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Bénin/Le parti « Les Démocrates »  dénonce un durcissement du Code électoral et une justice sous influence

Dans un communiqué officiel, le parti d’opposition «Les Démocrates»  s’est prononcé sur les récents développements politiques et judiciaires qui secouent le Bénin. Pointant du doigt un durcissement du Code électoral et une justice instrumentalisée, le parti dénonce un recul démocratique préoccupant.

NDLR/Alors que le président Patrice Talon s’était engagé à assurer une alternance politique pacifique en 2026, les nouvelles réformes électorales adoptées par le Parlement sont perçues par « Les Démocrates » comme une tentative de verrouillage du jeu politique en faveur des partis proches du pouvoir. Sur le plan judiciaire, le parti critique vivement le verdict de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) dans une affaire d’atteinte présumée à la sûreté de l’État. Selon « Les Démocrates« , ces décisions judiciaires révèlent une justice sélective, utilisée comme outil de répression politique. À moins d’un an des prochaines élections générales, cette sortie médiatique illustre l’inquiétude d’une opposition qui voit ses marges de manœuvre se réduire.

Un Code électoral contesté : verrouillage ou simple réforme ?

Le point central du communiqué réside dans la modification du Code électoral du 5 mars 2024, une réforme perçue comme une entrave à la démocratie par « Les Démocrates« .

Ce que prévoit la réforme :

  • Introduction d’un accord de gouvernance entre les partis UPR et BR (favorables au pouvoir), leur permettant de contourner l’exigence d’obtenir 20 % des suffrages exprimés dans chaque circonscription pour accéder aux sièges parlementaires.
  • Durcissement des conditions d’attribution des sièges, rendant plus difficile la percée des formations politiques non affiliées à la majorité présidentielle.

Pour « Les Démocrates« , cette réforme fausse le jeu démocratique en créant une passerelle artificielle pour des partis qui ne réuniraient pas seuls les conditions nécessaires à leur maintien sur l’échiquier politique. Le parti y voit une usurpation de la souveraineté populaire, au profit d’une élite politique cherchant à conserver son pouvoir au détriment du pluralisme.

Si le gouvernement justifie ces réformes par la nécessité de stabiliser le paysage politique et d’éviter la fragmentation électorale, l’opposition y décèle une tentative de renforcer la mainmise du régime sur les institutions.

Une justice sous influence ? Le spectre d’un instrument politique

Outre la contestation du Code électoral, Le parti « Les Démocrates » dénonce une justice politisée, qui manquerait d’indépendance face à l’exécutif. L’affaire qui alimente leur critique est le procès pour atteinte présumée à la sûreté de l’État, jugé par la CRIET le 30 janvier 2025. Le parti relève plusieurs irrégularités dans la procédure, notamment :

  • Un procès mené avec une rapidité inhabituelle, alors que d’autres dossiers judiciaires, comme celui de la disparition de quatre milliards de FCFA à la Direction Générale des Impôts, traînent depuis cinq ans.
  • Le refus d’accorder aux accusés le droit de choisir librement leurs avocats, une violation du droit à la défense pourtant garanti par la Constitution.
  • Des précédents judiciaires inquiétants, rappelant les affaires de Réckia Madougou et Joël Aïvo, figures de l’opposition condamnées par la CRIET dans des procès jugés politiques.

« LD«   dénonce une justice sélective, où les adversaires du pouvoir sont poursuivis et condamnés rapidement, tandis que d’autres affaires sensibles, impliquant des proches du régime, s’enlisent dans des lenteurs procédurales. Selon le parti « Les Démocrates« , cette situation fragilise les bases démocratiques du pays et met en péril l’équilibre des pouvoirs, essentiel à toute République fonctionnelle.

Un appel au dialogue, mais quelles perspectives ?

Face à cette situation, « LD«  appelle le président Talon à engager un dialogue politique sincère. Le parti exhorte le chef de l’État à respecter ses engagements pris devant ses députés le 22 janvier 2024, lorsqu’il affirmait vouloir garantir une alternance pacifique à l’issue de son second mandat. Cependant, cet appel au dialogue pose une question cruciale : le gouvernement est-il prêt à ouvrir un espace de discussion avec une opposition qu’il a longtemps marginalisée ? Pour l’instant, aucun signal fort n’indique une volonté du pouvoir d’assouplir le cadre politique.

Les réformes adoptées et les décisions judiciaires controversées semblent plutôt confirmer une volonté de resserrer le contrôle sur les institutions avant les élections générales de 2026. Si le dialogue demeure une option souhaitable pour apaiser le climat politique, le parti «Les Démocrates»  devra faire face à un exécutif qui, jusqu’ici, a démontré une main ferme dans la gestion du pouvoir.

Entre résignation et mobilisation : quel avenir pour l’opposition ?

Le ton du communiqué trahit une opposition sous pression, tiraillée entre la nécessité de dénoncer les dérives du pouvoir et la crainte de subir de nouvelles répressions. L’histoire politique récente du Bénin démontre que toute contestation ouverte expose ses auteurs à des risques judiciaires. Dans un contexte où le pouvoir affiche une volonté ferme de conserver son emprise, Les Démocrates devront intensifier leurs efforts pour rallier l’opinion publique, sensibiliser la communauté internationale et peser sur les échéances électorales à venir. Car au-delà de la simple contestation, seule une opposition structurée, cohérente et capable d’incarner une véritable alternative pourra espérer changer la donne. À l’approche de 2026, les obstacles restent nombreux, mais la lutte pour une démocratie plus ouverte, équitable et inclusive demeure plus cruciale que jamais.

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