Dans un texte posté sur sa page Facebook, Boni Richard Ouorou fustige la nouvelle réglementation imposant une fiche de convoyage pour les produits agricoles au Bénin. Cette mesure, qu’il juge mal conçue et mal appliquée, suscite interrogations et frustrations. L’auteur va plus loin, insinuant une possible animosité interne au sein de l’équipe de Patrice Talon.
NDLR/La nouvelle réglementation sur le transport des produits agricoles au Bénin, obligeant les producteurs à obtenir une fiche de convoyage, continue de faire des vagues. Pour Boni Richard Ouorou, cette mesure est non seulement impopulaire, mais également révélatrice de dysfonctionnements plus profonds. Les agriculteurs, déjà accablés par des conditions de vie précaires, se voient imposer des contraintes administratives supplémentaires, les obligeant à se déplacer vers des centres urbains pour se conformer à cette exigence.
Cette mesure heurte de plein fouet une population rurale déjà fragilisée par des décisions politiques souvent jugées déconnectées de leurs réalités. Pour Ouorou, l’approche choisie est non seulement inefficace, mais elle risque de nourrir davantage la méfiance des citoyens envers leurs dirigeants. En somme, l’État semble déléguer ses responsabilités aux agriculteurs, renforçant un sentiment d’abandon.
Un État paresseux ou mal avisé ?
Dans son analyse, Boni Richard Ouorou critique vivement l’apparente passivité des autorités dans la mise en œuvre de cette réglementation. Il estime qu’un État digne de ce nom ne peut se permettre de déléguer des tâches cruciales à des citoyens qui n’ont ni les moyens ni le mandat pour les assumer. Plutôt que de forcer les agriculteurs à faire le trajet pour obtenir leurs fiches de convoyage, Ouorou suggère une solution plus pragmatique: identifier en amont les producteurs et leur distribuer ces titres directement.
Cette critique met en lumière un problème récurrent dans la gestion publique: l’absence de mécanismes efficaces et d’une planification rigoureuse pour accompagner les réformes. Dans un pays où l’agriculture est un pilier économique, cette gestion hasardeuse s’apparente à un risque calculé qui pourrait avoir des répercussions désastreuses.
Des intentions louables, mais une mise en œuvre défaillante
Ouorou reconnaît que la mesure pourrait avoir des intentions louables, telles que la régulation et la sécurisation du transport des produits agricoles. Cependant, il fustige la mise en œuvre, qu’il décrit comme chaotique et mal pensée. En multipliant les règlements ambigus et inefficaces, les autorités semblent creuser un fossé entre elles et la population, minant ainsi la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Selon l’auteur, ce type de maladresse administrative contribue à alimenter un sentiment d’injustice. Les agriculteurs, déjà méfiants envers les autorités à cause de précédents incidents, voient dans cette mesure une attaque supplémentaire contre leur dignité et leur autonomie. Une approche plus empathique, plus humaine, aurait permis de désamorcer ces tensions.
Une animosité interne qui interroge
L’un des passages les plus intrigants du texte de Boni Richard Ouorou concerne une hypothèse audacieuse: l’existence d’une animosité interne au sein de l’équipe dirigeante. Il laisse entendre que certains membres de l’entourage de Patrice Talon, voire le ministre directement impliqué, pourraient agir avec une intention délibérée de discréditer le président.
Cette accusation soulève des questions sur la cohésion et la loyauté au sein du gouvernement. Si elle est avérée, cette hypothèse pourrait expliquer l’adoption de décisions qui semblent en contradiction avec l’image d’un État fort et soucieux du bien-être de ses citoyens. Une telle situation, si elle perdure, risquerait d’affaiblir la gouvernance et de compromettre des réformes pourtant cruciales.
Un appel à la vigilance et à la responsabilité
Face à ce qu’il considère comme une dérive administrative, Ouorou lance un appel à la vigilance. Il exhorte les autorités à revoir leur copie et à éviter de sombrer dans le chaos. Pour lui, l’heure est venue de repenser les politiques publiques en tenant compte des réalités du terrain et des aspirations des populations concernées.
Son plaidoyer va au-delà d’une simple critique. Il invite à une réflexion collective sur la manière dont les réformes doivent être élaborées et mises en œuvre. Cela implique non seulement une meilleure écoute des citoyens, mais aussi une plus grande rigueur dans l’exécution des décisions.
Des réformes nécessaires, mais à quel prix ?
Le texte de Boni Richard Ouorou reflète une tension croissante entre le besoin de moderniser les pratiques agricoles et la réalité vécue par les agriculteurs. Si des réformes sont nécessaires pour sécuriser le transport des produits et réguler les flux économiques, elles ne peuvent être imposées au détriment des populations les plus vulnérables.
Ce paradoxe illustre une dynamique plus large dans de nombreux pays africains : comment concilier la modernisation et la protection des droits des citoyens ? Pour Ouorou, la réponse réside dans une gouvernance plus inclusive, capable d’anticiper les conséquences sociales et économiques des réformes avant leur mise en œuvre.
Un défi pour la gouvernance de Patrice Talon
La fiche de convoyage, aussi anodine qu’elle puisse paraître, devient un symbole des failles dans la gestion publique au Bénin. À travers son texte, Boni Richard Ouorou met en lumière les conséquences d’une approche administrative mal pensée, tout en pointant des enjeux plus profonds de cohésion gouvernementale et de légitimité politique.
Ce texte, loin d’être un simple pamphlet, invite à une introspection collective sur les pratiques de gouvernance. Il rappelle que l’efficacité d’une réforme ne réside pas uniquement dans ses intentions, mais aussi dans sa capacité à répondre aux besoins réels des citoyens. Alors que les agriculteurs peinent à comprendre et à accepter cette mesure, l’État béninois se retrouve face à un dilemme : persister dans une voie contestée ou s’adapter pour regagner la confiance de ceux qu’il est censé servir.
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Le texte de Boni Richard Ouorou
« Avec du recul, j’ai pris le temps d’écouter les messages, ainsi que de suivre l’actualité concernant la nouvelle réglementation sur le transport des produits agricoles. Avant d’approfondir mes réflexions et de formuler une critique plus détaillée accompagnée de propositions, je souhaite exprimer une préoccupation.
Il semble que certains membres de son équipe, voire le ministre lui-même, nourrissent une certaine animosité à l’égard de Patrice Talon. Si le ministre a accepté cette réglementation en l’état, cela soulève des questions quant à sa capacité à appréhender pleinement la situation, ce qui est préoccupant pour un chef d’État.
En effet, cette réglementation s’ajoute à une série de règlements peu efficaces et ambigus, qui nuisent à la confiance des citoyens envers une gestion sensée, axée sur leur bien-être. Il est inacceptable de demander à des agriculteurs vivant éloignés des centres urbains, et déjà méfiants à l’égard des autorités en raison de précédents incidents, de se déplacer pour obtenir des titres de transport. Il aurait été plus judicieux d’identifier les producteurs et de leur distribuer ces titres en amont.
Un État ne doit pas être paresseux, doit prendre ses responsabilités et ne pas déléguer des tâches à des agriculteurs qui n’ont pas reçu de mandat pour cela.
Bien que l’intention de base puisse être louable, la mise en œuvre actuelle laisse à désirer et pourrait nous conduire au chaos, ce qu’il convient d’éviter à tout prix ».
Boni Richard Ouorou ❤