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Comité des Rites Vodun du Bénin/David Koffi AZA, désapprouvé

Le Comité des Rites Vodun du Bénin a officiellement désapprouvé les commentaires de Monsieur David Koffi AZA sur le Bénin Tofá 2025, soulignant leur désaccord avec ses interprétations. Ce communiqué met en lumière des enjeux majeurs liés à la préservation des traditions vodun, leur rôle dans la société béninoise et leur interaction avec les dynamiques politiques et sociales contemporaines.

Le Bénin est souvent considéré comme le berceau du vodun, une religion et une tradition ancestrale profondément ancrées dans l’identité culturelle du pays. Chaque année, les cérémonies liées au Vodun Day et au Tofá, l’important rituel divinatoire, attirent l’attention nationale et internationale. Ces pratiques, bien qu’héritées du passé, restent vivantes et influencent encore aujourd’hui les croyances, les comportements et, dans certains cas, les dynamiques politiques. Depuis quelques éditions, bien d’observateurs s’interrogent sur la qualité intrinsèque d’un rituel Tofà, de plus en plus dévoyé selon certains. La dernière sortie de Monsieur David Koffi AZA, de par le tollé soulevé n’a pas manqué de faire réagir le Comité des rites vodun du bénin qui désapprouve  ce prêtre Fâ et se démarque de ses interprétations sur le Tofá 2025, qui n’engagent que lui et lui seul. Selon Monsieur Mahougnon ΚΑΚΡΟ, ni  les membres du Collège des Bokónó ni ceux du Comité des Rites Vodun du Bénin ne se reconnaissent à travers les commentaires de Monsieur AZA.

Le communiqué du Comité des Rites Vodun illustre la vigilance des gardiens de ces traditions face à leur interprétation publique. Il souligne l’importance du respect de la structure traditionnelle, incarnée par le Collège des Bokónó (devins traditionnels) et le Comité des Rites Vodun, qui sont les seuls organes habilités à produire une analyse officielle des révélations divinatoires.

Le Bénin Tofá : Un outil spirituel, social et politique

Le Bénin Tofá est une pratique divinatoire annuelle qui vise à orienter la nation en révélant les forces et défis à venir. L’édition 2025 a mis en lumière le Fádů Fú-Yekú, un signe dont l’interprétation complète reste attendue dans le rapport officiel du Collège des Bokónó.

Cette cérémonie, bien que spirituelle, revêt une portée sociale et politique importante :

  • Spiritualité nationale : Le Tofá est perçu comme un moyen de relier les béninois à leur identité spirituelle et culturelle.
  • Orientation sociale : Les signes révélés offrent des conseils sur les défis à anticiper, notamment en matière de santé, d’agriculture, ou de cohésion sociale.
  • Implication politique : Bien que le Tofá soit officiellement apolitique, ses interprétations peuvent influencer l’opinion publique, surtout dans un contexte préélectoral.

Dans ce cadre, les commentaires de Monsieur AZA, qui n’émanent pas des organes reconnus, soulèvent des préoccupations quant à l’instrumentalisation possible des traditions pour des intérêts personnels ou politiques.

Les Réserves du Comité des Rites Vodun

Le communiqué souligne plusieurs points critiques concernant les déclarations de Monsieur David Koffi AZA :

  1. Manque de légitimité : Les interprétations de Monsieur AZA ne sont pas reconnues par le Collège des Bokónó ni par le Comité des Rites Vodun. Cela constitue une violation implicite des structures établies.
  2. Contexte sensible : Les élections générales de 2026 et le futur Bénin Tofá 2026 rendent toute interprétation prématurée potentiellement problématique. Ces déclarations pourraient être perçues comme une tentative d’influencer l’opinion publique.
  3. Impact sur la sérénité nationale : Le Comité appelle à garder une sérénité face à ces déclarations. Cet appel traduit une préoccupation pour la stabilité sociale dans un pays où les tensions politiques peuvent être exacerbées par des discours perçus comme divisifs.

Le Comité des Rites Vodun réaffirme ainsi son engagement à préserver l’authenticité des traditions dans un cadre légal et structuré, éloigné des manipulations potentielles.

Les Défis de la Modernité pour le Vodun

Le communiqué met également en lumière les tensions entre les traditions ancestrales et les dynamiques modernes :

  • Médiatisation des rites : La diffusion d’interprétations non officielles via les médias ou les réseaux sociaux peut créer de la confusion. Ces plateformes permettent à des individus, parfois sans légitimité, de s’approprier des éléments de la culture vodun.
  • Politisation des traditions : Les interprétations publiques, surtout en période électorale, risquent d’être perçues comme des outils d’influence. Cela peut compromettre la neutralité des pratiques religieuses.
  • Protéger l’intégrité culturelle : Le rôle du Comité des Rites Vodun est d’assurer que les traditions restent fidèles à leurs racines, tout en s’adaptant prudemment aux réalités contemporaines.

