Intervenant à la rencontre des délégués communaux, du Mouvement Libéral à Parakou, Richard Boni Ouorou a critiqué l’histoire démocratique du Bénin depuis 1990 et propose une approche basée sur les principes du libéralisme, tout en prônant le pluralisme idéologique comme une force plutôt qu’une faiblesse. Il s’agit de redonner du sens à la démocratie au-delà des élections et des libertés formelles.
Lors de la récente rencontre des 77 délégués communaux du Mouvement Libéral, qui s’est tenue à Parakou, Richard Boni Ouorou, leader de ce mouvement, a plaidé pour une redéfinition audacieuse de la démocratie béninoise. Son intervention, qui a suscité de vifs débats, s’est démarquée par un appel à adopter une approche pluraliste du libéralisme politique, une idéologie qu’il considère comme la clé pour revitaliser la démocratie béninoise. Dans son discours, il a invité à valoriser le pluralisme idéologique comme une force plutôt qu’une faiblesse.
Pour Richard Boni Ouorou, la diversité des opinions politiques ne doit pas être perçue comme une menace, mais plutôt comme une richesse. Il critique ainsi l’attitude monolithique adoptée par certains mouvements politiques, qui, selon lui, tendent à imposer une vision unique et uniforme du développement et de la gouvernance. « Non, dans le libéralisme, il y a des variants », a-t-il rappelé, soulignant que la démocratie véritable ne doit pas être confondue avec une pensée unique. Il a précisé que cette diversité d’approches est non seulement possible, mais essentielle dans le cadre du libéralisme. Le néolibéralisme, le social-libéralisme et d’autres variantes doivent être respectés, tant qu’ils concourent à une société ouverte et inclusive.
La Critique d’une vision monolithique et la valorisation de la pluralité
Le discours de Richard Boni Ouorou intervient dans un contexte où la politique béninoise est marquée par une crise de confiance envers les partis traditionnels et une désillusion croissante parmi les citoyens. Depuis la Conférence nationale de 1990, le Bénin s’est engagé sur une voie démocratique, mais celle-ci a souvent été dominée par des pratiques politiques qui favorisent l’hégémonie d’une pensée unique. Ouorou critique cette tendance en dénonçant la rigidité et le sectarisme de certains courants politiques qui refusent la diversité idéologique. Il s’agit, pour lui, de refuser une démocratie « à sens unique » qui s’imposerait par la force ou par une conformité rigide aux idées d’une seule faction.
Dans cette perspective, il appelle à une démocratie pluraliste où chaque courant de pensée, chaque idéologie, a sa place. Cette vision se traduit par un respect des libertés d’association, d’expression, et de la liberté de pensée, piliers fondamentaux du libéralisme. Cette approche est en ligne avec des principes démocratiques universels qui favorisent la diversité d’opinions et la coexistence pacifique de différentes idéologies politiques. Elle constitue une réponse directe aux dérives autoritaires que certains accusent la démocratie béninoise d’avoir développées au fil des années, en privilégiant l’exclusion politique au détriment de la compétition saine des idées.
Réconciliation avec le libéralisme et réforme économique
Richard Boni Ouorou ne s’arrête pas à la seule dimension politique. Il lie étroitement le libéralisme politique au libéralisme économique, qu’il considère comme les deux faces d’une même pièce. « Si les gens consomment, d’autres vont trouver de l’argent pour payer des salaires », a-t-il expliqué, réaffirmant ainsi l’importance d’une économie de marché dynamique pour le développement durable du pays. Il considère que la prospérité économique du Bénin passe par une politique économique libérale favorisant l’investissement, la consommation, et la création d’emplois. Dans son optique, une démocratie saine ne peut exister sans une base économique solide qui bénéficie à tous, non seulement aux élites politiques.
