Charly Teddy et Candide Azannaï, croisent leurs analyses et visions sur l’affaire du prétendu complot contre la sûreté de l’État impliquant des personnalités comme Olivier Boko et Oswald Homeky. À travers deux textes de Teddy et une réponse d’Azannaï, un dialogue profond et complexe s’installe, questionnant non seulement la situation politique, mais aussi les méthodes analytiques et le devoir d’engagement historique. Analyse d’une confrontation d’idées à l’heure où la politique béninoise interpelle.
Quand la forme l’emporte-t-elle sur le fond ?
NDLR/Dans son premier texte, Mon opposition de forme à la lecture du Ministre Candide Armand-Marie Azannaï, Charly Teddy s’intéresse à l’analyse linguistique qu’Azannaï fait du discours du président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou. L’ancien ministre Candide Azannaï, fort de ses connaissances en analyse grammaticale, décortique la rhétorique du discours de Vlavonou pour en démontrer, selon lui, la fragilité et les intentions implicites. Cependant, Teddy critique cette approche, la qualifiant de complexe et incertaine.
Pour Teddy, cette «grammatique» — un terme qu’Azannaï utilise pour désigner son approche grammaticale analytique – rend l’argumentation trop fragile. Selon lui, Azannaï attribue à Vlavonou une intention intellectuelle et une maîtrise syntaxique qui n’existent peut-être pas. En s’appuyant sur la structure du discours de Vlavonou, Azannaï prend ainsi le risque d’interpréter des intentions qui pourraient n’être que fortuites. Teddy propose une méthode alternative, celle de l’analyse lexicale, plus factuelle et moins sujette à la surinterprétation.
Azannaï défend sa méthode : la « grammatique »
Dans sa réponse à Teddy, Azannaï défend l’utilisation de la «grammatique». Selon lui, l’approche grammaticale, bien que complexe, offre une lecture plus solide et moins aléatoire qu’une simple analyse lexicale. Azannaï met l’accent sur l’importance du «verbe» dans le discours: à travers la conjugaison, le mode, et le temps, l’essence d’un discours se dévoile avec plus de profondeur qu’avec des mots isolés.
Azannaï souligne également que le discours écrit a un pouvoir explicatif plus grand que l’audio, car il permet de scruter les nuances orthographiques, syntaxiques et contextuelles. Pour Azannaï, le verbe est un «noyau du discours» dont les transformations temporelles et modales révèlent les véritables intentions et contradictions. En d’autres termes, il défend sa méthode en affirmant qu’elle permet d’approcher le sens d’un discours avec une précision qu’une simple analyse de vocabulaire ne pourrait atteindre.
Une « querelle » méthodologique qui masque un accord de fond
Malgré cette divergence de méthodes, Teddy et Azannaï s’accordent sur l’essentiel : l’invraisemblance de l’accusation de complot. Les deux analystes estiment que l’idée d’un coup d’État fomenté par des civils est déconnectée de la réalité et constitue une tentative de manipulation politique. Azannaï va même plus loin en qualifiant l’affaire de «joyeux Noël pour les nourrissons», rejetant catégoriquement l’hypothèse d’un coup d’État civil et affirmant que seuls des éléments militaires pourraient en constituer un.
Les deux auteurs dénoncent ainsi, chacun à leur manière, la faiblesse des accusations de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) et la manipulation sous-jacente du pouvoir pour faire taire l’opposition. Pour Teddy comme pour Azannaï, cette affaire est symptomatique d’une instrumentalisation de la justice au profit de la classe dirigeante.
Le poids de l’histoire : ce que Teddy attend d’Azannaï
Dans son deuxième texte, Ce que j’attends de Candide Armand-Marie Azannaï, Teddy dépasse la querelle méthodologique pour se tourner vers l’homme politique lui-même. Il reconnaît la valeur de l’analyse d’Azannaï et sa pertinence, mais rappelle que l’ancien ministre a été un acteur-clé dans l’accession de Patrice Talon au pouvoir. Pour Teddy, le soutien d’Azannaï à Talon, symbolisé par la métaphore de l’« achat de conscience par un beignet de haricot », a marqué le destin politique du Bénin, scellant une alliance dont le pays subit encore les conséquences.
