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Bénin/En route vers la Criet : Ce qui est reproché au Général Houndegnon

Le Général Louis Philippe Houndegnon a été auditionné dans les locaux de la Brigade Criminelle avant sa présentation à la Criet. Des étapes et parcours devenus  ordinaires pour tous ceux qui osent opiner sur la gouvernance en République très Spéciale du Bénin. De l’audition on retient les éléments ci-après: – Atteinte à la sûreté de l’état, – ⁠Harcèlement par voie électronique,  ⁠Occultisme sur la personne du chef de l’état,  ⁠10 vielles cartouches retrouvés au domicile, et proposition de coup d’Etat. C’est autour de ces éléments que vont tourner probablement les débats à venir. Grâce à ses grandes oreilles et ses grands yeux, AtaviDjo vous raconte.

Intrusion au domicile du Général Houndégnon : une arrestation controversée

Cotonou est en ébullition depuis la nuit de mercredi à jeudi. Une scène, rapportée comme surréaliste, s’est déroulée au domicile du Général Louis Philippe Houndégnon, une figure bien connue pour sa défense farouche de la Constitution du Bénin. Tard dans la nuit, une unité d’intervention armée pénètre chez lui par effraction, déclenchant une série d’événements qui remettent en question le respect des droits fondamentaux et l’indépendance des figures publiques. La perquisition de son domicile, faite sans mandat, a débouché sur des accusations aux allures improbables, révélant la fragilité du dialogue entre État et opposition au Bénin.

Une arrestation nocturne sans mandat : le délit « flagrant » invoqué

La nuit tombe sur Cotonou, et, sans avertissement, des policiers escaladent les murs du domicile du Général Houndégnon. Lorsque l’ancien haut-gradé, fidèle à son engagement envers le respect du droit, demande un mandat, la réponse qu’il reçoit surprend : les agents parlent de flagrant délit, arguant que leur mission de perquisition et d’arrestation découle d’une urgence. Cette explication laisse perplexe, d’autant que la loi béninoise définit le flagrant délit comme un crime qui se commet ou vient d’être commis, une notion qui paraît inappropriée dans ce contexte.

Le Général, connu pour sa posture de non-violence et de respect de la loi, accepte néanmoins de se soumettre à cette intrusion, rappelant qu’il a souvent déclaré ne pas opposer de résistance à ceux qui voudraient l’arrêter pour ses opinions. Ce positionnement non-violent est au cœur de sa démarche en tant que défenseur de la Constitution de 1990, document fondateur de la démocratie béninoise qu’il a toujours défendu, même face aux pressions. Il admet son arrestation ainsi que la perquisition de son domicile, en l’absence de tout mandat et notification, d’autant que toute forme de résistance pourrait conduire à de fâcheux incidents, en témoigne le communiqué d’urgence de son Cabinet, dont extrait : «Nous informons avec une extrême gravité le peuple béninois, la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains que le Général Louis Philippe Houndégnon est actuellement sous la menace d’une opération dont le but apparent serait de l’abattre. Un commando armé a pénétré illégalement dans sa résidence en escaladant les murs et se trouve actuellement à l’intérieur du domicile du Général».

Une perquisition à huis clos : de vieilles cartouches et des écrits politiques controversés

À l’intérieur du domicile du Général, les policiers procèdent à une fouille minutieuse, bien que réalisée sans mandat officiel. Le résultat de cette perquisition soulève autant de questions que de suspicions. Dans un coin de la maison, les forces de l’ordre découvrent une dizaine de vieilles cartouches, vestiges d’une époque militaire. Pourtant, ces objets, bien que trouvés dans des affaires personnelles anciennes, sont rapidement inclus dans le dossier sous la mention « atteinte à la sûreté de l’État ». L’accusation paraît, selon certains, construite sur des bases fragiles, et la simple présence de vieilles cartouches dans le foyer d’un militaire n’implique pas nécessairement une intention subversive.