Le lien qu’il établit entre le libéralisme économique et politique est également une critique directe de la situation actuelle où, selon lui, les débats politiques au Bénin sont souvent déconnectés des réalités économiques des citoyens. Il prend l’exemple du jeune de Calavi, préoccupé par le prix de l’essence, ou de la vieille femme de Tsuburukou, inquiète pour la sécurisation de sa terre. Ces préoccupations économiques quotidiennes sont souvent éclipsées par des discours politiques élitistes et déconnectés des réalités du peuple. Ouorou plaide pour que la politique serve à résoudre ces problèmes concrets et pour que l’État garantisse des conditions propices au développement économique local.
Vers une nouvelle éthique politique
Au-delà de l’économie et du pluralisme politique, Richard Boni Ouorou défend également une nouvelle éthique politique qui valorise la transparence, l’inclusivité, et la responsabilité. Il appelle les membres du Mouvement Libéral à travailler à reconstruire un mouvement politique fondé sur des idées claires et une vision partagée du développement économique et social. Son approche va à l’encontre de la « personnalisation du débat politique » qu’il critique sévèrement, se référant notamment aux événements politiques post-1990 au Bénin, où les divergences personnelles et les luttes de pouvoir ont souvent pris le pas sur les questions de fond.
Les propos de Richard Boni Ouorou participent d’une vision de refonte du paysage politique béninois sur une base plus inclusive et plus représentative des divers courants d’opinion du pays. Il s’agit d’un appel à un changement, tant sur le plan idéologique que structurel, en vue d’établir une démocratie qui soit non seulement électorale, mais aussi substantielle, capable de répondre aux aspirations économiques, sociales, et politiques des citoyens béninois. Le défi, selon lui, est de taille, mais le Mouvement Libéral est prêt à le relever en s’affirmant comme une alternative crédible et cohérente aux modèles politiques existants.
Rencontre des 77 délégués communaux du mouvement libéral
(Les propos de R.B.O).
« Comme nous le disions depuis plusieurs années, bien avoir plusieurs mois, nous avons l’intention de faire les choses autrement. Ce qui signifie faire de la politique, mais ne pas marcher, ne pas faire comme cela se faisait. Donc, considérer la population. Et surtout ceux qui adhèrent à notre vision. C’est dans ce sens que, dans la perspective d’une possible mutation bientôt, nous avons décidé de rencontrer les 77 délégués du mouvement libéral. Afin de partager avec nos délégués notre vision pour que cela puisse être répliqué dans chaque commune. Selon Richard Boni Ouorou, leader du Mouvement Libéral».
Malgré tout ce que vous pouvez avoir comme appréhension sur la démarche que nous menons, et les appréhensions doivent y avoir, c’est normal, ça fait partie de votre capacité à réfléchir et à développer des curiosités. Mais vous devez être fiers d’une chose. La chose pour laquelle vous devez être fiers, c’est que vous êtes en train de participer aujourd’hui à construire ce qui restera dans l’histoire de notre pays comme étant le premier et vrai mouvement politique qui est fondé sur une vision, c’est-à-dire une idéologie claire.
L’idée, c’est que ce monsieur et moi, nous pensons les mêmes choses, nous avons la même vision du vivre ensemble dans la société. Par conséquent, nous restons ensemble pour renforcer nos positions de sorte à ce que, dès que nous aurons l’occasion, d’être à un poste de responsabilité, nous puissions mettre en place ces idées-là qui sont formulées dans nos têtes.
Non, en réalité, le libéralisme n’est pas nouveau chez nous. Nous le subissons de plein fouet depuis 1990.
C’est malheureusement qu’on ne nous a pas dit, depuis 1990, le régime dans lequel nous sommes, ce que c’est que le fondement même de la démocratie dans laquelle nous sommes.
En réalité, la démocratie est un système libéral, puisque la démocratie parle de quoi ?
Ça parle des droits de l’homme, des droits de l’individuels, des droits communautaires, de la liberté d’association, d’une économie libérale.
