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Politique/Opposition et mouvance: «Des termes dépassés» selon Boni Richard Ouorou

En Afrique, le paysage politique est souvent marqué par des catégorisations strictes entre « opposition » et «mouvance », des termes qui, selon Boni Richard Ouorou, leader du mouvement libéral, nuisent au développement d’un véritable débat démocratique. Dans une récente interview accordée à Reporter Médias Monde, il livre une analyse critique de ces étiquettes qu’il qualifie de «dépassées» et appelle à une refonte du discours politique basé sur les idées plutôt que sur les camps.

Un clivage politique hérité et inadapté

Selon Ouorou, les appellations «opposition» et «mouvance» sont des vestiges d’un système politique qui ne favorise ni la clarté idéologique ni l’avancement du débat public. Il compare la situation africaine à celle des États-Unis, où les partis républicains et démocrates se positionnent clairement autour de projets de société bien définis. «Aux États-Unis, personne ne parle de l’opposition qui gagne les élections. On y parle des républicains ou des démocrates, car ces partis incarnent des visions claires et compréhensibles », explique-t-il.

En Afrique, cette logique est souvent absente. Les partis politiques sont souvent perçus comme des blocs monolithiques opposés au pouvoir en place ou soumis à lui, sans distinction idéologique. Pour Ouorou, cette dynamique perpétue une «perception faussée» des rôles des politiciens et biaise la relation entre les citoyens et leurs représentants.

Des termes qui alimentent un faux consensus

Boni Richard Ouorou met en lumière une autre conséquence négative de ces catégorisations : la tendance à opposer systématiquement toute initiative venant du camp adverse ou, à l’inverse, à accepter aveuglément tout ce qui émane du pouvoir. « Être opposant ne signifie pas simplement s’opposer par principe à tout ce qui vient de l’autre camp », affirme-t-il. Il dénonce une forme de «consensus collectif » où les camps se définissent davantage par leur opposition mutuelle que par des visions de société.

Cette logique, estime-t-il, mène à une stérilisation du débat politique. « Si nous sommes en désaccord, ce désaccord doit être basé sur des différences idéologiques claires, pas sur des affiliations vagues », ajoute-t-il. En l’absence de telles bases, les discussions deviennent improductives et servent davantage à alimenter les rivalités personnelles qu’à résoudre les problèmes sociétaux.

Pour un repositionnement idéologique clair

Le leader libéral appelle à un changement de paradigme. Selon lui, les partis politiques devraient d’abord se former autour d’une «communauté d’idées», avant même de choisir un nom ou de définir leurs stratégies. Il cite l’exemple des républicains, démocrates ou socialistes, qui, aux États-Unis et en Europe, se sont construits autour de projets idéologiques cohérents.

Pour Ouorou, cette démarche est essentielle pour restaurer la crédibilité des partis politiques en Afrique. «Ce n’est pas en nous appelant opposition ou mouvance que nous définissons notre rôle. Nous devons nous positionner clairement en tant que libéraux, républicains, socialistes ou autres, avec des projets de société compréhensibles », plaide-t-il.

Cette clarté idéologique permettrait également de mieux structurer les débats au sein des institutions législatives. Il regrette que, trop souvent, les discussions au parlement africain soient guidées par des considérations partisanes plutôt que par des projets législatifs structurés. « Lorsque les républicains vont à la Chambre des représentants, ils y vont avec un projet législatif clair. C’est ce que nous devons adopter », martèle-t-il.

Le boycott du cadre de concertation de l’opposition

Interrogé sur l’absence des libéraux au cadre de concertation de l’opposition, Boni Richard Ouorou répond sans détour : « Même si nous avions été invités, nous n’y serions pas allés tant que les choses ne sont pas clairement définies.» Pour lui, participer à ce genre de rencontres, sans une redéfinition préalable des appartenances idéologiques, revient à cautionner une forme d’«abrutissement collectif ».

En refusant de s’associer à une opposition «dépourvue de projet clair», les libéraux affirment leur volonté de changer les règles du jeu politique. Leur absence traduirait-t-elle une critique plus large du fonctionnement actuel des alliances politiques, souvent basées sur des opportunités électorales plutôt que sur des convictions partagées ?

Un message pour le futur de la politique africaine

La déclaration de Boni Richard Ouorou résonne comme un appel à une transformation profonde du paysage politique africain. En rejetant les étiquettes d’«opposition» et de « mouvance », il invite les acteurs politiques à recentrer leurs actions sur des visions de société et des projets idéologiques clairs. Ce changement, selon lui, est essentiel pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions et favoriser un dialogue démocratique plus constructif.

Pour y parvenir, il faudra plus qu’un simple changement de terminologie. Il s’agira de bâtir des partis solides, ancrés dans des idées et capables de proposer des solutions adaptées aux défis de leur époque. Le défi est immense, mais comme le souligne Ouorou, « c’est seulement en changeant les règles du jeu que nous pourrons transformer le débat politique en Afrique. »

La sortie de Boni Richard Ouorou pourrait souligner la nécessité de repenser le jeu politique en Afrique. En refusant de s’inscrire dans les catégories d’«opposition » et de « mouvance », les libéraux affirment leur volonté d’instaurer un débat politique basé sur les idées et non sur les camps. Une démarche qui, si elle est adoptée à grande échelle, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère pour la démocratie africaine.

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