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Débat/L’Abbé Aguénounon réfute les accusations de stagnation de l’Afrique par la religion

Face aux accusations récurrentes liant la religion occidentale au sous-développement africain, l’Abbé Eric Aguénounon rappelle les contributions historiques et actuelles de l’Église, de la préservation des traditions à la promotion de l’éducation et du dialogue interculturel.

NDLR/Dans un contexte mondial où la religion est souvent mise en cause pour son rôle dans le sous-développement de certaines régions, l’Abbé Eric Aguénounon apporte une perspective rafraîchissante et profondément nuancée sur l’influence de la foi en Afrique. À l’heure où les critiques fusent de toutes parts, l’Abbé, avec éloquence et conviction, rappelle que la foi a toujours été un moteur de construction et de progrès dans les sociétés humaines, et ce, malgré les imperfections inhérentes à toute institution humaine.

L’Abbé commence par poser un constat historique : « La foi construit des cités ». Ce mantra, répété à plusieurs reprises, sert de fondement à son argumentation. Il évoque les grandes cités européennes et africaines dont les développements ont été fortement influencés par les activités religieuses. Les cathédrales, les monastères, et les églises qui parsèment le paysage européen ne sont pas simplement des reliques du passé ; elles représentent les fruits d’une foi active et engagée qui a modelé l’architecture, l’économie, et la culture.

En se référant à l’histoire européenne, l’Abbé souligne l’engagement des moines dans la construction de l’Europe. Leur dévotion et leur travail acharné ont abouti à des avancées significatives non seulement en termes d’infrastructure mais aussi dans le domaine de l’agriculture, de l’éducation, et de la santé. Cette même énergie constructive, soutient-il, peut être observée dans les efforts de l’Église en Afrique, où les institutions religieuses jouent souvent un rôle crucial dans l’éducation, la santé et les services sociaux.

Face à une ère de sécularisation, l’Abbé Aguénounon reconnaît les défis posés par la modernité mais reste inébranlable dans sa foi en la capacité de la religion à inspirer le bien. Il cite le pape François et ses efforts pour réformer l’Église de l’intérieur, montrant un exemple de leadership qui reconnaît les erreurs du passé tout en travaillant vers une amélioration constante.

Cependant, il est critique envers ceux qui, selon lui, flagellent l’Église sans reconnaître ses contributions positives. Il invite ces critiques à examiner les travaux anthropologiques, sociologiques et ethnologiques produits par l’Église, qui ont exploré et préservé les cultures africaines d’une manière que peu d’institutions ont réussi à égaler.

En conclusion, l’Abbé Eric Aguénounon offre une vision de l’Église non comme une entité statique et rétrograde, mais comme une force dynamique et évolutive, engagée dans le dialogue constant et la réflexion critique, essentiels pour toute société qui se respecte. Sa défense passionnée rappelle à tous que, loin d’être un obstacle, la foi, lorsqu’elle est bien orientée, peut être une puissante alliée dans la quête du développement et du bien-être humain.

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(Lire les propos DE l’Abbé Eric Aguénounon , transcrits par la rédaction de La Dépêche Afric’info)

« Participation de la religion occidentale au sous-développement de l’Afrique ». L’Abbé Eric Aguénounon répond aux critiques et flagellations sur l’église

« La première chose, c’est de dire que la foi construit des cités.

Et quand vous voyez l’histoire des vieilles cités et même notre histoire africaine, la foi a participé à notre construction.

Même si cette construction n’est pas parfaite, la foi a participé à notre construction.

Dans les cités aujourd’hui sécularisées, qui ne sont plus des sociétés religieuses, l’État qui est anticlérical protège pourtant ce patrimoine religieux-là.

Toutes les églises en France qui ont été construites avant 1900 sont considérées comme patrimoine de l’État, patrimoine de l’UNESCO.  

Et on a vu comment les moines ont travaillé à construire l’Europe. Et donc la foi, elle est constructive.

En voyant ces édifices en Europe, on se demande mais, comment ces hommes et femmes ont pu penser, donner tout leur argent, tout leur temps, toute cette intelligence à Dieu.

C’est ce qui signifie que la foi est constructive. La foi construit des cités. La foi, en même temps qu’elle construit des cités, la foi a déconstruit les mentalités.

La barbarie à l’Antiquité, au Moyen-âge et à la Renaissance n’est plus la barbarie d’aujourd’hui.

