La réflexion de Boni Richard Ouorou met en lumière une question cruciale pour le Bénin : peut-on concilier la dynamique agricole du nord avec l’essor touristique du sud sans déséquilibrer l’économie nationale ? Une analyse des priorités de développement révèle les dangers d’une politique mal orientée et propose des pistes pour une croissance durable et inclusive.
Avec un taux de croissance économique de 6,5 % en 2022, le Bénin affiche une performance solide, portée principalement par des secteurs comme l’agriculture, le commerce et les services. Cependant, cette croissance reste insuffisamment redistributive. Environ 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Ces chiffres témoignent d’un fossé entre la croissance du PIB et l’amélioration des conditions de vie.
L’agriculture, moteur économique du nord du pays, contribue fortement à cette dynamique, notamment par la production de coton, produit phare à l’exportation. Pourtant, le secteur agricole souffre d’un manque d’investissements structurels, notamment dans les infrastructures routières reliant les zones rurales aux centres urbains. Ce déséquilibre freine non seulement la croissance des régions rurales, mais alimente aussi le sentiment d’exclusion économique.

Développement : Des avancées insuffisantes
Le développement inclusif au Bénin reste un défi majeur. Malgré des progrès dans les infrastructures et les services de base, des indicateurs sociaux alarmants persistent :
- 35 % d’analphabétisme chez les jeunes adultes (UNICEF, 2022), un chiffre qui, selon Ouorou, serait sous-évalué.
- Des disparités marquées entre les zones rurales et urbaines en termes d’accès aux soins de santé, à l’éducation et aux opportunités économiques.
L’agriculture, qui pourrait être un levier de développement pour les régions du nord, est marginalisée au profit d’investissements infrastructurels concentrés dans le sud. Par exemple, les routes destinées à desservir les zones rurales productrices de coton restent en mauvais état, compromettant la capacité des agriculteurs à acheminer leurs produits vers les marchés.
Modernisation des infrastructures: Des priorités mal orientées
Le Bénin a fait des avancées notables en matière de modernisation des infrastructures, mais celles-ci ne répondent pas toujours aux besoins prioritaires du pays. Boni Richard Ouorou critique une approche déséquilibrée :
- Les infrastructures routières, essentielles pour connecter les zones agricoles du nord, sont négligées au profit de projets concentrés dans les grandes villes, particulièrement à Cotonou.
- Ces choix, orientés vers la modernisation urbaine, favorisent des secteurs tels que les taxis-motos (zemidjans), qui désorganisent le trafic et augmentent la pollution, sans apporter de bénéfices tangibles aux zones rurales.
Le choix des priorités infrastructurelles est symptomatique d’une vision à court terme, privilégiant des gains politiques immédiats plutôt qu’un développement durable et équilibré. Les « routes de la croissance », qui relieraient les zones agricoles aux marchés nationaux et internationaux, devraient figurer au cœur des politiques publiques.

Nord vs Sud : Le danger d’un développement déséquilibré
La critique principale de Richard Ouorou repose sur une possible marginalisation du nord agricole au profit du sud touristique. Cette dynamique pourrait, à terme, affaiblir l’un des piliers économiques du pays :
- Le nord, riche en ressources agricoles, manque d’infrastructures pour valoriser ses productions. Ce manque d’attention risque de décourager les agriculteurs et d’accroître l’exode rural.
- Le sud, bien que stratégique pour le développement touristique, ne peut devenir le seul moteur économique du pays sans risquer de creuser davantage les inégalités régionales.
Pour éviter ce piège, une complémentarité entre agriculture et tourisme est essentielle. Le développement de ces deux secteurs, dans leurs spécificités régionales, permettrait de diversifier l’économie tout en créant des opportunités pour l’ensemble de la population.

Politique publique : Des recommandations pour un développement équilibré
Ouorou propose une vision intégrée où l’agriculture et le tourisme deviennent les deux piliers d’un développement équilibré :
- Investir dans l’agriculture au nord :
- Moderniser les équipements agricoles et améliorer les conditions de travail pour les agriculteurs.
- Réhabiliter les infrastructures routières reliant les zones rurales aux marchés, afin de faciliter l’écoulement des productions.
- Mettre en place des mécanismes de financement pour soutenir les petits exploitants agricoles et encourager la diversification des cultures.
- Promouvoir le tourisme au sud :
- Développer des infrastructures hôtelières et de loisirs tout en préservant l’environnement.
- Valoriser le patrimoine culturel et naturel du sud pour attirer un tourisme responsable et durable.
- Renforcer les connexions entre le nord et le sud, permettant aux touristes de découvrir la richesse agricole et culturelle du nord.
Synergie entre croissance, développement et infrastructures
Pour Ouorou, la synergie entre croissance économique, développement social et infrastructures doit guider les politiques publiques. Cela implique :
- Repenser la priorisation des infrastructures : Les « routes de la croissance » doivent relier les régions agricoles aux centres économiques, réduisant ainsi les inégalités entre le nord et le sud.
- Renforcer l’éducation et la santé : Investir dans l’éducation et les soins de santé pour améliorer le bien-être général et créer une main-d’œuvre qualifiée.
- Créer des emplois inclusifs : Favoriser des secteurs générateurs d’emplois, tant dans l’agriculture que dans le tourisme, pour dynamiser l’économie locale.

