À l’approche des élections générales de 2026 au Bénin, le parti Le Libéral, dirigé par Richard Boni Ouorou, semble définitivement tourner le dos à l’opposition – y était-il ? – pour faire corps avec la mouvance présidentielle. Entre déclarations flatteuses à l’endroit du président Patrice Talon, rencontres stratégiques avec les blocs de la majorité, et un congrès en préparation, tous les signaux convergent vers une alliance imminente. Mais dans ce virage politique, la mise sous mandat de dépôt de son président soulève des interrogations.
Hasard ou stratégie mûrement réfléchie ? Le parti Le Libéral, dirigé par le politologue Richard Boni Ouorou, avait entamé une série de rencontres avec des formations politiques légalement reconnues au Bénin. Curieusement, ce sont les partis de la mouvance présidentielle qui ont été les premiers à répondre favorablement à ces sollicitations. Ainsi, le Bloc Républicain d’Abdoulaye Bio Tchané, la Renaissance Nationale de Claudine Prudencio et MOELE-Bénin de Jacques Ayadji ont successivement accueilli les émissaires de Le Libéral. Cette entame de tournée par les forces proches du pouvoir ne semble pas être une simple coïncidence. Elle apparaît plutôt comme un indice tangible du positionnement politique qu’embrasse de plus en plus le parti fondé par Ouorou.
Celui qui, jadis, formulait des critiques nuancées à l’endroit du régime de Patrice Talon a, ces dernières années, multiplié les prises de position laudatives. À travers des publications, interviews et interventions médiatiques, Richard Boni Ouorou s’est démarqué d’une opposition qu’il traite de souvent véhémente, allant jusqu’à vanter certaines réformes emblématiques du chef de l’État. De quoi renforcer l’idée, largement répandue dans l’opinion publique, que Le Libéral se rapproche irrésistiblement de la majorité présidentielle.

Dans un contexte politique souvent polarisé, Richard Boni Ouorou, président du Mouvement Libéral, se distingue parfois par une posture qu’il se veut équilibrée. Plutôt que de verser dans l’opposition systématique. Ainsi, il a été noté que face aux crises récentes, il a exprimé sa compassion envers le président Talon, tout en soulignant les fragilités du pouvoir et la nécessité d’une gouvernance plus vigilante. Par ses appels à la retenue et à l’unité, il affirme sa foi dans les institutions et la justice. Sur le fond, Ouorou insiste sur le lien entre démocratie et économie, saluant les réformes engagées tout en plaidant pour davantage d’équité. Clarifiant sa position, il rejette les querelles personnelles et appelle à une opposition constructive et inclusive. Il avait toujours clamé ne pas avoir d’accointance avec le principal parti de l’opposition. Ce positionnement ne préfigurait-t-il pas déjà de son rapprochement à la mouvance qu’à l’opposition ?

1. Affaire de tentative de coup d’État : Les compassions de Boni Richard Ouorou à Patrice Talon : Dans un contexte de crise institutionnelle, Richard Boni Ouorou surprend par une posture digne, exprimant sa compassion envers le président Patrice Talon, confronté à une trahison présumée. Loin des oppositions frontales, il met en avant la fragilité des relations de pouvoir et l’importance d’une gouvernance vigilante. Il appelle à tirer des leçons de cette épreuve, en soulignant la dimension humaine du leadership et en plaidant pour une sélection rigoureuse des proches collaborateurs.
2. Appel à l’apaisement : Boni Richard Ouorou invite ses compatriotes à la retenue et à l’unité : Dans un climat national tendu, Ouorou élève également la voix pour inviter les citoyens à la retenue. Il appelle au respect des institutions, à la patience démocratique et à la confiance dans la justice. Refusant les réactions impulsives, il soutient l’équilibre républicain, réaffirmant sa foi dans les fondements institutionnels consolidés sous la gouvernance actuelle. Son ton rassembleur et serein se veut un rempart contre les divisions sociales et politiques.
3. Élections ou prospérité : Le dilemme démocratique du Bénin selon Boni Richard Ouorou : Abordant ensuite le lien entre démocratie et économie, Ouorou souligne que la stabilité politique repose sur une prospérité inclusive. Il reconnaît les avancées du régime Talon, notamment en matière d’infrastructures et de gouvernance économique, tout en appelant à une répartition plus équitable des fruits du développement. Il défend une vision de la démocratie intégrant transparence, éducation civique et initiative privée comme leviers fondamentaux.
4. Richard Boni Ouorou clarifie sa position et met les pendules à l’heure: Enfin, Ouorou insiste : son opposition n’est ni personnelle ni passionnelle. Elle vise à construire une alternative politique ancrée dans la justice et l’inclusion. Il reconnaît les efforts du gouvernement, mais plaide pour une gouvernance plus équilibrée, notamment envers les régions marginalisées. Rejetant «les querelles inutiles». A la question d’une assise nationale devant permettre de résorber la crise sociopolitique, le leader du Libéral a toujours farouchement opposé des arguments tendant à évacuer l’existence d’une crise devant nécessiter une assise nationale. Il est clair que Boni Richard Ouorou était déjà très proche de la mouvance.
