La Depeche
Afrique Bénin Politique Société

Démocratie sous tension : Quand la critique devient une menace pour le pouvoir

Lors d’une récente intervention, Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement béninois, a remis en question la légitimité des critiques de certains activistes, les qualifiant de propagande politique. Cette déclaration a déclenché une levée de boucliers chez les défenseurs de la liberté d’expression, ravivant le débat sur les limites de la critique dans une démocratie. Boni Richard Ouorou et d’autres militants dénoncent une confusion volontaire pour restreindre les libertés citoyennes.

La Liberté d’expression : un droit universel ou une liberté sous conditions ?

La liberté d’expression, inscrite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, est un droit fondamental qui garantit à chaque individu le droit de penser et de s’exprimer sans crainte de répression. En s’attaquant à la liberté de parole de l’activiste Steve Amoussou, Wilfrid Léandre Hougbédji semble ignorer le caractère universel et non conditionnel de ce droit. Comme le rappelle Boni Richard Ouorou, Président du Mouvement Libéral Bénin, « cette liberté ne se limite pas aux journalistes, mais s’étend à tous les citoyens, y compris les activistes politiques ».

Les propos d’Hougbédji apparaissent ainsi comme une tentative de limiter ce droit fondamental sous prétexte de préserver l’image de certaines personnalités publiques. Ce qui soulève la question : peut-on encore parler de démocratie si le gouvernement se réserve le droit de décider qui peut s’exprimer et sur quels sujets ? En réalité, il est impératif de distinguer entre la critique légitime, qui est essentielle dans une démocratie, et les discours diffamatoires ou haineux.

Une définition incomplète de la liberté d’expression

La déclaration de Houngbédji semble indiquer une compréhension restrictive de la liberté d’expression. En effet, selon l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, la liberté d’expression est le droit de toute personne de s’exprimer librement par tout moyen, quel que soit le domaine – politique, philosophique, ou autre. En cherchant à discréditer l’activiste Hounvi sous prétexte qu’il s’agit d’un acteur politique, Houngbédji semble vouloir limiter ce droit aux seuls journalistes et figures de la société civile « neutres », excluant de facto les activistes politiques de ce privilège.

Cette interprétation pose problème. Comme le rappelle Boni Richard Ouorou, Président du Mouvement Libéral Bénin, « cette liberté ne se limite pas aux journalistes, mais s’étend à tous les citoyens, y compris les activistes politiques. » En démocratie, chacun a le droit d’exprimer son opinion, même s’il s’agit d’une critique acerbe envers ceux qui détiennent le pouvoir. Restreindre ce droit reviendrait à étouffer la pluralité des voix et à entraver le débat public, fondement même d’une démocratie saine.

Confusion entre critique et diffamation

Wilfried Léandre Houngbédji va plus loin en suggérant que certaines « allégations mensongères » ou « insanités » entendues sur des personnalités publiques ne relèvent pas de la liberté d’expression. Cette assertion confond critique, même sévère, et diffamation, qui sont pourtant juridiquement distinctes. Pour Boni Richard Ouorou, il est crucial de « distinguer entre la critique légitime, qui est essentielle dans une démocratie, et les discours diffamatoires ou haineux ». Toute tentative de fusionner ces concepts pourrait servir à justifier la censure et à museler les voix dissidentes.

Cette ambiguïté volontaire entretient un climat d’incertitude sur ce qui est permis ou interdit en matière de libre parole. *Djidjoho Hermann Nounawon Kékéré, un juriste de niveau, va plus loin en affirmant que cette confusion découle d’un manque d’éducation citoyenne : «Pour que le système démocratique fonctionne, il doit être enseigné dès le primaire. Organiser des débats citoyens et promouvoir la contradiction dès le bas âge est crucial

La nécessité d’une éducation citoyenne

Le commentaire de Djidjoho Hermann Nounawon Kékéré met en lumière une faille dans la formation civique au Bénin et dans d’autres pays africains. Les notions de démocratie, de liberté d’expression et de capitalisme, qui sous-tendent les structures politiques et économiques de ces pays, ne sont pas suffisamment enseignées. Kékéré soutient que pour que les jeunes Africains comprennent et pratiquent ces valeurs, il faut une éducation précoce et continue.