Teddy appelle Azannaï à un acte symbolique fort : un désaveu public de Patrice Talon, un « désenvoutement » selon ses propres termes. En demandant à Azannaï de se dissocier de son passé d’allié de Talon, Teddy aspire à un retour aux valeurs d’intégrité et de responsabilité historique. Il voit dans cet acte de rupture un moyen de restaurer la confiance du peuple béninois, qui semble aujourd’hui passif et résigné face aux dérives de l’État.
Azannaï, l’opposant complexe : entre intégrité et responsabilité
L’appel de Teddy place Azannaï devant un dilemme. Homme politique expérimenté, Azannaï est apprécié pour son regard lucide sur la scène politique, mais son alliance passée avec Talon reste une ombre qui ternit son intégrité. Teddy souligne que, pour reconstruire un espoir collectif, Azannaï doit renoncer publiquement à cette alliance. Le peuple béninois, attaché aux valeurs symboliques, pourrait trouver dans ce geste de rupture une source de renouveau et de mobilisation.
Pour Teddy, il est essentiel qu’Azannaï assume ce rôle de désengagement et de repentance pour permettre un retour à une conscience nationale. Cette posture fait écho à une tradition politique où le verbe, porteur d’engagement et de responsabilité, détient un pouvoir quasi-magique. En somme, Teddy en appelle à un Azannaï libéré de son passé pour incarner pleinement les valeurs de justice et de transparence qu’il défend dans ses discours.
Une situation politique au bord de la crise
À travers les échanges entre Teddy et Azannaï, c’est l’état de la politique béninoise qui se dévoile. Les accusations de complot apparaissent comme un symptôme d’un système en déliquescence, où le pouvoir en place semble utiliser la justice pour asseoir son autorité et neutraliser l’opposition. Teddy et Azannaï décrivent tous deux une situation critique, où la liberté d’expression est menacée et où la justice est instrumentalisée.
Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres moments sombres de l’histoire politique du Bénin, où les alliances et les trahisons ont profondément marqué la stabilité du pays. Teddy et Azannaï évoquent, chacun à leur manière, l’urgence d’une refonte du système politique, fondée sur l’intégrité et la responsabilité des acteurs. L’affaire du complot, loin d’être un simple fait divers, devient un catalyseur de réflexions sur l’état de la démocratie béninoise.
Une quête de renouveau : pour un retour aux valeurs démocratiques
Les attentes de Teddy envers Azannaï illustrent une aspiration collective à un renouveau démocratique. En exigeant un désaveu symbolique, Teddy appelle à un retour aux valeurs fondamentales d’intégrité et de responsabilité. Pour lui, la politique béninoise a besoin de leaders capables de reconnaître leurs erreurs et de redonner au peuple la confiance en des institutions justes et transparentes.
Cet appel est particulièrement pertinent dans un contexte où la méfiance envers les institutions est croissante. En demandant à Azannaï d’incarner ce changement, Teddy exprime une volonté de voir émerger des figures politiques authentiques, capables de transcender les alliances passées pour répondre aux besoins actuels du peuple. Le Bénin, autrefois modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui confronté à un défi de taille : restaurer un système de gouvernance transparent et équitable.
Un appel à la responsabilité collective
La confrontation intellectuelle entre Teddy et Azannaï est un écho des attentes plus vastes du peuple béninois. En remettant en question les méthodes et les alliances passées, Teddy ouvre la voie à un dialogue sur le devoir de responsabilité historique. Azannaï, en défendant sa « grammatique» et en s’engageant pour la transparence, incarne déjà une partie de ce renouveau, mais Teddy lui demande d’aller plus loin en tournant symboliquement la page de son passé aux côtés de Talon.
Dans un pays où le verbe est porteur de sens et de pouvoir, cet appel à un geste symbolique de désaveu prend une dimension presque rituelle. Teddy et Azannaï, chacun à leur manière, montrent que le Bénin traverse une phase critique, où la voix du peuple et l’intégrité de ses dirigeants seront déterminantes pour l’avenir. Ce dialogue entre deux figures de la pensée politique béninoise est un signal fort pour tous ceux qui croient en la possibilité d’un renouveau démocratique, fondé sur la justice et la responsabilité partagée.
