Dans une alerte, l’ancien député et ministre Djènontin Agossou Valentin a dénoncé ce qu’il considère comme un hold-up électoral imminent pour les élections générales de 2026 au Bénin relativement à la désignation des chefs de villages et quartiers. Selon lui, les dispositions récentes du Code électoral, notamment la désignation des chefs de villages et quartiers sur la base des résultats des élections de 2020, préfigurent une manipulation des résultats électoraux. Il appelle à une mobilisation citoyenne pour sauver la démocratie béninoise.
Le 21 novembre 2024, Djènontin Agossou Valentin, ancien député et ministre, a lancé un cri d’alerte sur la situation politique et électorale du Bénin. Son message, adressé aux citoyens béninois, met en lumière les inquiétudes croissantes concernant les manipulations électorales qui se dessinent à l’horizon des élections générales prévues en 2026.
Dans sa déclaration, Djènontin s’interroge sur la nécessité de se taire face aux dérives politiques et l’absence de réaction face à un code électoral qu’il qualifie de «néfaste». Selon lui, le pays se dirige vers une parodie d’élections où les résultats seraient déjà manipulés avant même que le vote ne se tienne.
Le point central de sa critique porte sur la désignation des chefs de villages et quartiers, un processus qui, selon lui, est manipulé pour favoriser les partis de la mouvance présidentielle et empêcher l’opposition d’avoir toute influence sur le terrain. Pour Djènontin Agossou Djènontin, ce processus met en péril la transparence et l’intégrité des élections à venir.
Le Code électoral : une loi manipulée pour servir un objectif
L’élément déclencheur de la prise de parole de Djènontin est l’article 210 nouveau du Code électoral béninois, qui stipule que les chefs de villages et de quartiers seront désignés en se basant sur les résultats des élections communales de 2020. Cette disposition, selon lui, est un stratagème pour assurer un contrôle total des élections par les partis de la mouvance présidentielle.
En effet, en 2020, seuls les partis proches du pouvoir, tels que l’Union Progressiste (UP), le Bloc Républicain (BR), et quelques autres formations de la mouvance, étaient présents sur le terrain lors des élections communales. L’opposition, elle, avait décidé de boycotter ce scrutin, considérant que les conditions de son déroulement étaient biaisées.
Djènontin souligne qu’en imposant une désignation des chefs de villages basée sur ces résultats, le gouvernement prévoit en réalité de se partager entre les partis de la mouvance les 5 295 villages du Bénin. En d’autres termes, ces chefs de villages deviendront les bras exécutants des partis au pouvoir, leur permettant ainsi de contrôler les élections à la base, de la distribution des cartes d’électeurs jusqu’à l’organisation des bureaux de vote.
Cette disposition rétroactive, selon lui, constitue une « manipulation juridique » qui fait fi des principes démocratiques. La désignation des chefs de villages sur la base des résultats des élections de 2020 reviendrait à valider un système de gouvernance où l’opposition serait exclue à tous les niveaux, fragilisant ainsi la représentation équitable des citoyens.
Les risques d’un état capturé et la nécessité d’une mobilisation citoyenne
Dans son analyse, Djènontin Agossou Valentin va au-delà des aspects techniques du code électoral pour dénoncer la concentration du pouvoir entre les mains de quelques acteurs politiques. Il avertit que si cette situation persiste, le Bénin risque de se retrouver dans une situation de « démocratie capturée », où l’opposition serait complètement marginalisée et les élections de 2026 totalement biaisées.
Pour l’ancien ministre, cette manipulation pourrait transformer les élections à venir en une mascarade où les résultats seraient préfabriqués avant même le jour du vote. Les chefs de villages, désormais soumis à l’autorité des partis de la mouvance, deviendraient des instruments de fraude électorale, facilitant ainsi les opérations de manipulation des votes, les intimidations et les fraudes.
L’appel à la mobilisation est clair : « Ce n’est pas en courant derrière des élections que nous sauverons notre démocratie, mais en combattant ce code électoral. » Pour Djènontin Agossou Valentin, l’objectif n’est pas de se contenter de participer à un processus déjà corrompu, mais bien de lutter contre ce système avant qu’il ne soit trop tard.