L’absence de cette éducation explique en partie pourquoi la critique est souvent perçue comme une attaque personnelle ou une forme de dissidence politique. La formation à la citoyenneté doit inculquer l’idée que la diversité des opinions et le droit à la critique sont des piliers essentiels de la démocratie. La démocratie ne peut se réduire au seul acte de voter, mais doit inclure la participation active et critique de tous les citoyens.

La démocratie béninoise à un carrefour à la croisée des chemins

Les déclarations de Wilfried Léandre Houngbédji ne sont pas simplement une prise de position personnelle, mais un reflet des tensions croissantes entre le gouvernement et la société civile au Bénin. En remettant en cause la légitimité de certaines voix critiques, le porte-parole du gouvernement révèle une fragilité dans la compréhension et l’application des principes démocratiques. Pour protéger la démocratie, il est crucial de reconnaître que la liberté d’expression est un droit inaliénable, non conditionnel, et de garantir que tous les citoyens, y compris les activistes politiques, puissent exercer ce droit sans crainte de représailles.

Les propos de Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, Porte-parole du Gouvernement, à propos de la liberté d’expression de frère HOUNVI, sur l’émission Décryptage :  « Le frère HOUNVI, puisqu’on en parle.  Chacun de nous a eu le temps de voir que ce n’était ni un journaliste, ni un acteur de la société civile mais plutôt un activiste politique qui dès lors n’exerce plus une liberté d’expression, mais s’emploie plutôt, en tant qu’activiste politique, à remplir un contrat que son bord politique lui assigne. C’est-à-dire, démontrer, soutenir que ceux qui sont en place, qu’il considère comme des adversaires politiques, ne font rien de bon et qu’ils ne sont pas qualifiés pour être là.  Autrement, chers amis, si vous considérez que toutes les infamies, toutes les allégations mensongères, grossières, toutes les insanités qu’on a pu entendre, sur telle ou telle personne, telle personnalité, si vous considérez que cela, c’est de la liberté d’expression, si nos compatriotes considèrent cela comme de la liberté d’expression, moi je voudrais vous inviter et inviter nos compatriotes à se mettre à la place des personnes qui ont fait l’objet de ces chroniques là. Je ne parle pas de critiques. »

Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, Porte-parole du Gouvernement

Le post de Boni Richard Ouorou, Président du Mouvement Libéral Bénin

Cher Léandre Houngbedji,

Je tiens à souligner que la liberté d’expression est un droit fondamental protégé par de nombreuses constitutions et instruments internationaux et que la liberté de la presse attribuée aux journalistes est formulée sur le continuum de la liberté d’expression. Il faut donc éviter l’amalgame. Cette liberté ne se limite donc pas aux journalistes, mais s’étend à tous les citoyens, y compris les activistes politiques.

Il est important de distinguer entre la critique légitime, qui est essentielle dans une démocratie, et les discours diffamatoires ou haineux. Cependant, restreindre la liberté d’expression sous prétexte de protéger votre patron et certaines personnes des critiques pourrait nuire au débat public et à la responsabilité démocratique.

Les activistes politiques jouent un rôle crucial dans le dynamisme d’une société en mettant en lumière des points de vue souvent négligés. Bien sûr, cela doit être fait de manière responsable. Toutefois, limiter leur expression sous prétexte qu’ils représentent un bord politique pourrait poser des risques pour la pluralité des opinions et le contrôle citoyen nécessaire envers les gouvernants.

Il est essentiel de trouver un équilibre qui permette de protéger les individus contre la diffamation tout en garantissant un espace suffisant pour le débat et la critique, qui sont des éléments vitaux de toute démocratie.

Je vous invite donc cher Léandre à éviter l’amalgame, la confusion et à faire preuve de responsabilité dans le rôle très important qui vous est confié.

Prenez soin de vous cher ami et excellente semaine.

Boni Richard Ouorou

Président mouvement libéral Bénin.

RICHARD BONI OUOROU

———————————————————–

La réaction de Hermann Kekere au post de Richard Boni Ouorou :

Notre pays en particulier et les pays africains en général ne peuvent pas comprendre les normes telles que la démocratie,  la liberté d’expression, le capitalisme et autres.

1. Nous sommes les seuls pays au monde où ce que nous faisons où ce que nous sommes censés faire n’est pas enseigné. C’est un père de famille qui souhaite que ces enfants pratiquent où adorent le vaudou Thron mais ne les inscrit pas dans un couvent. Lorsque nos parents veulent que nous soyons chrétiens, ils nous inscrivent au catéchisme. Les musulmans en font de même pour leurs enfants à l’école coranique.

