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Marché moderne, routes obsolètes: Abomey-Calavi face à ses paradoxes

La ville d’Abomey-Calavi arbore désormais un marché aux finitions impeccables, véritable symbole du renouveau structurel sous la présidence de Patrice Talon, décrit avec emphase Boni Richard Ouorou et qui s’empresse d’ajouter que sans une amélioration drastique des voies d’accès, cet investissement pourrait vite s’avérer inutile. Décryptage d’un paradoxe économique et structurel.

NDLR/Le nouveau marché de Calavi, véritable joyau architectural, fait sensation depuis son inauguration. Imposant par sa grandeur et son esthétique soignée, ce marché reflète l’ambition de Patrice Talon pour un Bénin moderne, avec des infrastructures qui rivalisent avec celles des grandes métropoles africaines. Selon Boni Richard Ouorou, Président du Mouvement Libéral, ce marché marque une « nouvelle orientation en matière d’infrastructure et de développement structurel : la qualité ». Une reconnaissance implicite de l’évolution positive que connaît le pays sous le régime actuel.

Pourtant, derrière cet éloge, Ouorou met en garde contre un danger imminent : l’absence de mesures d’accompagnement, notamment en matière d’infrastructures routières, pourrait compromettre le succès de ce projet ambitieux. «Nous avons mis la charrue avant les bœufs», avertit-il avec gravité, rappelant que l’accès à Calavi est aujourd’hui ralenti par une congestion routière grandissante, accentuée par le manque d’échangeurs modernes et de voies de contournement.

Un marché sans accès, une économie asphyxiée

En se plongeant dans les réalités économiques du Bénin, Ouorou pointe un paradoxe : «Si nous ne prenons pas rapidement des initiatives, notamment la construction d’un nouvel échangeur ou l’ouverture d’une voie inter-État entre Cotonou et Calavi, ce marché pourrait perdre sa clientèle.» Et pour cause, la clientèle sous-régionale, essentielle à la survie économique de ce marché, dépend principalement de l’aéroport de Cotonou et du réseau routier pour s’y rendre.

Ce constat révèle un enjeu clé : la viabilité économique de ce marché est intrinsèquement liée à la fluidité des infrastructures. Si le trajet entre Cotonou et Calavi continue de se dégrader, les commerçants risquent de voir leur clientèle se détourner vers d’autres centres, plus accessibles, causant des pertes financières importantes. Dans ce contexte, il devient urgent de repenser la planification des infrastructures de transport pour éviter ce que l’on pourrait appeler un «gâchis monumental».

Un risque pour l’économie nationale

Ouorou ne s’arrête pas là. Il soulève un autre point capital : le risque de voir les habitudes d’achat des consommateurs changer durant cette période de transition. « Il aurait été judicieux d’inaugurer le marché en même temps que les nouvelles infrastructures routières », déplore-t-il. À travers cette observation, il met en lumière un phénomène bien connu des économistes : lorsque les infrastructures ne suivent pas, les flux économiques s’épuisent, et le commerce s’affaiblit.

L’appel de Ouorou est clair : il faut agir. « Agissons rapidement pour que notre investissement porte ses fruits », exhorte-t-il. Dans ses mots transparaît un sentiment d’urgence. Chaque jour qui passe sans que ces infrastructures ne soient mises en place représente une menace non seulement pour le marché de Calavi, mais aussi pour l’économie nationale.

Une vision à long terme nécessaire

L’interpellation de Boni Richard Ouorou est une de piqûre de rappel à tous les décideurs: la beauté d’un projet ne suffit pas à en garantir le succès. La modernité doit s’accompagner d’une réflexion économique et structurelle approfondie. À travers cette réflexion, c’est tout un pays qui doit apprendre à mettre en place des infrastructures cohérentes et à anticiper les besoins futurs.

Alors que le marché de Calavi se dresse fièrement au milieu d’une région en plein développement, la question de son avenir reste en suspens. Le temps nous dira si les routes qui y mènent seront à la hauteur de son ambition. Pour l’heure, l’appel à l’action est lancé.

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Le texte de Boni Richard Ouorou

« D’un point de vue économique, il est essentiel d’envisager des mesures d’accompagnement
pour garantir la viabilité de ce marché »

Chers amis, J’ai été impressionné par les images du nouveau marché construit à Calavi, qui se distingue par sa grandeur et sa qualité. Il est indéniable que, par rapport à ses prédécesseurs, Patrice Talon a un sens du design et de la finition qui mérite d’être reconnu. Ce marché, majestueux, symbolise une nouvelle orientation en matière d’infrastructure et de développement structurel dans notre pays : la qualité. Cependant, je reste convaincu que nous avons mis la charrue avant les bœufs. D’un point de vue économique, il est essentiel d’envisager des mesures d’accompagnement pour garantir la viabilité de ce marché. Si nous ne prenons pas rapidement des initiatives, notamment la construction d’un nouvel échangeur ou l’ouverture d’une voie inter-État entre Cotonou et Calavi, ce marché pourrait perdre sa clientèle, ce qui entraînerait des pertes économiques substantielles. Il est important de considérer que la clientèle du marché est majoritairement sous-régionale, accédant à Calavi principalement depuis l’aéroport par la route. Actuellement, le trajet vers Calavi est devenu plus complexe et long. En raison de la congestion routière, il aurait été judicieux d’inaugurer le marché en même temps que les nouvelles infrastructures routières. Sinon, il y a un risque que les consommateurs modifient leurs habitudes d’achat pendant la période de transition, ce qui pénaliserait les commerçants et, par conséquent, une partie de notre économie. Il est urgent d’accélérer les travaux de cette nouvelle route reliant Calavi afin d’assurer le bon fonctionnement de ce marché. Agissons rapidement pour que notre investissement porte ses fruits et que notre économie continue de croître. Je vous souhaite une excellente semaine,

Prenez soin de vous.

Boni Richard Ouorou Président mouvement libéral Benin

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