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R. B .O, face à trois dossiers brûlants de la République

Nous vous proposons ici une retranscription détaillée de l’entretien exclusif entre Richard Boni Ouorou et Virgile Ahouansè, centré sur trois sujets particulièrement sensibles dans l’actualité de la République. L’affaire Hounvi, l’arrestation avortée du président du parti NFN, et l’attitude de la Police Républicaine étaient au cœur de la discussion. Cuisiné par nos confrères de la web-radio Chrystal News, le leader du Mouvement « Le Libéral » y est allé franco, sans langue de bois. Suivons la Note De La Rédaction (NDLR), puis l’entretien dans ses moindres détails.

NDLR /Quand l’omerta devient la règle d’or. Tel pourrait être le sous-texte de cet entretien où Richard Boni Ouorou, avec la verve d’un homme indigné, dénonce le silence assourdissant des autorités béninoises face à des événements d’une gravité incontestable. Dans un style direct et sans concession, R.B.O. évoque le cas de Frère Hounvi, un activiste dont l’arrestation mystérieuse sur le sol togolais a soulevé une vague d’inquiétude, non seulement parmi ses partisans, mais aussi au sein de la communauté nationale et internationale.

Boni Ouorou joue ici le rôle d’un « héraut de la vérité« , réclamant justice et transparence dans une affaire où le non-dit et les zones d’ombre abondent. Ce silence des autorités, qu’il qualifie d’insupportable, est pour lui symptomatique d’une dérive autoritaire qui s’implante dangereusement sous le régime de Patrice Talon. Par ses paroles, il tisse une toile complexe où se mêlent la peur, l’oppression et le besoin vital de vérité, comme autant de fils qui composent le tableau sombre de l’actuelle situation politique au Bénin.

L’analogie avec un État policier n’est pas loin, surtout lorsqu’il décrit la «manière cavalière» dont les arrestations sont menées. Cette comparaison révèle une certaine amertume, celle d’un citoyen qui constate que les droits élémentaires des Béninois sont de plus en plus bafoués. Pour Ouorou, ces méthodes rappellent davantage une époque révolue, celle où la force primait sur le droit, qu’une démocratie moderne où le respect des libertés individuelles devrait être sacro-saint.

La figure du patriote désabusé se dessine lorsqu’Ouorou parle de la nécessité de prouver les accusations portées contre l’État, notamment celles relayées par Frère Hounvi. En insistant sur l’importance de la transparence et de la preuve, il s’attaque à ce qu’il perçoit comme une manipulation potentielle de l’opinion publique par la désinformation, soulignant la responsabilité des acteurs politiques dans la préservation de l’intégrité de l’État.

Ouorou évoque également le rôle des médias dans cette crise. Il critique sévèrement le silence de certaines presses, qu’il accuse de complicité passive. Selon lui, les médias devraient être le quatrième pouvoir, une force indépendante capable de demander des comptes aux puissants. Leur silence, dit-il, est une trahison de leur mission première: informer et éclairer le public. Il rappelle avec force que la liberté de la presse est le baromètre de la démocratie, et que la situation actuelle montre une pression croissante sur les journalistes, les poussant à l’autocensure.

Le message de Richard Boni Ouorou est clair : le Bénin est à un carrefour décisif. L’heure est venue de choisir entre un futur de liberté et de justice ou une dérive vers un État autoritaire. Ses paroles résonnent comme un appel à la vigilance, un cri du cœur pour que les Béninois ne laissent pas leur pays sombrer dans l’obscurité. Il conclut en lançant un appel aux jeunes générations, les invitant à ne pas céder à la peur, mais à s’engager activement dans la défense des droits et libertés, pour que le Bénin reste une terre de paix et de démocratie.

Enfin, son commentaire sur l’arrestation manquée d’Apollinaire Avognon vient clore cette série d’accusations, marquant une pause dans le flot de critiques pour signaler une réalité plus inquiétante : la peur comme instrument de gouvernance. Ouorou plante ainsi le décor d’une réflexion amère sur l’état actuel du Bénin, un pays où le citoyen, autrefois libre, pourrait bientôt voir ses droits sacrifiés sur l’autel des desseins politiques, en l’absence d’une prise de conscience citoyenne. Il conclut en lançant un appel aux jeunes générations, les invitant à ne pas céder à la peur, mais à s’engager activement dans la défense des droits et libertés, pour que le Bénin reste une terre de paix et de démocratie.