L’économie libérale, c’est l’économie du marché, le libre marché. Et la démocratie parle aussi du pluralisme en politique.
La liberté d’expression, Il faut être clair là-dessus. La liberté d’expression totale ou illimitée, elle n’existe nulle part. Parce que dès lors qu’on ne nous a pas expliqué, les limites de la liberté d’expression, et que nous avons l’impression que nous pouvons tout dire, tout faire, c’est là où le bâts blesse, et c’est ce qui fonde la faiblesse de notre démocratie depuis 1990.
Parce qu’on a vendu la démocratie aux populations, avec pour seule prescription, vous pouvez aller aux élections, vous pouvez vous former en parti politique, vous pouvez dire tout ce que vous voulez sur les politiciens, il ne va rien arriver. Mais ce faisant, nous affaiblissons l’État. Mais ce faisant, nous affaiblissons l’État.
Le libéralisme que nous prenons aujourd’hui, vient juste, dans une relative mesure, remettre au cœur de la démocratie, l’idée, la vision sur laquelle elle se repose, en parlant de la démocratie. C’est simplement ce que nous faisons.
Donc en réalité, tout le monde fait un combat démocratique, mais nous, nous sommes la démocratie, parce que nous sommes des libéraux. Mais dans ce libéralisme, il ne faudrait pas que parce que nous pensons que nous sommes la démocratie, nous sommes des libéraux, que nous versons dans la relative violence du socialisme scientifique de Mathieu Kérékou. Parce que dès lors que nous pensons que nous, nous sommes des libéraux, que nous sommes la démocratie, alors nous allons dire tout le monde doit penser comme nous. Non, dans le libéralisme, il y a des variants ; Il y a le néolibéralisme, par exemple, et il y a le social-libéralisme. Alors, vous n’irez pas dire aux gens demain, si quelqu’un décide d’être néolibéral, vous allez dire non! Non ! Nous, nous avons dit qu’au Bénin, nous devons être des libéraux. Donc tous ceux qui sont néolibéraux, vous, vous n’êtes pas bon. Vous, on ne doit pas vous louer une salle pour que vous veniez parler. On ne doit pas vous accepter pour que vous fassiez des conférences. Non, ce n’est pas ce que nous voulons. Nous devons respecter la pluralité.
En 1990, il y a eu une guerre mondiale. En 1990, qu’est-ce qui s’est passé ?
La cause, et je reviens toujours sur la cause dont nous subissons les effets aujourd’hui, la cause, ce qui a fait que nous sommes allés, nous sommes sortis dans les rues, et si certaines personnes n’ont pas vécu ça, moi je l’ai vécu, j’étais au CEG Gbégamé à l’époque. Pourquoi nous sommes sortis dans les rues à l’appel des syndicalistes ? C’était parce que le régime avait fait faillite.
Il y avait une crise économique. Je vais le répéter encore, il y avait une crise économique, pas une crise politique, il y avait une crise économique. Par conséquent, et pour vous donner des exemples, récemment, il y a eu une crise économique en Espagne, en Grèce. On n’a pas changé le régime pour autant. On n’a pas changé le modèle politique pour autant. Mais pourquoi est-ce que nous, au Bénin, en 1990, on a changé le régime pour autant. Mais pourquoi est-ce que nous, au Bénin, en 1990, on a changé le régime pour autant ? Mais pourquoi est-ce que nous, au Bénin, en 1990, on a changé le régime pour autant ? En 1990, pour seule réponse à la crise économique, on lui a donné une réponse politique. C’est là où la faiblesse a commencé. Parce qu’il y avait une crise économique, donc il fallait d’abord régler la crise économique, remonter l’économie, avant de voir si la crise économique était du fait du système politique.