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AFFAIRE PRÉTENDU COMPLOT CONTRE LA SÛRETÉ DE l’ÉTAT PAR BOKO ET HOMEKY:
Mon opposition de forme à la lecture du Ministre Candide Armand-Marie Azannai
Si la situation de fait au Bénin n’était pas aussi critique que catastrophique, j’aurais trouvé un plaisir fou à relayer les approches d’analyse de l’ancien Ministre Candide AZANNAI; ne serait-ce que pour sa densité stylistique.
Mais ce serait prendre le risque de reposer la pertinence de fond sur un biais de forme.
Autant il est plaisant, et presque jouissif, de suivre le Président du Parti Restaurer l’Espoir dans ce qu’il dénomme la grammatique, pour battre en brèche le pseudo complot contre la sûreté de l’État, autant les pistes grammaticales sur lesquelles il fonde ses analyses sont précaires en raison de la qualité de la matière première qu’est le discours du Président de l’Assemblée nationale, Louis VLAVONOU.
Sauf respect de mon cher cousin LGV, Candide Armand-Marie AZANNAI, alias CAMA,
prête trop au Président de l’Assemblée nationale dont le discours est disséqué pour y extraire une substance syntaxique pouvant éclairer sur les non-dit.
Il aurait fallu alors deux conditions principales:
1• La parfaite connaissance et maîtrise de l’expression par la syntaxe.
2• La pleine conscience et l’intention effective de l’usage de ladite grammatique aux fins recherchées.
Aussi lumineuse que soit l’approche d’analyse du Ministre Candide Armand-Marie Azannai sur cette affaire abracadabrantesque, la fragilité de l’échafaudage de construction sur lequel il repose ne peut soutenir la brillance argumentaire.
Une analyse lexicale par CAMA aurait été moins aléatoire.
Cette forme d’analyse n’induirait pas une volonté constructive de l’auteur des propos et des formulations; mais plutôt révèlerait l’expression, même inconsciente.
Pour autant, je partage en quasi totalité les déductions d’incidences du Ministre Candide Armand-Marie Azannai à propos de ce vrai faux complot contre la Sûreté de l’État; à la nuance près qu’on ne peut dissocier les propos et formulations de la pleine maîtrise, par leur auteur, de la grille par laquelle ces propos sont analysés.
Comme en géomancie, le jet du chapelet d’oracle par le prêtre du Fa n’a pas la même portée que la jetée accidentelle par une main ingénue.
J’attendrai la lecture de la deuxième partie d’analyse par le Ministre Candide Armand-Marie Azannai prévue en sortie le 7 novembre pour me faire une opinion plus éclairée de ce que cache même le choix d’une allégation de complot contre la Sûreté de l’État.
Charly Teddy – 06/11/2024
La réaction de Candide Armand-Marie Azannai
Bonjour / Bonsoir à vous Charly Teddy,
J’ai lu avec intérêt votre publication. C’est rare de croiser des confrontations intellectuelles qui invitent à scruter aussi bien la motivation sur le fond que celle de la forme.
J’en rencontre rarement sur les réseaux sociaux et particulièrement sur mon espace Facebook. Souvent beaucoup divaguent rien qu’avec les colportages de préjugés.
Je vous félicite pour votre invitation à explorer le champ lexical du discours sous examen. Celui de Louis VLAVONOU.
Le risque de l’égarement est plus grand dans le cas d’une grammatique exclusive au lexique. Autrement dit, l’approche lexicale est paradoxalement plus aléatoire que l’approche syntaxique. Dans la grammatique l’approche vraiment objective et qui offre le moins de fantaisie est celle sur le noyau du discours qu’est le verbe. Le lexique étant plus sur les mots ordinaires ceux de choses et des êtres le marché du vocabulaire servant à désigner, à nommer, les adverbes, prépositions, articles et autres .