Retranscription détaillée de l’entretien exclusif entre Richard Boni Ouorou et Virgile Ahouansè

Virgile Ahouansè – Chrystal News : Richard Boni Ouorou, bonjour.

Richard Boni Ouorou : Bonjour Virgile

Vous êtes un acteur politique, et par ailleurs analyste, mais de plus en plus acteur politique affirmé. Richard Boni Ouorou, que vous inspire cette actualité de kidnapping de Frère Hounvi ?

Richard Boni Ouorou : Écoutez, j’étais au Canada toute la semaine dernière, je suis rentré ce dimanche, et c’est depuis là-bas que nous avons appris le rapt  du frère Hounvi.

Dans la foulée, le mouvement que j’ai l’honneur de diriger, le mouvement libéral, a fait un communiqué de presse dans lequel nous avons déploré l’incident, bien évidemment, et nous avons sollicité des autorités policières de faire toute la transparence sur les raisons d’abord de son arrestation, ce qu’il lui est  reproché, et aussi les conditions de l’arrestation parce qu’il se dit qu’il a été relativement kidnappé sur le territoire togolais, ce qui peut créer un incident diplomatique si entre temps le Togo n’était pas informé de l’arrestation, donc que les autorités togolaises ne participaient pas à cette arrestation.

Donc nous avons demandé que toute la lumière soit faite, non seulement sur ce qui lui est reproché, mais aussi sur les conditions de son arrestation, afin de calmer l’opinion et de faire la lumière sur tout.

« Que toute la lumière soit faite, non seulement sur ce qui lui est reproché,
mais aussi sur les conditions de son arrestation »

Pour l’instant, les autorités Béninoises restent bouche bée, est-ce normal de votre point de vue ?

R.B.O: Je pense que ça fait partie de ce que nous reprochons au régime Patrice Talon et ce qui fait dire qu’il y a une entorse à la démocratie parce que dans un contexte aussi alarmant où cette arrestation a quand même suscité beaucoup de peur dans l’opinion, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il s’agit quand même de Monsieur Steve Amoussou, alias Frère Hounvi, qui est beaucoup suivi par des milliers, voire, des millions de personnes, non seulement au Bénin, mais à l’international. Donc, une telle arrestation ne peut pas passer comme lettre morte.

Donc, l’opinion nationale et internationale étant alarmée, je pense qu’il est du devoir des autorités policières ou du régime, du gouvernement, de façon générale, de faire toute la lumière, de nous informer davantage sur la procédure, sur l’enquête, sur ce qui lui ai reproché et tout le reste. Mais rester dans un tel mutisme fait penser que nous sommes sous un régime autoritaire qui se fout totalement de ce que pensent les populations, et c’est vraiment dommage.

Silence Radio, côté Bénin, Silence Radio également au Togo.

R.B.O: Oui, écoutez, moi je ne réponds pas des autorités togolaises, je pense que si Les autorités togolaises sont libres de prendre le temps qu’il leur faut pour répondre, pour dire ce qui a été leur responsabilité dans cette arrestation. Mais je suis, comme vous l’avez rappelé, acteur politique béninois, donc je réponds beaucoup plus du bénin. Et je pense que les autorités béninoises, et en plus c’est que Steve Amoussou est béninois, et qu’il est arrêté dans le cadre d’une enquête dont on n’en sait absolument rien, alors que nous savons que par le passé il y a eu déjà beaucoup d’arrestations comme celle-là.

Donc il y a beaucoup de reproches aujourd’hui à l’endroit du gouvernement de Patrice Talon, dans ce sens que des personnes sont arrêtées, parfois souvent manu militari, et on ne sait pas ce qui leur est reproché. il y a eu beaucoup d’arrestations d’opposants politiques et tout le reste. Moi, je voudrais avoir la naïveté de croire qu’au fur et à mesure, ils devraient pouvoir chercher à se sortir de ces reproches-là et faire croire à l’opinion qu’il considère quand même les béninois qui l’ont élu et qu’il va se soumettre quand même à leur attente. On demande juste à son régime d’être en phase avec le peuple, rien d’autre.