Le rôle des citoyens et de la société civile
Enfin, Ouorou appelle à une mobilisation collective. Les citoyens, les leaders d’opinion et les organisations de la société civile doivent jouer un rôle actif dans le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Leur implication peut garantir que les priorités de développement reflètent les besoins réels de la population.
Un appel à un développement équilibré
La réflexion de Boni Richard Ouorou met en exergue les dangers d’une politique de développement déséquilibrée. Négliger le potentiel agricole du nord au profit d’un tourisme exclusivement centré sur le sud risquerait de créer des disparités économiques et sociales profondes. À travers une vision inclusive, qui valorise à la fois l’agriculture et le tourisme, le Bénin peut construire une économie durable, répondant aux aspirations de tous ses citoyens. Cette complémentarité entre régions est la clé pour transformer la croissance économique en un véritable développement inclusif.
LA REFLEXION DE RICHARD BONI
Bénin : Pourquoi il ne faudrait pas tuer la dynamique agricole du nord au bénéfice de l’économie touristique du sud. Le risque d’une politique de développement mal-orientée.
Cher.e.s ami.e.s
La dynamique entre la croissance économique, le développement et la modernisation des infrastructures est particulièrement pertinente dans le contexte du Bénin. Bien que ces concepts soient souvent perçus comme interconnectés, il est crucial de souligner que la croissance économique ne se traduit pas toujours par un développement durable et inclusif, et que la modernisation des infrastructures ne garantit pas nécessairement une amélioration du bien-être général.
Croissance Économique au Bénin
Au Bénin, la croissance économique a été relativement soutenue ces dernières années, avec un taux de croissance du PIB d’environ 6,5 % en 2022, selon les statistiques de la Banque mondiale. Cette croissance a été impulsée par des secteurs tels que l’agriculture, le commerce et les services. Cependant, cette augmentation du PIB n’a pas été accompagnée d’une réduction significative des inégalités ou d’une amélioration substantielle des conditions de vie pour la majorité de la population. En 2021, environ 40 % de la population vivait encore en dessous du seuil de pauvreté, ce qui met en évidence le décalage entre la croissance économique et le développement social.
Développement au Bénin
Le développement, dans le contexte béninois, englobe des aspects cruciaux tels que l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux services de base. Malgré des progrès notables dans certains de ces domaines, notre pays fait face à des défis persistants. En exemple, selon le rapport de l’UNICEF en 2022, le taux d’analphabétisme chez les jeunes adultes est d’environ 35 % et ce rapport est clément parce que dans les faits la réalité est beaucoup plus.
Cela souligne que la croissance économique, bien que positive sur le papier, ne se traduit pas automatiquement par une élévation du niveau d’éducation et, par conséquent, du bien-être de façon générale.
Modernisation Infrastructurelle et Développement
En ce qui concerne la modernisation des infrastructures, le Bénin a réalisé des avancées significatives, notamment avec la construction de routes et l’amélioration des réseaux électriques.
Toutefois, ces efforts ne se sont pas toujours traduits par un développement inclusif. Par exemple, la modernisation des infrastructures routières peut faciliter le commerce, mais si les bénéfices de cette croissance ne sont pas redistribués, les zones rurales peuvent continuer à souffrir de l’isolement économique. En 2021, seulement 52 % des routes étaient en bon état, ce qui indique que des lacunes subsistent dans l’accès aux infrastructures essentielles.
Mais le pire se trouve dans le choix des routes à créer, à faire ou à réfectionner. Alors que la priorité devrait être sur celles que j’appelle: les routes de la croissance. Donc celles qui quittent les zones rurales productrices du coton ou autres produits qui soutiennent la croissance et notre consommation, le gouvernement privilégie, dans
La perspective peut-être de faire de l’affichage (donner l’impression), les routes de la capitale qui font la promotion des taxis motos (zemidjans) qui en plus de polluer désorganisent le trafic routier.
Il paraît donc impératif de reconnaître que la croissance économique, bien qu’indispensable, doit être conçue comme un moyen d’atteindre un développement inclusif et durable dans notre pays . La modernisation des infrastructures, tout en étant un catalyseur de croissance, ne doit pas être perçue comme un but en soi.
Pour que notre pays réalise son potentiel de développement, il sera essentiel d’assurer que la croissance économique bénéficie à l’ensemble de la population, en améliorant véritablement les conditions de vie et en réduisant les inégalités.
Ainsi, la synergie entre croissance économique, développement et modernisation des infrastructures doit être au cœur des politiques publiques.
Seulement que je soupçonne une politique visant sur le long terme à tuer la dynamique agricole du nord au profit d’une économie touristique au sud.
Alors qu’une modernisation de l’agriculture et des conditions de travail dans le domaine au nord et une dynamique touristique au sud créerait un essor économique équilibré pour notre pays et engagerait l’ensemble des fils et filles du pays au service de la croissance et de la stabilité.
Prenez soin de vous, excellente semaine.
Boni Richard Ouorou