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Bénin/Rétention d’information: Qu’est-il arrivé au jeune Martin HOUNGA ?

Au Bénin, progressivement, et ce depuis 2016, les espaces de liberté et d’expression se sont étiolés… Les voix discordantes se sont tues, parfois contraintes, si elles ne se sont évaporées, tel l’éther dans une atmosphère étouffante où vous allez en souffrir mais n’y pourrez rien… Oui, on y étouffe presque, sans possibilité d’action, que dis-je, de réaction. En 2023, avons-nous vraiment atteint un meilleur état de justice sociale qu’auparavant ? En d’autres termes, avons-nous le sentiment qu’en 2023, la justice sociale se porte au mieux qu’elle ne l’était avant 2016 ?  Ces derniers jours, la mort annoncée du jeune Martin HOUNGA qui aurait été tué à bout portant par un binôme de policiers à moto  à de quoi frapper notre conscience collective, et comme cela tend hélas à devenir une banalité quotidienne. Une voix officielle pour clarifier ?

Ces derniers jours, une information s’est répandue comme une traînée de poudre, indiquant qu’un jeune citoyen nommé Martin Hounga aurait été abattu par deux agents de police à moto. Aucun démenti officiel de la police républicaine n’est venu contredire cette information, qui circule discrètement sur les réseaux sociaux. Les médias traditionnels ont également été avertis de ne pas prendre de risques en rapportant cette affaire. La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), agissant telle une épée de Damoclès, a dissuadé de nombreux journalistes téméraires qui souhaitaient dénoncer les présumées exactions commises par des policiers.

Un choix à faire: dénoncer ou garder le silence

Devons-nous rester indifférents face à l’injustice, en choisissant ainsi de nous aligner du côté de l’oppresseur, comme le soulignait Desmond Tutu ? Ou devons-nous, à l’instar de la pensée d’Albert Camus, oser affronter le monstre en donnant notre vie pour lutter contre l’injustice ? Ces questions nous poussent à réfléchir sur l’état actuel de notre société.

La peur du discours s’installe

La peur de s’exprimer librement semble s’être installée de manière persistante dans les esprits. Si tel est le cas, nous pourrions être en train de franchir une ligne dangereuse, nous dirigeant vers un état de répression de la liberté d’expression. Comme le disait l’écrivain russe dissident Alexandre Soljenitsyne, bienvenus dans le « Goulag » de la pensée, où la peur du discours libre devient la norme.

En somme, L’affaire de Martin Hounga est symptomatique des défis auxquels est confrontée la liberté d’expression au Bénin. Elle soulève des questions sur la responsabilité de chacun à défendre les droits fondamentaux et à s’élever contre l’injustice, quelles que soient les conséquences. La société béninoise est à un carrefour crucial, où le choix entre le silence par peur et la lutte pour la justice déterminera la direction que prendra notre nation. Pour avoir dénoncé un cas similaire, un journaliste béninois a été condamné finalement à 6 mois de prison avec sursis. Pourtant, suite à cette affaire, la police républicaine qui avait souvent gardé un lourd silence, a cru sortir un communiqué de démenti. On connait la suite. 

Les répercussions de la rétention d’information par nos institutions

La transparence et l’accès à l’information sont des piliers fondamentaux d’une société démocratique. Les citoyens ont le droit de connaître les actions et les décisions de leurs institutions, car cela favorise la responsabilité, la confiance et la participation civique. Cependant, lorsque nos institutions choisissent de retenir délibérément des informations, les conséquences sont multiples et souvent préjudiciables à la société dans son ensemble.

1. Déficit de confiance

L’une des premières conséquences de la rétention d’information est la perte de confiance des citoyens envers leurs institutions. Lorsque les informations cruciales sont dissimulées, les citoyens ont tendance à soupçonner des motifs cachés et à remettre en question la légitimité de ces institutions. Cette méfiance peut miner la stabilité de la société et compromettre l’efficacité du gouvernement.

2. Démocratie affaiblie

Dans une démocratie, la participation citoyenne repose sur une information adéquate. Lorsque des informations sont retenues, les citoyens sont privés de données essentielles pour prendre des décisions éclairées lors des élections ou pour engager un dialogue informé avec leurs représentants. Cela sape le fonctionnement même de la démocratie en limitant la capacité des citoyens à exercer leur pouvoir de manière significative.

3. Gestion inefficace des problèmes

La rétention d’information peut également entraver la résolution efficace des problèmes. Lorsque les informations pertinentes ne sont pas mises à la disposition des responsables gouvernementaux et du public, il est difficile de concevoir des politiques appropriées et de répondre aux défis de manière proactive. Cela peut entraîner des retards dans la prise de décision, l’inefficacité des mesures prises et une mauvaise gestion des crises.

4. Préjudice à la réputation

Les institutions qui retiennent de manière répétée des informations peuvent subir des dommages considérables à leur réputation. Les accusations de manque de transparence et de dissimulation peuvent ternir l’image de ces institutions aux yeux du public national et international. Une réputation entachée peut avoir des conséquences durables sur la crédibilité et la légitimité d’une institution.

5. Frustration et mécontentement

Enfin, la rétention d’information peut engendrer de la frustration et du mécontentement parmi les citoyens. Lorsqu’ils se sentent exclus du processus décisionnel ou mal informés sur des questions qui les touchent directement, les citoyens peuvent manifester leur insatisfaction à travers des mouvements de protestation, des grèves ou d’autres formes de contestation sociale.

En clair, la rétention délibérée d’information par nos institutions a des conséquences profondes et nuisibles pour la société. Elle mine la confiance, affaiblit la démocratie, entrave la gestion des problèmes, nuit à la réputation des institutions et engendre la frustration des citoyens. Pour construire une société plus juste et transparente, il est impératif que nos institutions embrassent la transparence et l’accès à l’information en tant que principes fondamentaux de gouvernance.

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