Paradoxalement, nos pays ont choisit comme mode et modèle économique : le capitalisme. A ma grande surprise, ce modèle économique n’est apprise ou découverte par les jeunes qu’à l’université, encore que cela dépend de votre filière d’étude. Le capitalisme est un modèle économie qui s’appuie sur la notion de LIBERTÉ pour exister:

– Liberté d’entreprise

– Liberté d’expression

– liberté d’association Etc.

Toute restriction de libertés est une violation du choix du capitalisme comme modèle économique. 

C’est justement pour cela que l’économie de nos pays n’est pas assez open en Afrique. 

2. L’ensemble des libertés ont permis d’avoir un modèle politique qu’on appelle DÉMOCRATIE.

Djidjoho Hermann Nounawon Kékéré
Titulaire d’un Diplôme de Juris Doctor de la prestigieuse Faculté de Droit de l’université de Moncton de la Province du New Brunswicks au Canada D’un MBA de l’université de Ouaga II, d’un Master 2 en droit international de l’université de Nantes en France et d’une maîtrise en droit à l’université UAC du Bénin

Autrement dit, les deux sont des jumeaux siamois que l’on ne peut pas détacher. De plus, l’on ne peut pas les appliquer à moitié ou bien choisir les éléments qui nous conviennent et y donner les mêmes noms. Soit c’est le capitalisme et la démocratie qu’on applique, soit vous donnez un autre nom à ce que vous appliquez.

3. Pour que ce système puisse fonctionner, cela doit être pratiqué et enseigné dès le primaire. Ce qui n’est pas le cas. Nous devons travailler à développer des projets citoyens dans le cadre des élections scolaires, montrer aux plus jeunes que c’est le modèle qu’il faut appliqué une fois devenu grand citoyen. Organiser des débats citoyens, promouvoir de la contradiction dès le bas âge pour et avec les enfants. Apprendre au plus jeunes à travailler dans la diversité, dans la contradiction et autres.

Le jeune africain découvre le vote à l’âge de 18 ans sans jamais avoir été informé et formé sur ce qu’est la démocratie. Pour lui, la démocratie se résume a l’exercice de voter pour un dirigeant. Personne ne lui a appris à choisir. Ainsi, il choisit en fonction de ce que les aînés lui ont dit: vote ton frère du village, ton parent, ton ami… nous ne devrons pas être surpris de cela car depuis 30 ans nous n’avons rien fait pour enseigner le vrai modèle de capitalisme et de la démocratie.

4. Lorsque le jeune, mal informé a  voté,  il découvre ensuite les partis politique dans lesquels les postes sont distribué et ses parents de lui dire qu’on ne critique pas le chef au risque de ne pas avoir les faveurs nécessaires pour obtenir les postes. Ce qui fait que la critique est un crime dans nos sociétés. Ceux qui critiquent perdent tout et personne ne les défend car la culture n’est pas démocratique mais celle de la royauté: soumission ou démission.

Dans un tel contexte, il est normal que la critique soit un crime de lèse majesté et punit de la peine capitale qui n’est pas celle de la mise à mort.

Celui dont on parle est fier de dire que dans le passé, il a été mis au garage pour avoir critiqué. Ainsi, il trouve normal que celui qui critique soit mis au banc de la société alors que normalement s’il avait reçu une bonne formation en démocratie, il faut protéger les idées critiques car, comme en économie, les idées critiques favorisent les inventions les plus spectaculaires.

Ancien fonctionnaire, je sais ce que veut dire METTRE UNE PERSONNE AU GARAGE. Nous ne devons pas aller au sommet pour venger mais pour améliorer afin que demain plus personne ne soit mis au garage parce qu’il n’est pas d’accord.

Je vous remercie.

Articles Similaires

MESSAGE DU PARTI RESTAURER L’ESPOIR (RE)/«Ne soyez pas complice, le 08 janvier 2023»

Joseph Perzo

Sécurité/Le Bénin, face à l’hydre djihadiste

Joseph Perzo

Bénin : La CG/RBD-c.h. «félicite l’illustre patriote Laurent Metongnon et ses coaccusés»

Joseph Perzo

Laissez un commentaire