On ne sait pas ce qu’on reproche à Frère Hounvi, Mais on a une idée à peu près des griefs que le pouvoir de Patrice Talon peut porter à cet activiste chevronné qui a régulièrement opiné contre la gouvernance de Patrice Talon. Est-ce que vous pensez, au regard des conditions dans lesquelles il a été arrêté et quand on voit, comme vous l’avez dit, le fonctionnement du pouvoir de Patrice Talon jusque-là, est-ce que vous croyez que Frère Hounvi aura droit à une justice équitable.

R.B.O: Vous savez, de tout ce qui est reproché au Frère Hounvi, je ne voudrais pas trop m’en prononcer parce que moi, je l’écoute très peu, Frère Hounvi. Il faut le dire sincèrement. Je l’écoute très très peu, mais la plupart du temps que j’ai eu l’occasion de l’écouter ou que les gens m’envoient ses audio, c’est souvent sur des dossiers vraiment beaucoup brûlants.

Alors, je dis, vous savez, quand nous sommes à l’extérieur comme ça, la plupart du temps, on a beaucoup d’informations dont beaucoup sont vraies, mais la majorité relève un peu de la manipulation.

Alors, moi, je suis bien d’accord qu’à un moment donné, que lui-même, Frère Hounvi  soit tout à fait transparent sur les informations qu’il propage, ce qui est normal d’ailleurs, parce qu’il y a des moments où il semble qu’il accuse l’Etat béninois d’être un narco-État, vous comprenez ? Ce sont des accusations assez graves, et où il se basait sur des faits.

Donc ces faits-là doivent pouvoir être, de mon point de vue, documentés, donc il doit pouvoir tenir certaines preuves de ces faits-là. Je pense qu’à un moment donné, je pense que lui-même connaissait la gravité de ce qu’il faisait, à l’instar de Julian Assange et d’Edward Snowden.

Donc, il sait très bien ce qu’il faisait et qu’à un moment donné, à un moment ou l’autre, il devra faire face à la justice. C’est pourquoi il a quitté le pays d’ailleurs.

Donc, je pense que sur ce point-là, il est du ressort aujourd’hui, des autorités Béninoises, de faire tout le point, pour nous dire exactement, ce qui lui est reproché. Est-ce que ce sont ces informations qui sont des informations assez pertinentes, et qui sont de nature à déstabiliser l’Etat, raison pour laquelle, on veut l’arrêter ou c’est parce que les informations sont vraies, vérifiées, et qu’on veut le faire taire ?

*Alors moi, la police ne peut pas prendre mon téléphone comme ça. Je vous jure, le jour où ça va arriver, je mourrai sur place. Parce que je ne veux pas accepter qu’on m’arrête comme ça dans la rue, qu’on arrache mon téléphone pour après dire, «Oh nous nous excusons »

Steve Amoussou se doit-il d’être transparent au point de livrer ses sources ?

R.B.O: Transparent au point de livrer ses sources, je ne pense pas qu’il agissait en tant que journaliste, Donc, il n’est pas lié par cette close de protection des sources.

Je ne le pense pas. D’autant qu’il l’a fait en tant qu’activiste. Maintenant, livrer ses sources, je peux pas le dire si ça revient à Steve Amoussou, s’il veut livrer ses sources ou non.

Mais je dis, qu’à un moment donné, quand on peut dire qu’on est dans un Narco-État, Je pense qu’on ne peut pas s’appuyer juste sur des rumeurs pour dire qu’on est dans un narco Etat. Il faut quand même prouver comment est-ce que, dire à partir de quoi, et s’appuyait sur des faits. Il donnait des noms. Il avait des sources certainement non ? Donc il faut qu’il puisse dire « oui, ces informations sont documentées, j’ai des preuves».

Sinon, à la fin de la journée, ce serait des informations assez déstabilisantes pour le pays. C’est-à-dire que n’importe qui peut propager des fake news dans le pays et ce n’est pas bon. n peut être opposé au régime de Patrice Talon, mais nous ne sommes pas opposés au Bénin, il ne faut pas l’oublier. Donc c’est bien d’avoir des activistes chevronnés qui font le travail, mais, il y a quand même un moment où il faut que les informations soient vraies, vérifiées pour ne pas déstabiliser  l’État pour rien.

Mais tout ce que Hounvi disait n’était pas faux du tout. Loin de là !