Ce cri d’alerte s’inscrit dans un contexte où la politique béninoise semble de plus en plus polarisée, et où de nombreux acteurs de l’opposition dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une dérive autoritaire du gouvernement en place. L’ancien ministre invite donc la population à prendre conscience de ce qui se prépare et à s’organiser pour défendre la démocratie béninoise.
Un système électoral dérangé : l’appel de Djènontin et l’avenir de la démocratie béninoise
Le combat de Djènontin Agossou Valentin est une lutte pour l’intégrité des institutions démocratiques du Bénin. Selon lui, ce n’est pas seulement un combat politique, mais un combat pour la justice et la vérité. Le code électoral, tel qu’il est rédigé aujourd’hui, met en danger la cohésion sociale et la paix dans le pays. La désignation rétroactive des chefs de villages et quartiers crée un précédent dangereux où les processus électoraux deviennent une simple formalité, une façade pour un système déjà verrouillé.
Les accusations de Djènontin sont graves : il dénonce un système qui cherche à rendre les élections de 2026 « truquées dès le départ ». Selon lui, ce qui se joue actuellement est bien plus qu’une simple réforme électorale : c’est un processus de verrouillage du pouvoir qui exclut toute opposition.
Cependant, si le message de Djènontin est d’une grande force, il soulève aussi des questions importantes sur les voies à suivre pour éviter un tel scénario. En appelant à la résistance contre ce code, Djènontin invite également la société civile, les journalistes, les acteurs politiques, et l’ensemble des citoyens à s’engager pour préserver l’essence de la démocratie.
Le véritable défi, à ce jour, reste de savoir si cette alerte sera entendue et si une mobilisation efficace pourra réellement contrecarrer les projets de manipulation électorale. Le Bénin se trouve à un tournant crucial de son histoire politique, et la vigilance des citoyens et des acteurs de la démocratie sera plus que jamais déterminante pour l’avenir de son système électoral.
Dans un climat politique tendu, la question reste ouverte : le Bénin parviendra-t-il à préserver ses acquis démocratiques ou sera-t-il contraint de subir un hold-up électoral orchestré depuis le sommet de l’État ?
TRANSCRIPTION DE L’ELEMENT AUDIO DE MONSIEUR DJENONTIN
Mes chers compatriotes béninois, je me demande, est-ce qu’il faut que je me prononce ou est-ce qu’il faut que je me taise ?
Et lorsque je vois tous les commentaires suite à mes interventions, mais étant donné que je fais un combat de conviction, et que ce que je dis, c’est souvent des inspirations que Dieu me donne, je ne peux pas me taire. Je ne peux pas me taire tant que le Bénin ne sera pas délivré.
Je ne peux pas me taire tant que les acquis démocratiques ne soient pas restaurés.
Il m’a été donné de lire tout à l’heure qu’il y a une cérémonie officielle de remise de la liste des localités à la CENA ce jour, jeudi 21 novembre 2024.
Voyez-vous, le code électoral doit être combattu avec énergie.
D’abord, la loi sur laquelle elle est fondée, la Constitution de 2019, est une constitution inexistante au regard des arrêts de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Mais les dispositions de ce code sont si néfastes pour la paix et la cohésion sociale que nous devons le combattre de toute notre énergie. Et c’est là le combat qu’il faut faire. C’est ça le combat. C’est de combattre ce code. Notre combat, ce n’est pas de courir pour dire «on veut aller aux élections». Notre combat doit être de combattre ce code pour empêcher un troisième mandat ou un troisième mandat déguisé.
Et je vous l’explique.
Vous savez, le code électoral, en son article 201 nouveau, on dit : le chef d’un village ou d’un quartier de ville est désigné par le parti ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages valablement exprimés dans ce village ou quartier de ville et éligible à l’attribution des sièges. Lorsque je m’en tiens à ça, on a reconnu clairement ici que le cadre électoral à la circonscription reconnue pour la désignation du chef du village et le village.