Mais on est venu directement, on a dit non, parce que Mathieu Kérékou était au pouvoir, et parce qu’il y a des gens qui étaient allés en exil à cause de Mathieu Kérékou, et parce que ces gens-là ont eu une haine vis-à-vis de Mathieu Kérékou, et parce que nous sommes toujours dans la personnalisation du débat politique, il est dit que tout ce qui est arrivé, c’est la faute de Mathieu Kérékou, «il dégage et nous, nous allons prendre le pouvoir pour régler ça». Alors, problème économique, réponse politique, réponse politique, effet électoral, et nous en sommes là jusqu’aujourd’hui.
Ce n’est pas comme ça que moi j’ai envie de parler de la démocratie. Voyez-vous, on se focalise sur la démocratie, uniquement à travers le prisme du droit, et sur les questions électorales. Et ont s’écrie, «Il ne nous a pas permis d’aller aux élections, et si nous n’allons pas aux élections, donc c’est le chaos, tout doit être remis en cause…». Est-ce cela le vrai problème ?
Parce que le vrai problème, c’est quoi ? (illustration) Vous voyez, ma grand-maman qui est à Tsuburukou là-bas, quand elle se réveille, elle s’interroge : «Est-ce que le champ que mon mari m’a laissé en mourant là, est-ce qu’on ne va pas venir m’arracher cette terre-là ? » Donc elle, c’est ce à quoi elle pense, elle rêve d’une bonne réforme foncière. C’est à ça qu’elle pense. Elle ne pense pas à la constitution, encore moins à la prochaine élection. Ceci me rappelle la pensée de l’auteur américain, James Freeman Clarke, qui dit : «Un politicien pense à la prochaine élection. L’homme d’Etat, à la prochaine génération».
Quand tu arrives en périphérie de Cotonou, à Calavi, le jeune homme qui se réveille, il inspecte sa moto, jauge le niveau de carburant et se dit : «ah, est-ce que le prix de l’essence a baissé quelque part dans la zone» ? Lui-là, il parle en termes de subvention du système d’hydrocarbures.
Donc, si nous voulons réduire la pauvreté, il faut que nous puissions simuler la consommation. Si les gens consomment, d’autres vont trouver de l’argent pour payer des salaires. Si les gens gagnent des salaires, ils vont payer, ils vont consommer. En consommant, on va récupérer de la TVA et au fur et à mesure, les choses vont positivement évoluer.
Donc, la lutte pour la pauvreté, elle est essentielle. Et il y a aussi l’éducation et la santé. L’éducation est primordiale dans une société. Et quand on parle d’éducation, mes amis, ne nous limitons pas à quelques aspects seulement.
Monsieur Alokpo, mais je ne parle pas du doctorat. Je suis désolé. Non, le doctorat, c’est très bon parce que nous avons besoin de grands docteurs. Parce que sans votre doctorat, peut-être qu’on n’aurait pas accédé à certaines connaissances. C’est très important d’avoir des docteurs, ayant accédé au plus haut diplôme universitaire. Mais pas que des docteurs. Oui, un nombre raisonnables de docteurs.
Il faut avoir un maximum de personnes qui comprennent le comportement dont nous avons besoin pour pouvoir accéder à l’éducation.
Comme nous le disions depuis plusieurs années, bien avoir plusieurs mois, nous avons l’intention de faire les choses autrement. Ce qui signifie faire de la politique, mais ne pas marcher, ne pas faire comme cela se faisait.
Donc, considérer la population. Et surtout ceux qui adhèrent à notre vision. C’est dans ce sens que, dans la perspective d’une possible mutation bientôt, nous avons décidé de rencontrer les 77 délégués du mouvement libéral. Afin de partager avec nos délégués notre vision pour que cela puisse être répliqué dans chaque commune.
Un participant : «Mes premières impressions sont très bonnes parce qu’il faut ce genre de formation pour pouvoir changer de mentalité aux Béninois que nous sommes, pour que chaque citoyen puisse comprendre que, quand on parle de mouvement politique, ce n’est plus attendre quoi que ce soit des acteurs politiques mais de travailler individuellement pour contribuer au système économique de notre pays».