Je ne viens pas de vous dire que ces informations sont fausses. Mais je viens de vous dire que compte tenu de la gravité des informations qu’il mettait à disposition des populations, des informations qui sont de nature soit à vous faire comprendre l’Etat dans lequel nous sommes, soit à travestir notre vision sur l’Etat dans lequel nous sommes.

Par conséquent, il faut que ces informations-là soient des informations vraies, vérifiées. Mais si ce sont des informations, justes parce que quelqu’un t’appelle de Cotonou pour dire « Bon moi je suis un directeur ou je suis tant, voilà j’ai accès à telles informations» et que toi tu prends un micro et que tu les publies, c’est dangereux et nous sommes d’accord là-dessus.

Il faut qu’il y en réponde ?

R.B.O: Il faut que, oui, bien évidemment, parce que ce sont des informations qui sont… Quand on dit que nous sommes dans un narco-État, c’est dangereux pour le Bénin, que nous sommes dans un narco-État, c’est dangereux. Donc, ces informations-là, on peut interpeller l’État, on peut interpeller même jusqu’à Patrice Talon sur le fait qu’il nous ait conduits, si les informations de Steve Amoussou sont vraies, qu’il soit à la tête d’un accord Etat, donc ce sont des informations assez graves et des accusations assez graves pour qu’à un moment donné ou l’autre, on ne puisse pas y répondre. Mais maintenant, je dis, il faut que la justice fasse son travail de façon totalement transparente et que ce ne soit pas parce que c’est encore un autre activiste et qu’on veuille le faire taire.

Alors pour beaucoup, C’est l’opposition qui est mal structurée, c’est l’opposition qui n’est pas organisée, c’est l’opposition qui a laissé Hounvi se faire prendre ainsi.

R.B.O: Qu’est-ce que l’opposition aurait pu faire ? L’opposition aujourd’hui n’est pas au pouvoir.  L’opposition ne détient pas la police, elle ne détient pas l’armée, elle ne détient rien. Je ne sais pas quelle est la collaboration entre Hounvi et l’opposition, mais l’opposition elle-même se cherche aujourd’hui.

Nous sommes dans un pays où on parle d’opposition, mais en réalité en dehors de nous qui essayons encore d’apporter une voie contributive à l’opposition et à la façon dont il faut gouverner au bénéfice des populations. La seule opposition en vue, c’est celle qui dit qu’il faut qu’on revoir le code électoral. Mais il n’y a pas d’opposition qui parle réellement des sujets du quotidien des Béninois. Donc moi j’appelle ça très peu opposition. Maintenant que l’opposition lâche Frère Hounvi, je ne connais pas leur collaboration, je ne vais pas répondre là-dessus.

Mais Hounvi  n’était-il pas un opposant également ? N’était-il pas un maillon de la communication de l’opposition ?

R.B.O: Comme je vous le dis, moi je suis opposant, mais je n’ai jamais collaboré avec Hounvi.

Donc qu’il soit un maillon de la communication de l’opposition, ça dépend du mouvement d’opposition auquel il appartient. Mais il n’appartient pas au mien, de toute évidence. Maintenant, les informations que Hounvi divulgue, je ne pense pas que ce soit des informations sur la base desquelles on peut le taxer d’opposant. Non, il propage, il met à la disposition des populations Il fait un peu le travail que vous faites, parce que vous êtes journalistes et que vous faites des enquêtes et que vous mettez à disposition des populations des informations qui sont pertinentes pour leurs analyses, qu’on vous taxe d’opposants.

C’est la même chose que le frère Hounvi faisait C’est qu’il mettait à la disposition des populations des informations dont ils n’ont pas connaissance, peut-être des choses qu’on veut leur cacher, et il vous dit, mais faites attention parce que telle information, puisque ce qu’il combattait en réalité, c’était la vérité officielle. Et la vérité officielle, nous savons tous quelle est la qualité de la vérité officielle aujourd’hui, donc il combattait la vérité officielle en mettant en fournissant aux populations des informations qui permettent de faire le parallèle entre la réalité officielle et la vérité réelle. Dès lors, on ne peut pas les taxer d’opposants, on peut juste le taxer de citoyen, de patriote.

Richard Boni Ouorou, vous parliez tantôt de cette psychose créée par l’arrestation du frère Ongui et dans la foulée, il a eu également Cette arrestation, on va dire manquée, du président du parti La Nouvelle Force Nationale, NFN de Apollinaire Avognon, comment vous. Interprétez tout ceci ?

