Alors voilà. Le Président invite la jeunesse. La jeunesse vient. Et le pays s’enflamme. Normal, nous sommes en Afrique de l’Ouest, là où même une poignée de main peut se révéler toxique et ou déclencher une insurrection… numérique. Une Afrique où l’invitation à un forum tech peut aussi conduire à la prison de Gléxhoué…
Les Démocrates – oui, ceux-là même qu’on accuse d’avoir troqué leur combativité contre des petits fours républicains – ont accepté l’invitation du chef. Mal leur en a pris. On les traite de traîtres, de complices, de naïfs. Pourtant, s’ils avaient refusé, les mêmes les auraient traités d’arrogants, d’irresponsables, d’inutiles. Bref, au Bénin, faut pas respirer trop fort, ça devient politique.
C’est un vrai choix cornélien : refuser et mourir de suspicion ; accepter et mourir d’accusations. Le lion a un abcès à la gorge. Tu l’opères, il meurt. Tu le laisses, il meurt aussi. Alors, vétérinaire ou fossoyeur ? Voilà le dilemme. Quant à Guy Mitokpè, chef de la délégation des jeunes de l’opposition, il a osé aller écouter… et parler. Un sacrilège pour certains. L’homme a souri, pris la parole, mais confesse avoir refusé de goûter au miel républicain. Et maintenant, il doit se préparer à sucer du venin, version réseaux sociaux et plateaux télé.
Mais pendant qu’on y est, reconnaissons-le : le timing a comme un parfum de fin de règne. Après deux quinquennats bien tassés, voilà que le roi de la Marina se découvre soudain une fibre jeunesse, toutes tendances confondues. Serait-ce un éclair d’unité tardif ou une ultime tentative de rapprochement avant les adieux ? Pourquoi maintenant, à quelques mois seulement de la retraite présidentielle, décide-t-il de tendre la main à cette jeunesse, y compris celle de l’opposition ? Un élan sincère ou une manœuvre de sortie savamment orchestrée ? Timing providentiel… ou stratégie «mielleuse» ?
À ceux qui crient au scandale, un petit conseil : attendez la fin du film avant de jeter les popcorns. Peut-être que l’histoire jugera plus subtilement que nos émois de l’heure. Et si la démocratie, c’était aussi ça : savoir se parler même quand on s’étripe ? Cher Guyzo, le miel est tiré, il faut le boire jusqu’à la dernière lapée.
Par @t@viDjo