Ce virage ou ce choix pourrait bientôt se concrétiser de façon officielle. Selon des sources internes au parti, un grand rassemblement des militants est annoncé dans les prochaines semaines, avec pour objectif de formaliser l’adhésion de Le Libéral à la mouvance présidentielle. Une déclaration d’alliance, jusque-là implicite, serait alors rendue publique, scellant ainsi l’intégration du parti dans la sphère politique du pouvoir.
Une dynamique maintenue malgré les zones d’ombre
L’évolution du parti Le Libéral se déroule dans un contexte particulier. Son président, Richard Boni Ouorou, est actuellement placé sous mandat de dépôt dans le cadre d’une affaire judiciaire. Si ses avocats parlent d’une “victime de sa générosité”, cette arrestation, aussi troublante qu’inattendue, n’a pourtant pas brisé l’élan du parti. La machine libérale semble rester bien huilée : des consultations sont en cours dans les communes, arrondissements et départements du pays, dans le but de préparer le congrès national qui devra sceller le pacte avec la majorité présidentielle.
La question reste toutefois entière : le grand meeting aux couleurs de la mouvance pourra-t-il se tenir avec la présence effective de son leader ? Rien n’est moins sûr, mais les responsables du parti assurent que la dynamique reste intacte et que la ligne de conduite ne sera pas modifiée par les turbulences judiciaires. Plus encore, des confidences recueillies au sein du parti révèlent qu’un choix préférentiel a déjà été fait pour l’un des deux grands blocs de la majorité – le Bloc Républicain ou l’Union Progressiste le Renouveau – avec une décision déjà actée à plus de 80%.
Ce rapprochement n’est pas né du jour au lendemain. Il est le fruit d’un travail d’approche construit, porté par des discours mesurés mais explicites. Richard Boni Ouorou n’a jamais sombré dans les querelles de chapelle, préférant une lecture lucide des politiques publiques. Et lorsqu’il évoque les actions du gouvernement, c’est souvent pour en souligner les réussites. Réformes administratives, embellissement urbain, infrastructures marchandes, création d’entreprise, initiatives culturelles comme les “Vaudou Days”… Tout est passé sous sa loupe d’analyste, souvent avec une tonalité admirative.
Des mots aux actes : une loyauté politique affirmée ?
Au fil des mois, Richard Boni Ouorou a franchi le pas entre critique constructive et soutien assumé. Plusieurs déclarations publiques témoignent de cette admiration croissante pour le président Talon. En juillet 2022, il évoquait “l’attrait de l’organisation” du chef de l’État. En décembre de la même année, il saluait les avancées visibles sur le plan des infrastructures communautaires. Plus récemment encore, en mai 2025, il reconnaissait au président Talon la prouesse d’avoir “calmé le milieu politique” au cours des neuf dernières années. Un ton constant, presque lyrique, où l’objectivité se teinte d’un certain attachement.
Mais l’alignement de Le Libéral ne s’arrête pas aux mots. Il se traduit aussi par des actes concrets. Richard Boni Ouorou s’est rendu le 11 mars 2025 à la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), saluant le potentiel économique du projet. Il a aussi lancé des initiatives comme le Top Entrepreneur, qui a permis de former trente jeunes chefs d’entreprise en juin 2022. Autant de gestes qui traduisent sa volonté d’agir au sein d’une logique de développement national – un terrain sur lequel Patrice Talon a bâti une grande partie de sa légitimité politique.
Même dans ses choix personnels, Ouorou semble afficher une proximité implicite avec le régime. Son attachement à séjourner dans certains établissements symboliques de la capitale ou sa participation à des événements portés par la famille présidentielle – comme le festival We Love Eya, promu par Lionel Talon – en sont de subtils marqueurs.
Dernière révélation en date : selon des déclarations officielles, Richard Boni Ouorou ne sera pas candidat à la présidentielle de 2026. Une surprise pour certains, mais une confirmation logique pour d’autres. Ce choix, d’après ses proches, témoigne de sa volonté de ne pas personnifier sa démarche politique, mais plutôt de contribuer à une vision plus large, en cohérence avec les ambitions de la majorité présidentielle. Le leader du parti compte néanmoins peser dans les décisions stratégiques à venir, notamment dans le choix du candidat de la mouvance.
L’annonce d’un congrès en août 2025 pour formaliser cette alliance laisse entrevoir une nouvelle étape décisive dans le parcours du parti. L’événement devrait réunir des responsables politiques, militants et figures de la mouvance, scellant officiellement une relation déjà largement consommée sur le plan politique.
Le ralliement de Le Libéral à la mouvance présidentielle n’est plus une hypothèse, mais une trajectoire en voie de concrétisation. Si les circonstances judiciaires entourant son président jettent une ombre sur le timing de l’officialisation, la dynamique du parti reste ferme et organisée. En renonçant à la course présidentielle tout en choisissant d’agir depuis l’intérieur de la majorité, Richard Boni Ouorou confirme sa volonté d’être un acteur stratégique du paysage politique béninois. Une posture qui redessine les équilibres à l’approche de 2026 et qui confirme que, désormais, Le Libéral bat au rythme du pouvoir.