R.B.O: J’avoue que c’est assez déplorable. C’est assez déplorable que dans la foulée de l’arrestation du frère HOUNVI, donc de M. Steve Amoussou, qui est en même temps une arrestation manquée du président du NFN, Monsieur Apollinaire Avognon, tout ça, j’ai peur que ça ne participe à créer davantage l’état de psychose, à accroître l’état de psychose, de sorte à faire taire les populations ou de les dissuader de vouloir vivre dans un Etat de droit, dans un état où les libertés sont respectées, dans un Etat où la police est à la disposition des populations et non à la disposition des autorités étatiques. Alors en ce moment, Je trouve ça totalement déplorable que, dans la même foulée, et ce que je trouve de plus déplorable, ce n’est même pas l’arrestation manquée de M. Apollinaire Avognon, parce que oui, nous sommes tous, à un moment donné, des justiciables.

S’il y aurait un problème avec la justice, c’est normal qu’il soit arrêté. Mais ce que je dis, c’est qu’on ne fasse pas la lumière, parce que Monsieur Apollinaire Avognon n’est pas n’importe qui, c’est quand même un chef de parti politique, donc vous n’allez pas Arrêtez un chef des partis politiques qui représente la voix des milliers de Béninois, vous n’allez pas juste le faire.

Arrêter, Arrêtez comme ça dans la rue, c’est la manière violente, dégradante, avec la façon, c’est que sans recul, irréfléchie avec laquelle les arrestations sont faites, qui fait qu’il jette un doute sur les raisons de ces arrestations-là. Parce qu’arrêter les gens, oui, nous sommes dans un état où il y a des règles.

N’importe qui ayant enfreint les règles, on doit pouvoir procéder à une arrestation pour le présenter devant un juge. Ça c’est tout à fait normal, c’est une procédure normale. Mais c’est la nature des arrestations. La manière dont les arrestations sont faites avec une sorte de violence dans l’irrespect total des règles basiques de la bienséance qui est déplorable. On ne trouve pas quelqu’un comme ça dans la rue et lui saute dessus, on arrache son téléphone, on fouille dans son téléphone, c’est un bien personnel qu’on ne peut pas violer sans le mandat d’un juge.

Alors moi, la police ne peut pas prendre mon téléphone comme ça. Je vous jure, le jour où ça va arriver, je mourrai sur place. Parce que je ne veux pas accepter qu’on m’arrête comme ça dans la rue, qu’on arrache mon téléphone pour après dire, «Oh nous nous excusons ». Non, là nous ne sommes plus dans un état de droit. Même le plus grand bandit au monde, a des droits qu’on doit respecter. Parce que ce qui est dommage, c’est que si on fait, on encourage cette façon de faire, plus tard, ça va devenir la norme. Et si ça devient la norme, elle va rattraper aussi ceux qui s’y adonnent aujourd’hui, ceux qui sont en train de la mettre en place aujourd’hui, ça va les rattraper. Parce que même les policiers, les juges, tous ceux qui participent d’une façon ou d’une autre à cet état de fait, ne seront pas épargnés demain. Si ce n’est pas fait, si cela devient la norme.

Donc il faut que nous tous, nous puissions nous lever et dire non, ce n’est pas ça la norme. La norme c’est de respecter à minima les règles, un minimum des droits basiques des citoyens. Vous ne pourrez sauter sur les gens dans la rue ainsi et vous arrachez leur téléphone qui est  un bien personnel, ce n’est pas un bien public, le téléphone.

Alors à partir de quand doit-on commencer à arracher le téléphone de quelqu’un pour y opérer des fouilles ?

Même ma mère, (paix à son âme) ne peut pas me le faire. Prendre mon téléphone pour fouiller là-dedans, à plus forte raison, un policier et dans la rue en plus. Écoutez!  A un moment donné, il faut respecter les gens là !

Pour nombre d’observateurs, la police Républicaine s’éloigne de sa mission républicaine. Le pays devient de plus en plus un Etat policier.

R.B.O: Je ne dirais pas la police Républicaine de façon générale, parce que je suis certain qu’au sein de la police Républicaine, il y a beaucoup voire, la majorité des policiers est respectueuse des règles, connait ses devoirs.

