L’arrestation musclée et controversée du chroniqueur béninois Steve Amoussou sur le sol togolais par des agents non identifiés a déclenché une vague de réactions outrées. Le CODER, Collectif pour la restauration de la Démocratie et de l’ordre Républicain, vient de rendre public un communiqué cinglant, dénonçant une violation des libertés fondamentales et un dangereux précédent pour la sécurité des citoyens.
L’affaire Steve Amoussou, déjà comparée à une sombre page de roman d’espionnage, secoue les consciences et réveille les démons d’un passé que l’on croyait révolu. Enlevé dans la nuit du 12 août 2024 à Lomé, au Togo, le célèbre chroniqueur béninois, connu sous le pseudonyme de Frère Hounvi, se retrouve désormais au cœur d’un imbroglio juridico-politique d’une gravité sans précédent. Le CODER, connu pour son inlassable défense des valeurs démocratiques depuis les turbulences politiques de 2019, a réagi avec véhémence, dénonçant un acte qui ébranle les fondements mêmes de la démocratie béninoise.
Un enlèvement qui suscite l’effroi
D’après les proches de Steve Amoussou, l’enlèvement de ce dernier s’est déroulé dans des conditions particulièrement violentes. En pleine nuit, des individus non identifiés, dans un style rappelant les pires méthodes des régimes autoritaires, ont saisi cet homme qui, ironie du sort, avait trouvé refuge au Togo, loin des tumultes béninois. Pour le CODER, la découverte de sa présence dans les locaux de l’OCRC à Cotonou ne laisse plus aucun doute : cet enlèvement a été orchestré par les services béninois. Une manœuvre qui, selon le collectif, relève du kidnapping pur et simple, une violation flagrante du droit international et une atteinte à la souveraineté du Togo.
Le cri d’alarme du CODER : une démocratie en péril
Le communiqué du CODER ne se contente pas de condamner l’acte, il interpelle également sur les dérives de plus en plus préoccupantes qui menacent la démocratie béninoise. Le collectif rappelle que la démocratie ne se limite pas à un simple pluralisme politique, mais repose avant tout sur le respect des libertés fondamentales : liberté d’expression, liberté d’association, liberté de circulation. Ces principes, durement acquis lors de la Conférence nationale de 1990, sont aujourd’hui mis à mal par des actions qui, selon le CODER, témoignent d’un retour en arrière inquiétant.
Un isolement dangereux sur la scène internationale
Le CODER va plus loin en soulignant les conséquences diplomatiques d’un tel acte. En opérant une incursion non autorisée sur le territoire togolais pour procéder à cet enlèvement, le Bénin se place en porte-à-faux avec ses voisins de la sous-région. À une époque où la coopération régionale est plus que jamais nécessaire pour faire face aux défis sécuritaires, cette action risque d’isoler le pays sur la scène internationale, compromettant ainsi les alliances stratégiques si précieuses pour la stabilité régionale.
Un appel à la mobilisation nationale et internationale
Face à la gravité de la situation, le CODER en appelle à une solidarité sans faille, tant sur le plan national qu’international. Le collectif exhorte les Béninois à se mobiliser pour défendre les principes démocratiques et républicains, rappelant que la violence, l’intimidation et l’enlèvement ne peuvent en aucun cas être des instruments légitimes de gouvernance. Le CODER réaffirme son engagement indéfectible pour le rétablissement d’un ordre républicain respectueux des droits de l’homme, et appelle à une pression internationale pour dénoncer cet acte qui menace de replonger le Bénin dans une période sombre de son histoire.
Le CODER, à travers ce communiqué, lance un avertissement à peine voilé : si de telles pratiques sont tolérées, c’est tout l’édifice démocratique béninois qui pourrait s’effondrer. Une démocratie, rappelle le collectif, ne se construit pas par la force, mais par le respect des libertés et des droits fondamentaux, ce que l’affaire Steve Amoussou vient tragiquement remettre en question.