Face à ce qu’il qualifie de recul démocratique depuis 2016, le Directoire de l’Agenda 11-12 proclame sa naissance appelle à une mobilisation citoyenne pour le retour à l’ordre constitutionnel de 1990. Cette déclaration engageante, parvenue à l’instant à notre rédaction, met en exergue les défis politiques, économiques et sociaux auxquels le Bénin fait face. L’Agenda 11-12 appelle à une décrispation immédiate du climat politique, la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés comme des mesures essentielles pour restaurer un minimum de confiance entre le peuple et ses dirigeants.
NDLR/Depuis plusieurs années, le Bénin, autrefois salué comme un modèle démocratique en Afrique, traverse une période de turbulences politiques et institutionnelles. La déclaration du Directoire de l’Agenda 11-12, publiée ce 11 décembre 2024, pointe du doigt les réformes controversées mises en œuvre depuis 2016, qu’il estime avoir fragilisé l’État de droit et menacé les acquis démocratiques.
Selon ce collectif, les fondements mêmes de la Constitution du 11 décembre 1990, qui symbolise le consensus national né de la Conférence nationale des forces vives, ont été ébranlés. Pour eux, cette charte démocratique est le socle de la légitimité politique et des droits fondamentaux au Bénin, et son rétablissement est crucial pour la stabilité et la justice sociale.
Un plaidoyer pour la décrispation et le dialogue inclusif
L’Agenda 11-12 appelle à une décrispation immédiate du climat politique, citant la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés comme des mesures essentielles pour restaurer un minimum de confiance entre le peuple et ses dirigeants. Cette proposition est confortée par les recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), qui a constaté des violations répétées des principes démocratiques au Bénin.
Le collectif plaide également pour l’organisation d’assises nationales souveraines. Cet espace de dialogue inclusif réunirait partis politiques, société civile, et autorités religieuses et traditionnelles pour redéfinir les bases du vivre-ensemble et adopter un consensus sur les modalités de retour à la Constitution de 1990.
Des réformes contestées, des secteurs en souffrance
La déclaration dresse un tableau sombre des répercussions des réformes initiées depuis 2016 dans plusieurs domaines clés :
- Économie: Des entreprises prospères spoliées et mises en faillite, des hommes d’affaires contraints à l’exil, et un climat des affaires délétère.
- Agriculture: Les producteurs de coton et de soja, ainsi que d’autres acteurs du secteur, subissent des spoliations, aggravant leur précarité.
- Petits commerces: Les déguerpissements sans compensation mettent à mal des milliers de familles.
- Sécurité: Un malaise profond au sein des forces de l’ordre, de l’armée et de la gendarmerie, fragilise les institutions chargées de protéger les citoyens.
- Éducation: Des initiatives telles que les AME suscitent des critiques, laissant transparaître une gestion mal adaptée aux réalités du terrain.
- Politique: Les lois sur le parrainage et le système partisan ont institutionnalisé l’exclusion, limitant l’expression démocratique.
Ces constats témoignent d’un mécontentement généralisé au sein de la population et de divers secteurs d’activité, que l’Agenda 11-12 entend canaliser dans une dynamique constructive.
Une plateforme pour la justice et le consensus
Pour ses initiateurs, l’Agenda 11-12 est plus qu’une réaction à une crise ; c’est une plateforme de mobilisation citoyenne pour refonder le contrat social. Il propose un retour à l’ordre constitutionnel non pas comme une nostalgie du passé, mais comme une base pour reconstruire un avenir démocratique.
Trois axes principaux structurent leur démarche :
- Décrispation politique sans condition: Libération des prisonniers politiques, arrêt des poursuites judiciaires à caractère politique, et retour des exilés.
- Dialogue inclusif: Assises nationales souveraines pour convenir des modalités de réformes et de retour à la Constitution de 1990.
- Rétablissement de l’ordre constitutionnel: Respect des décisions de la CADHP et retour à une gouvernance conforme aux principes démocratiques.
Un appel à l’unité nationale et un défi pour le régime en place
La déclaration se veut également un appel à l’unité et à la mobilisation populaire. En mettant en avant l’idée que «l’Agenda 11-12 est ton affaire», le Directoire invite chaque citoyen béninois à s’impliquer activement dans cette démarche. Ce mouvement se positionne comme un vecteur d’espoir et de changement face à des années de frustrations et de désillusions.
Si l’Agenda 11-12 incarne l’espoir d’une partie de la population, il représente également un défi pour le régime actuel. Comment répondre à ces critiques tout en maintenant une image de stabilité et de contrôle ? Les recommandations de la CADHP, bien que juridiquement non contraignantes, pèsent sur la crédibilité du Bénin à l’international.
Pour le régime de Patrice Talon, cette déclaration pourrait être perçue comme une mise en demeure politique. Ignorer ces revendications risque d’accentuer les tensions sociales et de ternir davantage son bilan démocratique.
Un enjeu démocratique crucial
L’Agenda 11-12 s’inscrit dans une longue tradition de luttes pour la démocratie en Afrique. En mettant en lumière les dérives actuelles et en proposant des solutions concrètes, ce mouvement entend restaurer un Bénin où chaque citoyen peut s’exprimer et contribuer à la construction nationale.
Le succès de cette initiative dépendra de la capacité des différents acteurs à dialoguer et à faire preuve de responsabilité. Dans un contexte de crise, le retour à la Constitution de 1990 peut être vu comme une étape essentielle pour redonner confiance aux citoyens et repositionner le Bénin comme un modèle de démocratie en Afrique.
DECLARATION DU DIRECTOIRE DE L ’AG ENDA 11-12