David Koffi AZA : Entre audace et controverse

Les déclarations de Monsieur David Koffi AZA illustrent une prise de liberté dans l’interprétation des rites vodun. Bien que cela puisse être vu comme une tentative de démocratiser les pratiques spirituelles, cela soulève des critiques :

  • Individualisme spirituel : En se démarquant du cadre collectif représenté par le Collège des Bokónó, Monsieur AZA brouille la ligne entre une pratique spirituelle partagée et une démarche personnelle.
  • Perception publique : Ses commentaires, en l’absence d’un rapport officiel, peuvent être mal interprétés et susciter des divisions, particulièrement dans un contexte électoral sensible.

Cependant, cet épisode soulève également des questions légitimes sur l’accessibilité et la transparence des pratiques vodun. Une communication plus ouverte de la part des organes officiels pourrait prévenir de telles situations.

Préserver les traditions dans un État moderne

Le Comité des Rites Vodun insiste sur le respect des lois de la République. Cela témoigne de la nécessité de trouver un équilibre entre tradition et modernité. Quelques recommandations :

  1. Renforcer le rôle des organes officiels : Le Collège des Bokónó et le Comité des Rites Vodun doivent se positionner comme les seuls gardiens des interprétations divinatoires.
  2. Améliorer la communication publique : Publier des rapports accessibles et pédagogiques sur les révélations du Tofá aiderait à contrer les interprétations non officielles.
  3. Encadrer les discours publics : Des lois ou directives pourraient limiter les interprétations publiques non autorisées pour protéger l’intégrité des traditions.

Implications sociales et politiques

Le vodun, en tant que pilier culturel du Bénin, transcende la simple spiritualité. Il est un facteur de cohésion nationale, mais aussi une source potentielle de tensions :

  • Cohésion culturelle : Le vodun unifie une partie importante de la population autour de pratiques ancestrales partagées.
  • Instrumentalisation politique : Les figures publiques ou spirituelles non reconnues pourraient utiliser ces traditions pour manipuler l’opinion publique.

Le Comité, en se désolidarisant des commentaires de Monsieur AZA, tente de préserver la neutralité des traditions dans un contexte politique souvent polarisé.

Une vigilance nécessaire

Le communiqué du Comité des Rites Vodun du Bénin rappelle l’importance de respecter les cadres établis pour préserver l’intégrité des pratiques spirituelles. Les déclarations non officielles, comme celles de Monsieur David Koffi AZA, soulignent les défis auxquels font face les traditions dans un monde de plus en plus médiatisé et politisé.

Pour maintenir la sérénité nationale, il est essentiel que les institutions traditionnelles et républicaines collaborent afin de protéger l’authenticité du vodun tout en le rendant accessible et compréhensible pour les générations futures. Le vodun, loin d’être une relique du passé, doit continuer à jouer un rôle actif et apolitique dans l’unité et l’évolution culturelle du Bénin.

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COMMUNIQUÉ DU COMITÉ DES RITES VODUN DU BÉNIN

Les Vodun Days 2025 ont connu leur épilogue le samedi 11 janvier 2025.

La Grande Cérémonie Vodun qui a enregistré l’organisation du Bénin Tofá 2025 a révélé le Fádů Fú-Yekú.

Mais au moment où les membres du Collège des Bokónó travaillent avec acharnement afin de produire le Rapport général sur le Bénin Tofá 2025, Monsieur David Koffi AZA s’est livré à des commentaires et interprétations dans lesquels ni les membres du Collège des Bokónó ni ceux du Comité des Rites Vodun du Bénin ne se reconnaissent, d’autant plus que les élections générales au Bénin sont prévues pour l’année 2026 et le Bénin Tofá 2026 aura lieu dans un an.

En conséquence, le Comité des Rites Vodun du Bénin, tout en appelant l’opinion nationale et internationale à garder toute sa sérénité, l’informe que les interprétations de Monsieur David Koffi AZA n’engagent que lui et lui seul.

Le Comité des Rites Vodun du Bénin réaffirme son attachement à la mise en valeur des traditions ancestrales dans le strict respect des lois de la République.

Pour le Comité des Rites Vodun du Bénin

Le Président,

Mahougnon ΚΑΚΡΟ

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