, tardent à venir. Là encore, les stagiaires doivent jouer les secouristes de service.

Le coût du repas quotidien a été finalement fixé pour chacun des 70 officiers supérieurs et subalternes à 3500 F CFA, d’où, 84.000 F CFA par mois durant les 10 mois prévus. Ainsi en a décidé la hiérarchie. Et ici, c’est un ordre qui a le mérite de ne souffrir d’aucune contestation. A l’école des officiers de Porto-Novo, ce n’est non plus meilleur.

Pour une activité de formation qui était sensée être préparée avec minutie, il ne fait l’ombre d’aucun doute, au regard de toute cette série d’improvisation qu’il y a problème. Tout ceci laisse transparaitre un certain malaise qui couve et dont la résolution est plus qu’impérieuse. Le Chef de l’Etat dont ce fut l’une des toutes premières réformes se doit de s’impliquer entièrement dans ce dossier brulant, pour plus de justice au sein d’une entité dont l’importance n’est plus à démontrer.

Extraits de la LOI N° 2020 – 16 DU 03 JUILLET 2020 portant statut spécial des personnels de la Police républicaine

2- OFFICIERS SUPERIEURS DE POLICE

Article 50 : Nul n’est proposable au grade de commissaire principal de police s’il n’a servi au moins deux (02) ans dans le grade de commissaire major de police et n’est titulaire du diplôme d’Etat-major des forces de sécurité (DEMFS) ou d’un diplôme reconnu équivalent.

Le grade de commissaire principal de police est conféré pour la moitié ( 1/2) au mérite et l’autre moitié ( 1/2) au choix .

Article 51 :Nul n’est proposable au grade de commissaire divisionnaire de police s’il n’a servi au moins quatre (04) ans dans le grade de commissaire principal de police.

Le grade de commissaire divisionnaire de police est conféré pour le tiers (1/3) au mérite et les deux tiers (2/3) au choix.

Article 178 : Les commissaires principaux de police en service à la Police républicaine à la date du 02 juillet 2018,sont astreints à l’obtention du diplôme d’ Etat­ major des forces de sécurité (DEMFS) ou d’un diplôme professionnel reconnu équivalent en vue de l’avancement au grade de commissaire divisionnaire de police, sans préjudice des autres conditions définies par la présente loi.

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Article 179 :Les brigadiers-chefs de police en service à la Police républicaine à la date du 02 juillet 2018, sont astreints à l’obtention du brevet de qualification supérieur de police (BQSP) ou d’un diplôme professionnel reconnu équivalent, en vue de l’avancement au grade supérieur, sans préjudice des autres conditions définies par la présente loi.

Article 180 : Les sous-brigadiers-chefs de police en service à la Police républicaine à la date du 02 juillet 2018, sont astreints à l’obtention du brevet d’aptitude professionnelle (BAP) ou d’un diplôme Professionnel reconnu équivalent, en vue de l’avancement au grade Supérieur, sans préjudice des autres conditions définies par la présente loi.

Article 181 : Les fonctionnaires de police titulaires du brevet de commandant de brigade (BCB), ayant occupé une fonction de commandant de brigade de Gendarmerie ou d’adjoint et âgés de quarante-deux (42) ans au plus à la date du 02 juillet 2018, sont astreints à une formation de douze ( 12) mois. Ils sont, en cas de succès, reversés dans le corps des officiers et reclassés au grade de commissaire de police stagiaire pour compter du 02 juillet 2018.

Article 182 : Les formations prévues au présent titre sont organisées par la direction générale de la Police républicaine dans un délai de deux (02) ans à compter de la date d’entrée en vigueur de la présente loi.

Article 183 : La présente loi, qui abroge les dispositions de la loi n° 2017-42 du 02 juillet 2018 portant statut des personnels de la Police républicaine et toutes autres dispositions antérieures contraires, sera publiée au Journal officiel et exécutée comme Loi de l’Etat.

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