Dans un oratoire, destiné à ses prières et méditations, les enquêteurs tombent sur de petits morceaux de papier comportant des mots explicites tels que «Dégage, Talon» et «Talon, Dégage». Les interprétations fusent. Pour les autorités, il pourrait s’agir de preuves d’une opposition déterminée contre le chef de l’État, alors que, selon ses proches, ces écrits ne sont que des expressions privées, non destinées à une utilisation publique. Cependant, ils sont utilisés pour alimenter la charge d’«occultisme sur la personne du chef de l’État», une accusation qui renvoie à des pratiques superstitieuses et alimente les soupçons autour de la personnalité du Général.

Harcèlement électronique et proposition de coup d’État: une cascade d’accusations

Le dossier s’épaissit avec d’autres chefs d’accusation, notamment celui de harcèlement par voie électronique. Ce terme vague laisse entendre que toute critique ou opinion exprimée sur les réseaux sociaux pourrait constituer un acte répréhensible, surtout lorsqu’il s’agit de figures publiques. Au-delà de cela, le Général aurait mentionné avoir été approché par des personnes qui l’auraient sollicité pour participer à un coup d’État, une offre qu’il aurait refusée. Mais cette simple déclaration devient elle-même une charge, celle de «proposition de coup», malgré son refus explicite de s’engager dans une telle entreprise.

Le contexte politique : une tension sous-jacente

Cette arrestation intervient dans un climat politique tendu où l’expression des opinions devient de plus en plus risquée pour les personnalités publiques et les citoyens ordinaires. Le Général Houndégnon, fervent défenseur des principes démocratiques et constitutionnels, est devenu une voix dissidente face à ce qui est perçu par certains comme des dérives autoritaires. Dans un communiqué publié en urgence, son cabinet a exprimé une inquiétude vive, informant la communauté nationale et internationale que la vie du Général était en danger en raison de ses positions publiques.

L’opération nocturne au domicile du Général met en lumière les tensions profondes au sein du Bénin, où l’espace pour l’opposition se réduit et où les mesures d’intimidation semblent prendre le pas sur les droits fondamentaux. Les accusations portées contre le Général Houndégnon sont symptomatiques d’un malaise plus large, celui d’un État où la sécurité et les libertés publiques peinent à trouver un équilibre.

Des réactions divisées et une mobilisation internationale attendue

Les répercussions de cet événement s’annoncent importantes pour l’opinion publique et la scène politique béninoise. Si les partisans du Général crient à l’injustice et voient dans cette arrestation une tentative de faire taire un opposant, d’autres défendent l’action des forces de l’ordre, arguant que les mesures prises visent à maintenir la sécurité nationale. Pourtant, la communauté internationale est appelée à réagir face à ce qu’une partie de la société perçoit comme une dérive autoritaire. La perquisition sans mandat et les accusations reposant sur des éléments controversés mettent en évidence un besoin urgent de transparence et de respect des droits au sein du système judiciaire béninois.

Une affaire symptomatique de l’état de la démocratie béninoise

L’arrestation du Général Louis Philippe Houndégnon révèle des failles inquiétantes dans la manière dont le Bénin traite la dissidence et les libertés fondamentales. Cette affaire, avec ses accusations de sédition, d’occultisme, et de harcèlement, marque un point de tension dans le parcours politique du pays. Les accusations portées, bien que surprenantes, sont le reflet d’une société en pleine mutation, où l’équilibre entre liberté d’expression et autorité de l’État semble de plus en plus précaire.

Les prochaines réactions de la justice, ainsi que la pression internationale, seront déterminantes pour l’avenir du Bénin en tant que nation démocratique. En attendant, l’affaire du Général Houndégnon restera dans les mémoires comme un cas emblématique des défis que le Bénin doit surmonter pour garantir un environnement où l’opposition peut s’exprimer sans crainte d’intimidation ni de répression.

Par AtaviDjo

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