La foi a purifié beaucoup de mentalités. Beaucoup de mœurs. Et la foi continue son chemin.

Même si nous sommes à l’ère de la sécularisation ailleurs, et nous, nous sommes à l’heure d’une remise en cause de la foi, la foi est toujours une fibre difficile. Et quand on tire trop, ça crée des conflits. D’où les droits religieux, qui mettent en place un dialogue vraiment régulier pour que le respect de la liberté religieuse soit un respect privilégié.

C’est très important. Le respect du droit à la religion. Et c’est une loi qui est protégée dans plusieurs États. L’Église, ça c’est le deuxième point.

L’Église est une institution humano-divine. On peut reprocher des choses aux ecclésiastiques. On peut reprocher des choses aux acteurs, aux autorités de l’Église. Mais quand on la voit dans sa fondation, il y a ce qui dépasse l’homme.

Et l’Esprit Saint a fondé l’Église. L’Église, comme institution est bimillénaire. Bimillénaire.

En tant qu’institution bimillénaire, elle a des choses à nous apporter. Elle a des choses à nous enseigner. Parce que c’est une institution qui aussi fait son examen de conscience chaque jour.

Et avance. Et on ne peut pas combattre l’Église. On peut la détruire de l’intérieur. C’est bien possible. Le pape François purifie chaque jour l’Église de l’intérieur en créant des commissions d’enquête, en créant de nouveaux dicastères, c’est-à-dire des ministères qui viennent réfléchir sur la vie de l’Église. Que ce soit au plan des finances, au plan des mœurs, et au plan même de l’évangélisation.

On se rend compte que cette Église-là a besoin d’aller vers les périphéries.

L’Église se décentre des vieilles sociétés et va vers les périphéries pour éclairer ces sociétés-là qui sont encore dans des ténèbres, toutes proportions gardées.

Mais l’Église ne s’érige jamais en donneur de leçons. Elle est experte en humanité, mais elle n’est pas donneuse de leçons.

Elle accompagne les sociétés, elle accompagne les civilisations. Et le Saint-Siège comme État, dont le Pape est le chef, on voit à quel point le Pape est accueilli quand il va à un sommet du G20 ou du G7, ou quand il va, en visite apostolique dans les pays. Mais dans chaque pays où l’Église est, les pasteurs, les prêtres, c’est-à-dire les prêtres, les évêques, sont toujours inculturés.

Je vous invite, ceux qui flagellent l’Église ou tentent de flageller l’Église, je vous invite à aller à la bibliothèque du grand séminaire Saint-Gall. Et vous allez voir les mémoires de prêtres ou d’évêques de 1960 à nos jours. 75% des mémoires sont les mémoires anthropologiques, sociologiques, où ils ont fouillé nos cultures.

Tout récemment, le Père Adekambi a écrit un livre sur le Fâ. Avant lui, d’autres prêtres ont réfléchi. Le Père Jacob Agossou, Mgr Adoukonou… Il y a une mine de savoir portée par l’Église qui est anthropologique, qui est ethnologique et qui est sociologique.

Mais on ne vient pas dans les homélies pour parler sociologie, pour parler anthropologie. Le prêtre dans les homélies, il prêche la parole de Dieu. Il prêche Dieu.

Mais c’est en touchant du doigt son travail scientifique que vous verrez sa position scientifique, sa position intellectuelle. On a évoqué la question de la Bible dans plusieurs langues, mais au nom de la foi , des gens, Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique, c’est au nom de la foi. Tous ceux qui ont colonisé d’autres pays ou l’empereur si l’Europe est chrétienne aujourd’hui, mais c’est grâce à Constantin qui a été baptisé et qui a rendu la religion catholique obligatoire. Donc, à partir de là, vous imaginez qu’il y ait la Bible dans plusieurs langues. Et aujourd’hui, on a le lectionnaire, le missel romain, en fon, en goun, même en yoruba et d’autres langues du septentrion, pour que nous puissions prier ensemble.

Alors, les mathématiciens, les physiciens peuvent faire autant. Voilà, en premier point, je réponds à ces questions-là, pour que nous puissions, toutes proportions gardées, purifier nos réflexions.

Pour que nos réflexions ne soient pas des réflexions naïves, puériles ou béates, mais que nous puissions approfondir ces réflexions-là.  C’est très, très important ».

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