Mais bien évidemment, Il y a certainement des personnes, des policiers parmi ces gens-là, qui s’éloignent des règles. Mais bien évidemment, Il y a certainement des personnes, des policiers parmi ces gens-là, qui s’éloignent. Parce que si on s’en tient à la manière dont on a raté l’arrestation de M. Avognon, la manière dont on a arrêté Joël Aïvo pour le mettre en prison, il ne faut pas non plus oublier la manière dont on a arrêté Joël Aïvo qui était totalement cavalière. Rekyath Madougou également, ils n’ont jamais reçu de convocation, on ne les a jamais convoqués nulle part, on n’a pas… ça a été ici un rapt qui a permis de faire arrêter Joël Aïbo, qui n’est pas un terroriste, qui est un professeur émérite à l’université d’Abomey-Calavi.

Donc cette façon-là ne doit pas devenir la règle. On ne doit pas se lever, on partait à Malanville, on rentre chez des gens à 3h du matin, sans mandat, sans rien. Depuis quand la police rentre chez quelqu’un à 3h du matin d’abord ? Après 18h, 19h, jusqu’à 6h du matin, la police ne peut pas rentrer chez quelqu’un, sauf en cas de force majeure.

Mais la pratique qui tend hélas à s’instaurer est qu’on rentre chez les gens, on les moleste correctement, et il n’y a pas de trace, il n’y a rien. Ce n’est pas normal. Ce sont ces façons de faire assez cavalières, dont nous ne voulons pas. Et ce sont ces genres d’information, ce sont ces gens de choses-là que dénonçait le Frère Hounvi, pour ceux qui l’écoutaient.

C’était des informations comme celles-là qu’il donnait. Malheureusement, je ne sais pas si les informations qu’il avait à sa disposition, il en avait les preuves. S’il n’a pas les preuves, ce serait dommage. Mais je pense que la police Républicaine, pour ce qui nous concerne, nous qui sommes politiciens, nous devons faire en sorte que nos voix soient entendues pour que la police Républicaine révise sa façon de faire. Que certains policiers révisent leur façon de faire les choses parce que ça pourrait les rattraper et ce serait dommage.

Vous qui êtes politiques, vous voulez dire ?

R.B.O: Oui, nous qui sommes politiques, nous devons faire entendre nos voix dans ce sens-là, parce qu’il n’y a pas que le code électoral, ou bien que lorsqu’il faut aller à une élection, nous devons devenir des politiciens, mais nous devons être des politiciens au quotidien pour protéger la population. Et ça fait partie de notre travail aujourd’hui de porter notre voix, de dire aux gens de la police Républicaine, «c’est assez, c’est assez! Il faut que vous fassiez votre travail dans les règles, parce que vous n’êtes pas appelés à être policiers toute votre vie. Vous serez à la retraite et ça peut vous rattraper aussi».

Alors, de plus en plus, il se dit dans l’opinion, et dans les chapelles politiques, qu’il y a comme de la protestation contre le code électoral. Est-ce que ceci n’est pas fait pour cela ? Est-ce que ceci n’est pas fait pour diffuser toute protestation ? Est-ce que ceci n’est pas fait pour dissuader toute protestation ?

R.B.O: Bon, vous savez, si vous avez remarqué, moi, le code électoral, je n’en parle pas pour le moment. Je n’en parle pas pour le moment parce que je n’aime pas trop perdre mon temps. Chaque chose, pour moi, a un temps. Et pour moi, le temps du code électoral, c’est que le moment n’est pas encore arrivé. Pour le moment, il y a des préalables.

Il y a la violation des droits et libertés des populations par exemple, l’inflation galopante, l’économie, les gens n’arrivent pas à manger correctement à leur faim. Tout est cher dans le pays. Il y a un besoin d’accompagnement social pour que les populations puissent être satisfaites, pour que les foyers soient beaucoup plus renforcés. Il y a tous ces problèmes-là, il y a l’agriculture, il y a des gens qui ont des problèmes. Il y a des problèmes au quotidien des populations qui nécessitent que nous puissions nous y pencher en tant que politiques. Donc oui, le code électoral, c’est un mécanisme assez bancal qu’il faut, à un moment donné, qu’il faut que nous nous asseyions tous pour en discuter, mais il y a des préalables.

Richard Boni Ouorou, Merci.

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