Et c’est là, la faiblesse de l’approche lexicale lorsque l’auteur du choix du registre lexical n’est pas devant vous pour les accords sur le sens qu’il donne à tel ou tel mot. La distance espace et temps agit sur l’instantanéité des échanges qui n’est pas garantie. Parce que l’emploi d’un mot peut renvoyer à la notion ou au concept ou simplement aux définitions qui peuvent renvoyer aux versions polysémiques de ce mot dans plusieurs cas de débats. C’est pourquoi lorsque l’auteur d’un discours n’est pas présent devant vous , il est conseillé sauf d’avoir eu au préalable un accord sur le sens avec lui et parfois en l’absence d’un glossaire venant de lui, d’éviter l’approche lexicale. Dans l’approche syntaxique qui à plusieurs fenêtres, il est plus stable et solide l’appui sur le verbe. Là aussi et surtout , il faudra tenir le plus prêt de l’usage que du sens à cause des synonymies.
C’est pourquoi, la seule issue est le mode auquel a recouru l’auteur du discours sous examen.
La grammatique est très complexe surtout avec la langue française, une des langues les difficiles et compliquées qui a une large part avec le latin.
Avec l’investigation à partir du verbe nous scrutons le temps, l’humeur, la personne et plus encore les transformations pour produire le contexte …
Le mode est très important pour comprendre le temps et le contexte.
Il y a la morphologie car la précision orthographique doit être prise en compte ce qui fait que le discours écrit renseigne plus que l’audio rapporté.
Bref les linguistes et autres étymologistes et rhéteurs de plus grande facture que nous pourront faire leurs évaluations.
Je pense que tout le monde sait ce qui se passe. Tout le monde TALON y compris.
En ce qui me concerne, un civil , deux civils ne peuvent pas faire un complot d’un coup d’Etat militaire. C’est faux. Et personne ne peut convaincre personne là dessus sauf pour les joyeux Noël aux petits encore dans les berceaux.
Et puis Louis VLAVONOU est sorti et est loin du berceau il y a très longtemps bien avant moi !
C’est pour cela que la grammatique de son propos est ce qu’il est .
Voilà.
Ceux qui s’aliènent encore avec des préjugés, je les laisse à leurs états d’âme. Je n’y peux rien.
Bien à vous.
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Ce que j’attends de Candide Armand-Marie Azannai
On peut ne pas aimer l’ancien Député, Ministre et homme politique béninois Candide Armand-Marie Azannai; mais on ne peut lui dénier sa densité d’analyse politique.
On peut même, et à juste titre, avoir des ressentiments contre le stratège politique, par dépit pour l’admiration et la confiance accordées à son intelligence politique finalement sacrifiée dans une alliance qui nous asservit aujourd’hui; mais cet homme mérite respect pour sa clairvoyance et la pertinence de ses constats.
Quand on prend le temps de lire le pavé d’analyses que le Ministre Candide Armand-Marie Azannai consacre, dans un deuxième volet, à l’abracabrantesque histoire de « coup d’état » ou « complot contre la sûreté de l’état » ( c’est selon les relais de service), on est obligé de lui accorder le bénéfice de la justesse.
Pour autant, on ne peut passer par perte et profit, et effacer d’un coup de chiffon de la mémoire, que le système de gestion en cours aujourd’hui, doit tout aux conditions dans lesquelles M. Patrice TALON est arrivé au Pouvoir au Bénin; et que la présence à ses côtés en son temps de M. CandideArmand-Marie Azannai à été décisive.
Il me souvient encore, de cette métaphore de l’achat de conscience par le prix d’un beignet de haricot, par lequel M. Candide Armand-Marie Azannai, farouche opposant au pouvoir du Président Thomas Yayi Boni, avait annoncé son soutien à Patrice TALON.
Cette déclaration n’était pas qu’une alliance politique; c’est un pacte par lequel le sort des béninois a été scellé.
Et pour défaire l’emprise qui maintient aujourd’hui les béninois dans une posture amorphe, il faut que le Ministre Candide Armand-Marie Azannai désavoue publiquement, et dans un cérémonial symbolique, le Président Patrice TALON.
Nous sommes, au Bénin, une terre du verbe et la conscience est dans le verbe.
Quand on lit, juste un extrait de l’analyse du Ministre Candide Armand-Marie Azannai, qui tient lieu d’état des lieux de la situation au Bénin, seul un désenvoutement par la démystification rétablira le Bénin.
C’est cet appel que je fais au Ministre Candide Armand-Marie Azannai, fort de son constat de la dépravation de l’État du Bénin.
Charly Teddy
08/11/2024