Et pourquoi, lorsqu’il s’agit des conseillers communaux, on met un taux au plan national.
Pourquoi, lorsqu’il s’agit des députés, on met un taux au plan national, même un taux par circonscription électorale. Ma préoccupation n’est même pas là.
Ma préoccupation est relative à la procédure de désignation des chefs du village et les risques qui sont derrière, ou du moins les mobiles qui sont derrière cette affaire.
Vous savez, c’est l’article 210 nouveau du Code. Je faisais un travail là-dessus, je n’ai pas fini.
Quand j’ai vu cette affaire-là, j’ai dit, il faut que je me prononce.
L’article 210 nouveau dit, à l’entrée en vigueur de la présente loi, les chefs de villages et de quartiers de villes sont désignés sur la base des résultats des élections communales de 2020.
Non, vous n’avez pas entendu.
Article 210 nouveau, à l’entrée en vigueur de la présente loi, les chefs de villages et de quartiers de villes sont désignés sur la base des résultats des élections communales de 2020.
Depuis 2019, dans leur Constitution révisée, c’est-à-dire, dans le Code électoral de 2019, dans le Code électoral de mars 2024, on savait très bien que les élections groupées, les élections générales, sont pour 2026.
Et pourquoi on a pris une disposition rétroactive pour dire que les chefs de villages vont être désignés par, en se basant sur, les résultats des élections communales de 2020 ?
Lorsqu’on sait qu’en 2020, il n’y a eu que les partis de la mouvance aux élections communales.
Il y avait UP, il y a BR, il y a FCBE. Vous allez me dire que le FCBE est un parti de l’opposition.
Je ne veux même pas aller sur ce terrain parce que je fus le secrétaire exécutif national élu du FCBE.
Parce que j’ai refusé de vendre le parti. On sait ce que le parti est devenu et comment on a organisé ce folklore de dialogue politique et comment le FCBE a continué aujourd’hui.
Donc, les trois partis, ce sont des partis de la mouvance présidentielle.
Et on met dans un code que c’est un parti des élections de 2020, où aucun parti d’opposition n’a été. C’est à la base de cinq résultats qu’on va désigner les chefs de villages et les chefs de quartiers.
Et vous savez très bien que le Bénin compte 5295 villages et trois partis de la mouvance vont se permettre de désigner ces chefs de villages.
Mes chers amis, mes chers camarades, est-ce que vous comprenez ce qui est en train d’être concocté pour 2026 ?
Les élections de 2026. Vous connaissez bien le rôle déterminant des chefs de villages, des chefs de quartiers, dans le cadre de l’organisation des élections.
Aucun parti d’opposition ne sera représenté à la base. On sait déjà que c’est la CENA qui va désigner les coordonnateurs et tout ça.
Et encore aujourd’hui, maintenant, tous les chefs de villages sont de la mouvance.
Est-ce que vous comprenez que c’est déjà les élections de 2026 ?
Le trucage des élections de 2026 qui est un téléchargement comme ça ?
Et lorsque je parle, il y a des gens qui se permettent de dire oui, je ne te raconte n’importe quoi, il faut l’attaquer, il faut faire ça, il faut faire ça.
Chères autorités béninoises, le Bénin ne vous appartient pas. En 2020, l’opposition n’était pas aux élections communales. Pourquoi vouloir sortir des élections groupées de 2026, l’élection ou la désignation des chefs de village ?
Et on se précipite de le faire maintenant. On a mis une disposition rétroactive dans la loi, comme sous-bassement juridique, pour procéder à ce hold-up.
Et c’est trois parties qui vont se partager les 5295 chefs de village, et c’est en préparation des élections groupées de 2026.
Ceux-là vont servir de bras opérationnels sur le terrain pour les trucages, pour les magouilles, pour les mascarades. Nonobstant, toutes les dispositions néfastes déjà contenues dans ce code. Quand est-ce que nous allons nous réveiller pour le bon combat ?
Ô Seigneur, prends pitié de ton peuple.
Je suis Djènontin Agossou Valentin
Jeudi 21 novembre 2024.