Le président du Parti Le Libéral, M. Boni Richard Ouorou, a été arrêté ce jeudi 15 mai aux environs de 19 heures, au siège du parti à Cotonou. Plusieurs militants et des journalistes présents sur les lieux ont également été interpellés. L’opération, menée par la Police républicaine, survient dans un climat de crispation institutionnelle autour de la récente reconnaissance officielle du parti, obtenue moins d’un mois plus tôt.
Selon les informations recueillies, le procureur spécial de la CRIET (Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme) devrait donner un point de presse ce vendredi, pour expliquer les motifs précis de cette intervention. En l’absence de communication judiciaire officielle pour le moment, les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux, alimentées par la personnalité très active de M. Ouorou, notamment sur la plateforme Meta. Les commentaires favorables et critiques se multiplient à son sujet, reflétant la polarisation qu’il suscite dans l’opinion.
Le Parti Le Libéral, créé à l’initiative de Boni Richard Ouorou et de plusieurs cofondateurs, avait déposé son dossier de reconnaissance administrative le 2 août 2024 auprès du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Le processus de validation a été long et marqué par de nombreux allers-retours. Après une première série d’insuffisances relevées sur 65 pages, une version corrigée avait été transmise en octobre 2024, puis de nouveau en décembre, en janvier, et en février 2025. Ce n’est qu’à l’issue de l’assemblée générale constitutive tenue à Abomey-Calavi le 5 avril 2025 que le ministère a délivré un récépissé provisoire, le 25 avril 2025.
Toutefois, une information majeure est venue ébranler la légitimité du processus. Selon une déclaration du ministre de l’Intérieur datée du 14 mai 2025, des faits de corruption présumés ont été signalés au sein même de l’administration. Deux cadres du ministère, affectés respectivement à la Direction des Partis politiques et à la Direction des Affaires intérieures, sont soupçonnés d’avoir exigé et perçu des sommes importantes du président du parti en création, en échange de leur intervention pour accélérer l’obtention du récépissé. Le ministre a affirmé avoir ordonné leur interpellation ainsi que celle du présumé corrupteur, et a suspendu les deux fonctionnaires concernés.
Si l’arrestation de M. Ouorou ce jeudi soir est en lien avec cette affaire, cela n’a pas encore été formellement confirmé. Cependant, l’enchaînement des événements laisse peu de doute sur le contexte immédiat de cette mesure. Le parti avait récemment soumis les exemplaires publiés au Journal officiel, étape finale avant l’enregistrement définitif.
M. Ouorou, s’est fait connaître par ses prises de position critiques à l’égard du paysage politique béninois, appelant à dépasser les clivages traditionnels pour instaurer un débat plus ouvert. Dans une interview accordée en mars 2025, il déclarait : « Nous venons proposer une nouvelle forme de participation à la vie publique, sans esprit de revanche ni violence. »
Dans l’attente de la déclaration officielle du procureur spécial de la CRIET, notre rédaction s’en tient aux éléments factuels disponibles. La position de ses avocats, si elle est communiquée, viendra sans doute éclairer davantage les circonstances. Il reviendra aux prochains développements de déterminer si l’arrestation du président du Parti Le Libéral s’inscrit dans le cadre normal d’une procédure judiciaire, ou si elle révèle des tensions plus profondes au sein du paysage politico-administratif.